Sonic Youth
Sonic Youth Reissued |
Label :
Geffen |
||||
Sonic Youth est le mythique premier mini-album du groupe du même nom. Introuvable depuis des années, il est à nouveau édité chez Geffen depuis avril 2006.
Le principal commentaire que l'on lit un peu partout à propos de ce disque est qu'il ressemble très peu à ce que le groupe fera par la suite, et qu'il ne retranscrit pas l'intensité qu'avait le groupe en live. Dans un sens, c'est plutôt vrai: les morceaux sont tous très différents (la ligne de basse de "The Good And The Bad" sonne même parfois comme du Gang Of Four !) les uns des autres, et la production est très "propre", surtout si l'on compare avec le furieux Confusion Is Sex paru une année plus tard. Néanmoins, même le style des morceaux est assez éloigné de ce à quoi Sonic Youth nous a habitué, on retrouve ici de nombreux éléments (ou débuts d'éléments) que le groupe réutilisera par la suite : les dissonances omniprésentes (très particulièrement sur l'exceptionnel "I Dreamed I Dream"), les structures de morceaux complexes, les changements d'ambiance (notamment sur le non moins exceptionnel "The Good And The Bad", passant d'un passage presque funk à une partie dissonante inquiétante, oppressante), etc... La présence de Richard Edson à la batterie est facilement repérable, tant son jeu diffère de celui des batteurs qui suivront (Tom Recchion, Bob Bert, Jim Sclavunos et enfin Steve Shelley, toujours en activité aujourd'hui): les rythmes joués par Edson ne sonnent souvent pas comme du rock - il est facilement compréhensible qu'à la même période il faisait partie du groupe Konk, "dans la veine dance, R&B, funk, percussions Afro polyrythmiques" - ; cela se sent particulièrement sur "She Is Not Alone", dont la partie batterie fait plutôt penser à un groupe latino... Mais si l'on passe sur les différences avec ce qu'a fait les groupes par la suite, on trouve en fait des excellentes compositions d'un jeune groupe qui se cherche, en particulier le magnifique "I Dreamed I Dream", tout simplement une merveille, qui n'a malheureusement été joué tel quel qu'une seule et unique fois en live (le concert a par chance été enregistré mais est introuvable...). Les autres morceaux n'ont pour autant pas à rougir : "Burning Spear" (où l'on peut entendre Lee Ranaldo jouer d'une... perceuse électrique (si si !) amplifiée à travers une pédale wah-wah) reste l'un des classiques du groupe 25 ans après et est toujours joué en concert régulièrement, "She Is Not Alone" est lui aussi très présent en live et continue même d'évoluer (écouter les enregistrements lives de 1999 pour s'en convaincre), "I Don't Want To Push It" se rapproche dans un sens de Confusion Is Sex (ce n'est pas forcément évident ici, mais c'est plus visible dans les versions concerts) et "The Good And The Bad" (avec Thurston à la basse) est une perle avec sa double structure.
Mais cette réédition ne se contente pas de l'album original, et le groupe a eu la bonne idée d'y ajouter des bonus. Au delà des classiques liners notes du livret, présentes sur toutes les rééditions du groupe, assez intéressantes puisque signées par des personnes très proches du groupe à l'époque : Glenn Branca, directeur du label Neutral qui avait pour première référence ce disque, Richard Edson, dont j'ai déjà parlé plus haut, ainsi que Byron Coley, un ami du groupe, on trouve surtout sur le disque huit morceaux bonus: sept morceaux live et une démo.
"Where The Red Fern Grows" est une version avancée de "I Dreamed I Dream", très intéressante pour noter l'évolution du morceau (cette version fut enregistrée en octobre 1981) vers la version finale: tout est instrumental, la batterie est radicalement différente et on distingue également des différences au niveau des parties guitare ; la ligne de basse semble en revanche être presque terminée.
Mais le principal intérêt de ces bonus vient en fait du live, enregistré le 18 septembre 1981 au festival Music for Millions. Ce concert, introuvable auparavant, est extrêmement important dans l'histoire du groupe : il s'agit en fait du premier "vrai" concert de Sonic Youth (que l'on connaisse en tout cas) : le live au Noisefest, facilement trouvable, par exemple, représente vraiment le tout début du groupe et ne présente pas vraiment de vraie composition, sonic youthienne en tout cas. De plus, Glenn Branca assista au concert et c'est ici qu'il décida de créer son label Neutral pour publier un disque de Sonic Youth. A noter qu'on retrouve d'ailleurs au moins deux parties de ce concert sur le disque Sonic Death, publié en 1984.
