Neil Young

Silver And Gold

Silver And Gold

 Label :     Warner 
 Sortie :    mardi 25 avril 2000 
 Format :  Live / DVD  VHS   

Les images de Silver & Gold sont tirées du concert du 29 mai 1999 à Austin, au Bass Concert Hall ; Neil Young donne un concert en solitaire de 2h20, joue vingt sept titres.
Treize morceaux de cette soirée sortent en dvd et vhs le même jour que l'album du même nom, qui lui est enregistré en groupe.

Sur le film on trouve sept titres de l'album Silver & Gold, il présente également un second album, Looking Forward avec Crosby, Stills & Nash, paru en octobre 1999 et qui reste à ce jour le dernier (et probablement ultime) album du groupe. Trois chansons, connues celles-ci, viennent compléter la liste.

Il arrive, salue, s'assoie et entame "Looking Forward", le public fait silence puis se réveille à la fin du titre. Il enchaîne avec "Out Of Control" seul au piano, le titre s'en sort beaucoup mieux que sur l'album de CSNY où la production et les chœurs le rendent mièvre, niaisieux comme pas deux. Même topo pour "Slowpoke", vaut mieux être seul...
Looking Forward est un album franchement médiocre, voire mauvais où seuls Neil Young et Graham Nash s'en tirent correctement, les trois morceaux sont proches des compositions de Silver & Gold.
Autre titre issu d'une collaboration avec Stephen Stills, "Long May You Run", issu de l'album du même nom sorti par le Stills-Young Band en 1976. Le jeu lent et monotone de l'orgue contraste avec la fluidité et la vélocité de l'harmonica, malgré tout c'est un peu long mais les images sont belles, l'orgue très ouvragé projette de belles ombres. C'est l'unique escapade dans le temps durant le film.
Enfin, dernier groupe représenté, Buffalo Springfield avec S. Stills déjà, Neil Young n'interprète pas une chanson de cette époque, il joue "Buffalo Springfield Again". C'est l'occasion pour un des quatre caméramans de filmer en gros plan la guitare et ses mains. Le public ne connait pas le morceau et manifeste sa surprise et sa joie quand dans les paroles il souhaite remettre le groupe en route, ce que beaucoup espèrent. Ce sera chose faite en 2011 pour une courte tournée californienne, mais sans Dewey Martin ni Bruce Palmer décédés entre temps.

Classique instantané, "Philadelphia" est un magnifique tire-larmes, filmé dans une pénombre bleue, une bougie sur le piano, il chante avec une voix très haute. On définit souvent sa musique comme enragée, sauvage, c'est ici tout le contraire, du lyrisme, de la douceur, comme il sait si bien le faire depuis le tout début, il suffit de penser à "Love In Mind" par exemple. "Philadelphia" est un des grands moments de ce film.

Silver & Gold se situe à l'opposé de Weld, de Live Rust, et même de l'Unplugged assez fébrile finalement, ce film est le premier live enregistré complètement seul, et c'est bien dommage de ne pas l'avoir éditer sur cd ou vinyl.
Neil Young semble détendu, même si ces jambes ne cessent d'être en mouvement. La scènographie est sobre, assis, entouré d'une petite dizaine de guitares et banjos. Une petite table avec un broc pour rincer les harmonicas, une bière. Son vieil orgue derrière lui, un piano sur le côté. Lui-même a soigné sa mise, une grosse chemise claire, les cheveux coupés coiffés, rasé. Pour cette soirée on oublie l'échevelé en chemise carreautée.
L'éclairage à la bougie rappelle parfois les tableaux de Georges de La Tour. Les spots sont légers, le plus souvent bleus, violets, avec quelques fumigènes, ce qui donne des plans assez singuliers. L'ensemble est tout de même plus sombre qu'intime. Les plans sont simples, assez longs, face ou profils, gros plan sur le visage et sur les instruments, guitares ou claviers occupés par les mains.
Il parle un peu, mais donne parfois l'impression non seulement d'être seul sur scène mais également dans la salle, comme s'il jouait pour lui-même.
Silver & Gold est un de mes albums préférés, un de ceux que j'écoute le plus souvent, le redécouvrir comme ça est un délice.

Neil Young a toujours préféré des interprétations bancales mais chargées émotionnellement à des versions parfaites mais lisses, froides. Au premier refrain de "Daddy Went Walkin'" il a une grosse hésitation, il la laisse dans le film. Les derniers couplets a capella ravissent le public.
"Harvest Moon" jouée sur un fond bleu avec une lune rouge est un moment magnifique. Les plans de face avec les frettes, les clefs, les pièces métalliques qui brillent sont comme des étoiles sur la scène. Ce morceau est une caresse. Comme le suivant : "Great Divide" ; c'est bel et bien une chance que ce concert ait été filmé, il le joue pour la première et dernière fois. Ce morceau, qu'il qualifie lui-même de "geographic emotionnal song" est magique. Juste avant on se rend compte qu'il vient de changer d'avis, "Great Divide" n'était vraisemblablement pas prévu. Il change de guitare et vire l'harmonica qu'il vient tout juste d'installer et pose une feuille avec les paroles à ses pieds.

Dernier titre extrait du concert, l'entraînant "Good To See You". Beaucoup de morceaux de Silver & Gold font penser à ce qu'il composait au début, avant Buffalo Springfield, "Nowadays Clancy Can't Even Sing" ou "Sugar Mountain", "Good To See You" en est le parfait exemple. J'ignore s'il est ce qu'on appelle un grand guitariste, toujours est-il que les plans proches de ses mains m'impressionnent, cette agilité, cette dextérité ; voir de si près son jeu singulier est vraiment plaisant. C'est visible et bien filmé sur "Good To See You".

Il a commencé à jouer "Silver & Gold" jouer bien avant cette tournée, il l'a même enregistré en 1984, une affreuse version country pur jus connue sur quelques bootlegs. La chanson est absente de le setlist de ce concert, plutôt que de prendre une version de la même tournée, il a choisi un enregistrement studio du 9 septembre 1997, on le voit assis dans la cabine de son Redwood Studio, c'est filmé de loin et très flou. C'est avec ce titre que Silver & Gold se termine.

Après Jonathan Demme et Jim Jarmusch, Neil Young reprend son équipe habituelle dirigée par Larry A. Johnson, un incontournable, à ses côtés depuis le début des années 70 jusqu'à son décès en 2010, on lui doit déjà parmi d'autres projets les films Solo Trans en 1984, et Red Rocks en 2000.
On peut remarquer que pour une fois l'illustration de pochette est plutôt bien. Gary Burden qui en est l'auteur a signé de nombreuses pochettes pour Neil Young depuis After The Goldrush, et a travaillé avec lui jusqu'à son décès en 2018. On The Beach, Mirrorball, Le Noise sont parmi ses très nombreuses œuvres.

Ce film s'écoute plus qu'il ne se regarde. Un œil jeté avec parcimonie suffit pour apprécier les images, le principal passe par les oreilles.


Très bon   16/20
par NicoTag


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