Neil Young
Colmar [Théâtre De Plein Air] - vendredi 15 août 2008 |
Vivant et plus hargneux que jamais ! On le pensait diminué, affaiblit par ses quelques problèmes de santé mais c'est un Neil Young au top, livrant un show d'une ahurissante énergie que les spectateurs du théâtre de Colmar eurent le privilège de voir. Il annonça d'entrée la teneur de cette soirée en envoyant une volée de tubes tonitruante, levant tout de suite les quelconques doutes sur la teneur de l'évènement.
Sa légendaire Les Paul au son unique, un backing band de vieux briscards fidèles (Ben Keith aux guitares steel ou électrique, Chad Cromwell aux fûts, l'indien Rick Rosas à la basse et quelques choristes dont sa femme Pegi) et une rage toute juvénile comme simple ingrédients pour une traversée de 35 ans de rock-folk engagé et revendicatif au son cristallin. Un set construit en trois temps comme tout bon périple dramatique.
Une partie électrique où la liesse de "Out Of The Blue" ou "Powder Finger" et la dimension épique de "Everybody Knows This Is Nowhere" transformèrent petit à petit ce concert en une messe à la gloire des grands espaces, de la nature et des choses simples. Le Loner incitera d'ailleurs à plusieurs reprises le public à observer la course de la lune, pleine et traversée d'entrelacs nuageux. La transition vers la seconde partie, acoustique, se fit sur l'immense "Cortez The Killer". Occasion donnée de partir dans une improvisation cinglante à faire froid dans le dos. A ce stade du concert, plus personne ne sait où il se trouve, la puissance évocatrice du jeu du canadien nous a transporté ailleurs, décomposés, émiettés par un feeling hors du commun et hypnotisé par une voix, LA voix.
Le set acoustique achèvera de nous détruire émotionnellement par sa dimension feutrée et intimiste. Une étape calme et apaisante après avoir traversé des milliers de kilomètres de paysages grandioses. Transpercés par "Mother Earth" joué à l'orgue, "The Needle And The Damage Done" au piano et la complainte "Unknown Legend", les esprits se craquelèrent et les regards finirent de s'embuer sur l'enchaînement "Heart Of Gold" - "Old Man", morceaux parfaits dont les échos se firent entendre dans tout le théâtre. But atteint, Neil Young a alors mis à nu l'âme des 10000 personnes présentes. Il peut faire jaillir à nouveau l'électricité pour placer ses messages écolos et revendicatifs.
Pour se faire, il nous gratifiera de deux nouveaux morceaux aux paroles lourdes de sens. Sur "Just Singing A Song Won't Change The World", il passe le flambeau et incite le public à rester affuté, à garder un esprit critique tout en faisant entendre sa voix un maximum. L'écologie ensuite, crédo que Neil Young a fait sien depuis plus de trente ans et qui lui tient tellement à chœur que "Sea Change" sera joué deux fois. Les paroles étant complètement au centre de l'actualité, ça n'est pas du luxe. Puis vint "Cowgirl In The Sand" dernière occasion de dresser une improvisation furieuse avant le grand final cataclysmique. Car le Loner n'avait pas encore tiré toutes ses cartouches. En effet, après une version ébouriffante de "Rockin' In The Free World", le groupe revint pour entamer de manière ‘classique' la fin du sergent poivre avant de la faire virer à l'orgie noise la plus apocalyptique. Eh oui ! Le canadien n'est pas uniquement le parrain du rock crade, folk et grunge, il peut aussi se targuer d'avoir enfanté les mouvements les plus bruitistes. L'explosion finale à la fin de "A Day In The Life" se mua en une orgie de sons, de larsens, amplifiés par le feedback. Le son alors raisonnable augmenta, les projecteurs furent tournés vers le public, il tortura et martela sa guitare jusqu'à en arracher les cordes dans un fracas de bruit blanc étourdissant retournant une dernière fois le public et le laissant vidé de ses dernières émotions.
Ultime démonstration artistique pour un homme dont l'aura a inspiré des générations de musiciens. Générations bien présentes ce soir dans un public où les ados à peine majeurs côtoyaient les fans déjà retraités. C'est ce qu'on appelle l'unanimité non ? Unanimité pour un artiste immortel...