Parlons de la musique jouée lors de ce live en elle même : elle est tout simplement ex-cep-tion-nelle. On trouve ici quelques morceaux inédits, même s'il s'agit en fait bien souvent de versions avancées de morceaux du disque. Le concert démarre avec "Hard Work", une version avancée de "I Don't Want To Push It", qui montre la puissance du morceau en concert, et qui présente d'ailleurs, au niveau de l'introduction, des similitudes avec "Shaking Hell" de Confusion Is Sex; le morceau est en tout cas ici presque terminé, avec une partie chant en tout point semblable à la version studio du morceau, ce qui n'est pas le cas du morceau suivant "Where The Red Fern Growsé: chanté sur l'album par Kim Gordon et Lee Ranaldo (en fait leur seul duo dans l'histoire de Sonic Youth), on ne trouve ici qu'une très courte phrase de Lee Ranaldo répétée encore et encore à un certain moment du morceau ; en revanche la partie instrumentale est quasiment la même que sur la version studio. Suit une excellente version de "The Burning Spear", puis un morceau tout à fait inédit, "Cosmopolitan Girl". Ce morceau, chanté par Kim Gordon, est en fait un rescapé d'un de ses anciens groupes, CKM, et est par conséquent très différent de tout le reste du disque : en fait, il se rapproche énormément, surtout au niveau du chant, du live au Noisefest dont j'ai parlé plus haut, avec ses éclats soudain plus aigus avant de reprendre un chant normal. Vient ensuite LA merveille de ce live, la vraie révélation : "Loud And Soft". Il s'agit en fait d'une version avancée de "The Good And The Bad", surpassant de loin sa version studio. La partie dissonante se fait beaucoup plus longue et toujours plus inquiétante, avec des spoken-words de Lee Ranaldo qui donnent des frissons. On retrouve d'ailleurs la partie parlée en ouverture de l'album Sonic Death. Puis vient "Destroyer", morceau mystérieux ayant fasciné de très longues années durant les fans de Sonic Youth... Ce morceau, complètement inconnu jusqu'alors, n'a jamais été joué en concert après 1981 (comme en fait, quelques autres morceaux...). On savait qu'il était censé être composé de guitares se désaccordant en plein milieu du morceau, ce qui correspondait en fait à quelques passages de Sonic Death... En fait, on n'entend "Destroyer" nulle part sur Sonic Death, et on ne remarque pas vraiment de guitare se désaccordant... Il s'agit en fait d'un excellent instrumental, avec une ligne de basse destructrice (sans mauvais jeu de mot), une guitare jouant la mélodie en harmoniques et l'autre placée en retrait, participant à l'ambiance sonore provoquée par la basse. Enfin, ce live se termine par "She Is Not Alone", mais qui n'a strictement rien à voir avec la version que l'on connaissait jusqu'alors, si l'on excepte les paroles identiques... Le morceau est composé de guitares se désaccordant (ce qui a provoqué une certaine confusion: le début du morceau, jusqu'à la première phrase de Thurston, "She Is Not Alone", était en fait audible sur Sonic Death, et certains ont en fait pensé qu'il s'agissait du fameux "Destroyer"...), de larsens, avec une batterie tribale, une merveille également.
Au final ce disque comble les attentes, en particulier celle des fans... Ces derniers seront comblés de trouver un live inédit composé en majorité de morceaux inédits, même si la qualité du son n'est pas extraordinaire (c'était en 1981, en même temps), et les non-fans trouveront ici une preuve de l'intensité de ces concerts, assez absente du disque original. Un joyau, indispensable pour les fans, moins pour les autres mais à conseiller malgré tout.
Le principal commentaire que l'on lit un peu partout à propos de ce disque est qu'il ressemble très peu à ce que le groupe fera par la suite, et qu'il ne retranscrit pas l'intensité qu'avait le groupe en live. Dans un sens, c'est plutôt vrai: les morceaux sont tous très différents (la ligne de basse de "The Good And The Bad" sonne même parfois comme du Gang Of Four !) les uns des autres, et la production est très "propre", surtout si l'on compare avec le furieux Confusion Is Sex paru une année plus tard. Néanmoins, même le style des morceaux est assez éloigné de ce à quoi Sonic Youth nous a habitué, on retrouve ici de nombreux éléments (ou débuts d'éléments) que le groupe réutilisera par la suite : les dissonances omniprésentes (très particulièrement sur l'exceptionnel "I Dreamed I Dream"), les structures de morceaux complexes, les changements d'ambiance (notamment sur le non moins exceptionnel "The Good And The Bad", passant d'un passage presque funk à une partie dissonante inquiétante, oppressante), etc... La présence de Richard Edson à la batterie est facilement repérable, tant son jeu diffère de celui des batteurs qui suivront (Tom Recchion, Bob Bert, Jim Sclavunos et enfin Steve Shelley, toujours en activité aujourd'hui): les rythmes joués par Edson ne sonnent souvent pas comme du rock - il est facilement compréhensible qu'à la même période il faisait partie du groupe Konk, "dans la veine dance, R&B, funk, percussions Afro polyrythmiques" - ; cela se sent particulièrement sur "She Is Not Alone", dont la partie batterie fait plutôt penser à un groupe latino... Mais si l'on passe sur les différences avec ce qu'a fait les groupes par la suite, on trouve en fait des excellentes compositions d'un jeune groupe qui se cherche, en particulier le magnifique "I Dreamed I Dream", tout simplement une merveille, qui n'a malheureusement été joué tel quel qu'une seule et unique fois en live (le concert a par chance été enregistré mais est introuvable...). Les autres morceaux n'ont pour autant pas à rougir : "Burning Spear" (où l'on peut entendre Lee Ranaldo jouer d'une... perceuse électrique (si si !) amplifiée à travers une pédale wah-wah) reste l'un des classiques du groupe 25 ans après et est toujours joué en concert régulièrement, "She Is Not Alone" est lui aussi très présent en live et continue même d'évoluer (écouter les enregistrements lives de 1999 pour s'en convaincre), "I Don't Want To Push It" se rapproche dans un sens de Confusion Is Sex (ce n'est pas forcément évident ici, mais c'est plus visible dans les versions concerts) et "The Good And The Bad" (avec Thurston à la basse) est une perle avec sa double structure.
