Neil Young
Greendale |
Label :
Reprise |
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Voyant qu'il n'y avait aucune critique sur le dernier album de Neil Young (plus pour longtemps, Prairie Wind est prévu pour ce mois ci), je me permet de rattraper cette lacune.
Grave lacune devrais je dire... Car, loin d'avoir mal passé le cap du 21e siècle, et pas loin de la soixantaine, l'ami Neil nous livre une de ses oeuvres les plus singulières... Premier véritable "album concept" du Loner (il y avait quand même eu Journey Through The Past, mais il n'était vraiment pas révolutionnaire et reprenait des morceaux existants), ce Greendale se présente donc comme l'histoire d'une petite ville et de ses habitants. Pas fan a priori de ce genre d'idée, je promenais d'abord une oreille prudente sur ce disque... Puis la magie est arrivée et m'a emporté.
D'abord, le son. Poussiéreux, rocailleux à souhait, (sans atteindre la puissance de Weld bien sûr, il vieillit quand même !), comme sorti d'un vieux phonographe d'après guerre, signe d'un évident refus du conformisme et d'une remise en question par rapport à l'acoustique Silver And Gold. Le Crazy Horse est malheureusement emputé de "Poncho" Sampedro, ce que je ne comprends toujours pas. Du coup les solos de Neil sont moins longs, bouuuuuh... Mais la basse de Talbot et la batterie de Molina sont toujours au rendez-vous, comme leurs choeurs, nickels et sincères à la fois.
Ensuite la longueur des morceaux, s'étirant parfois sur un quart d'heure, ce qui rend le découpage du disque impossible, seulement audible comme oeuvre totale et homogène.
Ensuite, et surtout, l'état d'esprit. Le risque était que l'on se perde dans un truc grandiloquent et pas sincère... Ce risque s'évanouit très vite. Parce que Young sussure ses morceaux, raconte ses histoires avec une naïveté exceptionnelle, qu'il nous fait aimer et regretter ses personnages tout en restant assez distant pour ne pas tomber dans un truc qui deviendrait ridicule... Mais on le sent à vif, comme parlant de ses propres démons quand Jed est recherché par les flics, quant Grandpa vire les journalistes de sa maison, ou quand Sun Green s'en va hurler dans un mégaphone sa haine de la société devant l'usine de la ville. L'usage du mégaphone, justement, dans les chansons, donne l'impression qu'il guide une foule derrière lui, qu'il se fait le défenseur du monde qu'on est en train de bousiller (sur "Be The Rain", magnifique, il chante ainsi "Save the planet for another day"...). Porteur d'un message simple, vital et loin des revendications merdiques qui pullulent de nos jours, il parvient à nous prouver que Greendale est finalement la même ville que toutes les villes du monde, que ses personnages sont comme tous les habitants du monde...
Un dernier mot sur le DVD offert avec le disque, où l'on voit Neil interpréter toutes les chansons de Greendale en solo, guitare, harmonica et piano. Loin d'être un accessoire commercial, cette video montre la puissance des chansons, bien plus que les blues simples qu'ils semblent être à la première écoute...
Le film "Greendale", qui forme un tout avec le disque, achève le monument qu'est cette oeuvre. Passée inaperçue, pourtant l'une des plus lucides et des plus touchantes de ces derniers temps.
Exceptionnel, sans aucun doute... Intemporel... Bien sûr !
Grave lacune devrais je dire... Car, loin d'avoir mal passé le cap du 21e siècle, et pas loin de la soixantaine, l'ami Neil nous livre une de ses oeuvres les plus singulières... Premier véritable "album concept" du Loner (il y avait quand même eu Journey Through The Past, mais il n'était vraiment pas révolutionnaire et reprenait des morceaux existants), ce Greendale se présente donc comme l'histoire d'une petite ville et de ses habitants. Pas fan a priori de ce genre d'idée, je promenais d'abord une oreille prudente sur ce disque... Puis la magie est arrivée et m'a emporté.