Sa légendaire Les Paul au son unique, un backing band de vieux briscards fidèles (Ben Keith aux guitares steel ou électrique, Chad Cromwell aux fûts, l'indien Rick Rosas à la basse et quelques choristes dont sa femme Pegi) et une rage toute juvénile comme simple ingrédients pour une traversée de 35 ans de rock-folk engagé et revendicatif au son cristallin. Un set construit en trois temps comme tout bon périple dramatique.
Une partie électrique où la liesse de "Out Of The Blue" ou "Powder Finger" et la dimension épique de "Everybody Knows This Is Nowhere" transformèrent petit à petit ce concert en une messe à la gloire des grands espaces, de la nature et des choses simples. Le Loner incitera d'ailleurs à plusieurs reprises le public à observer la course de la lune, pleine et traversée d'entrelacs nuageux. La transition vers la seconde partie, acoustique, se fit sur l'immense "Cortez The Killer". Occasion donnée de partir dans une improvisation cinglante à faire froid dans le dos. A ce stade du concert, plus personne ne sait où il se trouve, la puissance évocatrice du jeu du canadien nous a transporté ailleurs, décomposés, émiettés par un feeling hors du commun et hypnotisé par une voix, LA voix.
Le set acoustique achèvera de nous détruire émotionnellement par sa dimension feutrée et intimiste. Une étape calme et apaisante après avoir traversé des milliers de kilomètres de paysages grandioses. Transpercés par "Mother Earth" joué à l'orgue, "The Needle And The Damage Done" au piano et la complainte "Unknown Legend", les esprits se craquelèrent et les regards finirent de s'embuer sur l'enchaînement "Heart Of Gold" - "Old Man", morceaux parfaits dont les échos se firent entendre dans tout le théâtre. But atteint, Neil Young a alors mis à nu l'âme des 10000 personnes présentes. Il peut faire jaillir à nouveau l'électricité pour placer ses messages écolos et revendicatifs.
Pour se faire, il nous gratifiera de deux nouveaux morceaux aux paroles lourdes de sens. Sur "Just Singing A Song Won't Change The World", il passe le flambeau et incite le public à rester affuté, à garder un esprit critique tout en faisant entendre sa voix un maximum. L'écologie ensuite, crédo que Neil Young a fait sien depuis plus de trente ans et qui lui tient tellement à chœur que "Sea Change" sera joué deux fois. Les paroles étant complètement au centre de l'actualité, ça n'est pas du luxe. Puis vint "Cowgirl In The Sand" dernière occasion de dresser une improvisation furieuse avant le grand final cataclysmique. Car le Loner n'avait pas encore tiré toutes ses cartouches. En effet, après une version ébouriffante de "Rockin' In The Free World", le groupe revint pour entamer de manière ‘classique' la fin du sergent poivre avant de la faire virer à l'orgie noise la plus apocalyptique. Eh oui ! Le canadien n'est pas uniquement le parrain du rock crade, folk et grunge, il peut aussi se targuer d'avoir enfanté les mouvements les plus bruitistes. L'explosion finale à la fin de "A Day In The Life" se mua en une orgie de sons, de larsens, amplifiés par le feedback. Le son alors raisonnable augmenta, les projecteurs furent tournés vers le public, il tortura et martela sa guitare jusqu'à en arracher les cordes dans un fracas de bruit blanc étourdissant retournant une dernière fois le public et le laissant vidé de ses dernières émotions.
Ultime démonstration artistique pour un homme dont l'aura a inspiré des générations de musiciens. Générations bien présentes ce soir dans un public où les ados à peine majeurs côtoyaient les fans déjà retraités. C'est ce qu'on appelle l'unanimité non ? Unanimité pour un artiste immortel...
