Neil Young

Coming Back To Winnipeg...Where It All Began

Coming Back To Winnipeg...Where It All Began

 Label :     Golden Egg 
 Sortie :    avril 2019 
 Format :  Live / CD   

En 2019, Neil Young a joué deux fois avec le Crazy Horse, remanié avec le retour de Nils Lofgren à la place de Franck "Poncho" Sampedro. Le jeu de Lofgren est plutôt pas mal, plus souple, moins connoté hard-rock que celui de Sampedro. A l'annonce des concerts, Neil Young devait jouer en solo, et puis il a changé d'avis. Pour ces deux concerts les abonnés de son site étaient prioritaires à l'achat des billets.
Ces deux concerts ont eu lieu a Winnipeg, ville où il a vécu adolescent, où il a joué avec les Squires et sorti ses premiers 45T. La dénomination Coming Back To Winnipeg...Where It All Began prend ici tout son sens.
Le concert du 3 février s'est tenu au Burton Cummings Theatre, un salle de 1600 places. Celui du 4 février, celui des disques, a lieu dans le Centennial Concert Hall, d'une capacité de 2300 places, salle moderne et fonctionnelle d'où le concert sera retransmis en direct sur le site d'archives de Neil Young. Avec un premier prix à 75 $ canadiens, soit 52-53 €, c'est plutôt intéressant.

La première partie de ce concert d'1h40 est jouée en solo. "Out On The Weekend" pour débuter, le laidback total, cool parmi les cools, une de mes préférées. Ensuite il explique que la veille il a planté le morceau suivant, le très beau "Distant Camera", et bien là aussi il se plante mais se rattrape bien, on l'excuse, c'est un titre qu'il n'a pas joué depuis 20 ans. Un peu de parlotes et de bonnes paroles écolos et on enchaîne avec "War Of Man", magistralement exécuté, avec ce jeu caractéristique à la guitare, on a l'impression d'entendre deux musiciens alors qu'il est vraiment seul. Ensuite il empoigne son banjo, toujours problématique le banjo, sauf pour ce court et agréable "Old King". Du blabla sur l'eau et un coucou aux abonnés du site et Neil Young offre un de ses morceaux tire-larmes dont il a le secret, "Green Is Blue" au piano, inédit ce soir-là, qui sortira sur le médiocre Colorado dans une version gâchée.
Pour clore cette demi-heure acoustique solo, deux grands classiques, d'abord "Don't Let You Bring You Down", puis "Journey Through The Past" au piano. C'est sans risque et très plaisant.
Fort sympathiquement on a échappé à l'orgue, merci.

Pas de pause, Crazy Horse entre en scène pour la seconde partie, électrique celle-ci.
Pour bien démarrer, malgré un petit souci sonore sur sa Old Black, un "Rockin'In The Free World" comme un direct au foi, morceau habituellement joué en toute fin de concert, voire en rappel. C'est puissant, bruyant. La rythmique (152 ans à deux !) fait un gros boulot pour emmener ce morceau endiablé qui s'étale sur 7 minutes 30 avec un final qui arrache toutes les oreilles du public.
Suivent trois titres des premières années, le très tendu mais trop rare "Danger Bird" ; puis le tranquille "Wonderin'" qui n'a pas été joué depuis 1996, un beau cadeau ; et le countrysant pépère "The Losing End".
Pour continuer cette partie électrique, Neil Young et le Crazy Horse dégainent du classique.
Tout d'abord ce "Roll Another Number" flirtant avec le boogie, Nils Lofgren au piano comme lors de l'enregistrement initial en 1973, titre efficace, agréable. Une curiosité, on a l'impression par moment d'entendre un flanger, effet inhabituel dans la panoplie de Neil Young. Un peu de parlote pour dire combien il est content d'être sur scène avec tout ce public et on change de disque.
On en profite pour apprécier le graphisme plein de bon goût des disques édités par Golden Egg, un dessin pourri de poussins sortant de leurs coquilles. Total Crazy Horse.
"Winterlong" pour entamer ce second disque, classique et emblématique de la discographie de Neil Young avec le Crazy Horse aux chœurs.
On arrive au sommet de ce concert, avec pour avant-dernier titre l'immense "Cortez The Killer", morceau qui porte en lui tout le talent de compositeur, d'improvisateur de Neil Young. Chaque interprétation change, d'un soir sur l'autre la durée varie de quelques minutes à parfois plus de vingt, il envoie sa guitare voyager dans des galaxies lointaines...morceau incroyable équivalent au "My Favorite Things" de John Coltrane. Morceau à nul autre pareil, une grille relativement simple, une rythmique sobre, quelques chœurs parfois, une première guitare comme appui contribuent à laisser le champ libre aux explorations soniques de Neil Young.
Pour terminer ce set électrique, l'habituel et détestable "Fuckin'up".
Le son ne s'arrête pas, le public attend son retour.
Un rappel, généreux, de deux titres et pas des moindres puisque le premier est un "Like A Hurricane" bien étiré, excellente chanson, malheureusement toujours engluée par un clavier au son indigne. Je n'ai jamais saisi pourquoi ce fleuron n'était pas joué à deux guitares, c'est mystérieux. "Hey Hey, My My" suit, furieux et enragé comme si c'était la dernière fois.
Le concert est fini.

On entend le public entre les morceaux, ça réclame des titres, "Don't Be Denied" surtout, Neil Young répond pour une fois.
Neil Young a quelques accents soul lors de ce concert, peut-être pour compenser une perte de coffre, on sent qu'il est un peu à la peine au chant.
Etonnament ça n'altère pas la qualité des morceaux joués, son jeu a toujours été un peu bancal, un peu bordélique.

Comme les autres éditeurs de ce genre de disques, pour Golden Egg le vide n'existe pas. Il reste un peu de place sur le second disque, alors on rajoute trois titres.
Le 29 janvier 2019, Neil Young joue, solo, à Minneapolis devant 2 200 personnes environ. "Harvest" et "Cinnamon Girl", ce dernier peu courant en solo font partie de ces trois titres.
En 1969, Neil Young embauche un groupe. Ce groupe qui s'appelait les Rockets, change de nom et devient Crazy Horse. Neil Young rend hommage aux Rockets en écrivant "Running Dry (Requiem For The Rockets)". En 2019, à Minneapolis, Neil Young interprète pour la première fois (sur deux) en cinquante ans ce "Running Dry (Requiem For The Rockets)". J'ignore si les spectateurs se sont rendus compte de ce qui c'est passé à ce moment. Cinquante ans plus tard il n'est jamais trop tard.

Un mot sur la présentation, ce nouveau venu sur le marché parallèle fait les choses bien. Une pochette cartonnée à trois volets, illustrée de photos du concert, même si la salle représentée est celle du 3 février, c'est du beau travail. Tout comme le son qui est excellent.


Parfait   17/20
par NicoTag


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