D'abord, le son. Poussiéreux, rocailleux à souhait, (sans atteindre la puissance de Weld bien sûr, il vieillit quand même !), comme sorti d'un vieux phonographe d'après guerre, signe d'un évident refus du conformisme et d'une remise en question par rapport à l'acoustique Silver And Gold. Le Crazy Horse est malheureusement emputé de "Poncho" Sampedro, ce que je ne comprends toujours pas. Du coup les solos de Neil sont moins longs, bouuuuuh... Mais la basse de Talbot et la batterie de Molina sont toujours au rendez-vous, comme leurs choeurs, nickels et sincères à la fois.
Ensuite la longueur des morceaux, s'étirant parfois sur un quart d'heure, ce qui rend le découpage du disque impossible, seulement audible comme oeuvre totale et homogène.
Ensuite, et surtout, l'état d'esprit. Le risque était que l'on se perde dans un truc grandiloquent et pas sincère... Ce risque s'évanouit très vite. Parce que Young sussure ses morceaux, raconte ses histoires avec une naïveté exceptionnelle, qu'il nous fait aimer et regretter ses personnages tout en restant assez distant pour ne pas tomber dans un truc qui deviendrait ridicule... Mais on le sent à vif, comme parlant de ses propres démons quand Jed est recherché par les flics, quant Grandpa vire les journalistes de sa maison, ou quand Sun Green s'en va hurler dans un mégaphone sa haine de la société devant l'usine de la ville. L'usage du mégaphone, justement, dans les chansons, donne l'impression qu'il guide une foule derrière lui, qu'il se fait le défenseur du monde qu'on est en train de bousiller (sur "Be The Rain", magnifique, il chante ainsi "Save the planet for another day"...). Porteur d'un message simple, vital et loin des revendications merdiques qui pullulent de nos jours, il parvient à nous prouver que Greendale est finalement la même ville que toutes les villes du monde, que ses personnages sont comme tous les habitants du monde...
Un dernier mot sur le DVD offert avec le disque, où l'on voit Neil interpréter toutes les chansons de Greendale en solo, guitare, harmonica et piano. Loin d'être un accessoire commercial, cette video montre la puissance des chansons, bien plus que les blues simples qu'ils semblent être à la première écoute...
Le film "Greendale", qui forme un tout avec le disque, achève le monument qu'est cette oeuvre. Passée inaperçue, pourtant l'une des plus lucides et des plus touchantes de ces derniers temps.
Exceptionnel, sans aucun doute... Intemporel... Bien sûr !
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Rustneversleeps |
Posté le 03 août 2006 à 10 h 52 |
Greendale est plus qu'un album concept, c'est aussi un véritable livre que l'on peut relire plusieurs fois avec le même plaisir. Comte d'une ville paisible, et de la vie compliquée de ses habitants. La première écoute laisse un peu de marbre, avant de saisir complètement le génie qui baigne dans cette oeuvre.
Chaque chanson est une histoire captivante, avec sa mélodie, très particulière. Dans l'ensemble, le son est très rocailleux, riffu à souhait, et de la rouille semble incruster les guitares, déchirant et sobre à la fois. Je suis fasciné par la structure de l'album ; les chansons se suivent très logiquement et la musique colle majestueusement aux paroles.
Ces sentiments sont décuplés sur le DVD. Neil Young apparaît seul sur une scène tamisée et fait parler sa guitare. Autant le dire, j'ai plus souvent écouté la version acoustique de ce DVD que le CD lui-même, tant la prestation de Neil est superbe. Il fait vivre ces histoires avec une facilité déconcertante.
Je recommande, un album vraiment parfait !
Chaque chanson est une histoire captivante, avec sa mélodie, très particulière. Dans l'ensemble, le son est très rocailleux, riffu à souhait, et de la rouille semble incruster les guitares, déchirant et sobre à la fois. Je suis fasciné par la structure de l'album ; les chansons se suivent très logiquement et la musique colle majestueusement aux paroles.
Ces sentiments sont décuplés sur le DVD. Neil Young apparaît seul sur une scène tamisée et fait parler sa guitare. Autant le dire, j'ai plus souvent écouté la version acoustique de ce DVD que le CD lui-même, tant la prestation de Neil est superbe. Il fait vivre ces histoires avec une facilité déconcertante.
Je recommande, un album vraiment parfait !
Parfait 17/20
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