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Abe-sapien |
Set list :
Love And Only Love
Hey, Hey, My, My (Out Of The Blue)
Everybody Knows This Is Nowhere
Powder Finger
Spirit Road
Cortez The Killer
Cinnamon Girl
Oh, Lonesome Me
Mother Earth
The Needle And The Damage Done
Unknown Legend
Wrecking Ball
Heart Of Gold
Old Man
Just Singing A Song Won't Change The World
Sea Change x2
Cowgirl In The Sand
Rockin' In The Free World
---
A Day In The Life
Love And Only Love
Hey, Hey, My, My (Out Of The Blue)
Everybody Knows This Is Nowhere
Powder Finger
Spirit Road
Cortez The Killer
Cinnamon Girl
Oh, Lonesome Me
Mother Earth
The Needle And The Damage Done
Unknown Legend
Wrecking Ball
Heart Of Gold
Old Man
Just Singing A Song Won't Change The World
Sea Change x2
Cowgirl In The Sand
Rockin' In The Free World
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A Day In The Life
Posté le 27 août 2008 à 11 h 21 |
Voir une légende vivante sur scène est souvent un quitte ou double : soit c'est la déception et le mythe est brisé, soit c'est l'enthousiasme et le mythe devient éternel. Quand cette légende vivante atteint l'âge canonique de 63 ans et qu'elle n'est pas accompagnée de son Crazy Horse, les craintes d'être déçu sont grandes. C'est donc tout heureux mais en même temps rempli d'inquiétude que je me suis rendu au concert de Neil Young ce 15 août 2008.
Mes craintes furent dissipées en deux chansons : son de guitare énorme, voix impeccable de puissance et de sensibilité, pêche d'enfer, set list remarquable avec comme début un "Love And Only Love" de 10 minutes et un "Hey Hey My My" hallucinant de puissance et d'énergie vitale. Une véritable tornade sur scène avec un Neil Young, certes enkilosé physiquement, mais musicalement toujours aussi pur et sans concession. Le public semble d'ailleurs abasourdi par ce déluge de décibels et de morceaux légendaires sorti tout droit de Weld avec "Powderfinger", "Cinnamon Girl" ou "Cortez the killer".
La suite est plus calme (et consensuelle) avec une partie acoustique marquée par "Mother Earth" à l'orgue rappelant "Like A Hurricane" sur le Unplugged de 1993, "Heart Of Gold", "Old Man" et "The Needle And The Damage Done" qui ont le don d'électriser la foule et de décupler l'ambiance.
La fin est homérique avec "See Change" (reprise une seconde fois pour le plaisir du groupe), un "Cowgirl In The Sand" de 15 minutes, l'inévitable "Rocking In The Free World" et pour terminer une reprise des Beatles "A Day In The Life".
Au final plus de 2 heures de bonheur, l'impression de n'avoir jamais entendu de guitariste avant ce concert (des intros, des outros, des solos incroyables), le sentiment que Neil Young jouait chaque chanson comme si c'était la dernière fois, la joie de voir un artiste libre et heureux, occupé à naître à 63 ans.
Eternel, intemporel, Neil Young !
Hey hey, my, my Rock'n Roll can never die !
Mes craintes furent dissipées en deux chansons : son de guitare énorme, voix impeccable de puissance et de sensibilité, pêche d'enfer, set list remarquable avec comme début un "Love And Only Love" de 10 minutes et un "Hey Hey My My" hallucinant de puissance et d'énergie vitale. Une véritable tornade sur scène avec un Neil Young, certes enkilosé physiquement, mais musicalement toujours aussi pur et sans concession. Le public semble d'ailleurs abasourdi par ce déluge de décibels et de morceaux légendaires sorti tout droit de Weld avec "Powderfinger", "Cinnamon Girl" ou "Cortez the killer".
La suite est plus calme (et consensuelle) avec une partie acoustique marquée par "Mother Earth" à l'orgue rappelant "Like A Hurricane" sur le Unplugged de 1993, "Heart Of Gold", "Old Man" et "The Needle And The Damage Done" qui ont le don d'électriser la foule et de décupler l'ambiance.
La fin est homérique avec "See Change" (reprise une seconde fois pour le plaisir du groupe), un "Cowgirl In The Sand" de 15 minutes, l'inévitable "Rocking In The Free World" et pour terminer une reprise des Beatles "A Day In The Life".
Au final plus de 2 heures de bonheur, l'impression de n'avoir jamais entendu de guitariste avant ce concert (des intros, des outros, des solos incroyables), le sentiment que Neil Young jouait chaque chanson comme si c'était la dernière fois, la joie de voir un artiste libre et heureux, occupé à naître à 63 ans.
Eternel, intemporel, Neil Young !
Hey hey, my, my Rock'n Roll can never die !
Intemporel ! ! ! 20/20
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