Neil Young

A Letter Home

A Letter Home

 Label :     Third Man 
 Sortie :    samedi 19 avril 2014 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Jack White : Neil, je te dérange ?
Neil Young : Salut Jack. Je suis en train de faire la promo de Pono là. Un nouveau système pour écouter la musique telle que...
Jack White : Je viens de retaper une antique cabine d'enregistrement. Elle date de 1947. Ca te dit de passer dans mon studio à Nashville et de l'essayer ?
Neil Young : J'arrive tout de suite.
Jack White : Oublie pas ta guitare.

Pas besoin du Crazy Horse. Pas besoin de pilule psychédélique. Neil Young est seulement armé de sa guitare, de son harmonica et d'un vieux piano. Sur les murs de la cabine, il colle les tablatures et les lyrics de ses morceaux préférés. Ce vieux jouet, restauré par l'ami Jack White, aurait très bien pu croiser la route d'Edna Young, disparue en 90 et à qui son fils rend hommage dès que débute l'enregistrement de cette session intimiste. De cette lettre à la maison.

"Salut maman. Ça fait un moment qu'on s'est pas parlé mais, grâce au gadget de mon ami Jack, je peux t'envoyer ce message. Pour te dire que je t'aime. Tu te souviens combien on aimait regarder la météo ensemble ? Et bien le temps est pas trop mal en ce moment. Tu me manques. Salue Ben de ma part. Je vais bien finir par le rejoindre mais j'ai encore pas mal de boulot à faire ici."

Le pressage du disque est instantané et dès cette poignante intro, on entend le vinyle craquer. La nostalgie est si forte que même Pono ne saurait la retranscrire. Neil attaque alors un répertoire allant de Phil Ochs ("Changes") aux Everly Brothers ("I Wonder If I Care As Much") en passant par Bert Jansch (le sublime "Needle of Death") et Bob Dylan (la douce "Girl From The North Country" parce que Neil a dû en connaître des filles du Nord).

C'est joué à fleur de peau, la voix est celle d'un enfant qui chante pour la première fois, tout gêné, devant sa maman bienveillante. Jack entre parfois dans la cabine pour un motif de piano ou de guitare ("On The Road Again"). Tout comme Gordon Lightfoot, Willie Nelson sera cité deux fois et Neil nous rappelle à quel point son "Crazy" est un modèle de concision et d'émotion country. En deux minutes, tout est dit. Il ne reste plus qu'à siffloter la tendre mélodie et laisser les larmes couler.

Jack White ne produit pas, il enregistre. La machine n'enregistre pas, elle capture. Neil ne récite pas, il se laisse prendre au jeu et la session aurait pu durer pour toujours. Elle est passé à la postérité pour le Disquaire Day 2014, agrémenté d'une édition bonus où "Blowin' in the Wind" est à nouveau revisitée. A Letter Home fut vite oublié, considéré comme une anecdote bâclée. Il renferme pourtant une collection de vérités anciennes, de refrains intemporels et de sonorités fantomatiques qui, si vous ne faîtes pas gaffe, peuvent profondément vous émouvoir. Neil enchaîne les disques et celui-ci reste une douce et innocente surprise, une charmante machine à remonter/stopper le temps.


Bon   15/20
par Dylanesque


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