Mais cette réédition ne se contente pas de l'album original, et le groupe a eu la bonne idée d'y ajouter des bonus. Au delà des classiques liners notes du livret, présentes sur toutes les rééditions du groupe, assez intéressantes puisque signées par des personnes très proches du groupe à l'époque : Glenn Branca, directeur du label Neutral qui avait pour première référence ce disque, Richard Edson, dont j'ai déjà parlé plus haut, ainsi que Byron Coley, un ami du groupe, on trouve surtout sur le disque huit morceaux bonus: sept morceaux live et une démo.
"Where The Red Fern Grows" est une version avancée de "I Dreamed I Dream", très intéressante pour noter l'évolution du morceau (cette version fut enregistrée en octobre 1981) vers la version finale: tout est instrumental, la batterie est radicalement différente et on distingue également des différences au niveau des parties guitare ; la ligne de basse semble en revanche être presque terminée.
Mais le principal intérêt de ces bonus vient en fait du live, enregistré le 18 septembre 1981 au festival Music for Millions. Ce concert, introuvable auparavant, est extrêmement important dans l'histoire du groupe : il s'agit en fait du premier "vrai" concert de Sonic Youth (que l'on connaisse en tout cas) : le live au Noisefest, facilement trouvable, par exemple, représente vraiment le tout début du groupe et ne présente pas vraiment de vraie composition, sonic youthienne en tout cas. De plus, Glenn Branca assista au concert et c'est ici qu'il décida de créer son label Neutral pour publier un disque de Sonic Youth. A noter qu'on retrouve d'ailleurs au moins deux parties de ce concert sur le disque Sonic Death, publié en 1984.
Parlons de la musique jouée lors de ce live en elle même : elle est tout simplement ex-cep-tion-nelle. On trouve ici quelques morceaux inédits, même s'il s'agit en fait bien souvent de versions avancées de morceaux du disque. Le concert démarre avec "Hard Work", une version avancée de "I Don't Want To Push It", qui montre la puissance du morceau en concert, et qui présente d'ailleurs, au niveau de l'introduction, des similitudes avec "Shaking Hell" de Confusion Is Sex; le morceau est en tout cas ici presque terminé, avec une partie chant en tout point semblable à la version studio du morceau, ce qui n'est pas le cas du morceau suivant "Where The Red Fern Growsé: chanté sur l'album par Kim Gordon et Lee Ranaldo (en fait leur seul duo dans l'histoire de Sonic Youth), on ne trouve ici qu'une très courte phrase de Lee Ranaldo répétée encore et encore à un certain moment du morceau ; en revanche la partie instrumentale est quasiment la même que sur la version studio. Suit une excellente version de "The Burning Spear", puis un morceau tout à fait inédit, "Cosmopolitan Girl". Ce morceau, chanté par Kim Gordon, est en fait un rescapé d'un de ses anciens groupes, CKM, et est par conséquent très différent de tout le reste du disque : en fait, il se rapproche énormément, surtout au niveau du chant, du live au Noisefest dont j'ai parlé plus haut, avec ses éclats soudain plus aigus avant de reprendre un chant normal. Vient ensuite LA merveille de ce live, la vraie révélation : "Loud And Soft". Il s'agit en fait d'une version avancée de "The Good And The Bad", surpassant de loin sa version studio. La partie dissonante se fait beaucoup plus longue et toujours plus inquiétante, avec des spoken-words de Lee Ranaldo qui donnent des frissons. On retrouve d'ailleurs la partie parlée en ouverture de l'album Sonic Death. Puis vient "Destroyer", morceau mystérieux ayant fasciné de très longues années durant les fans de Sonic Youth... Ce morceau, complètement inconnu jusqu'alors, n'a jamais été joué en concert après 1981 (comme en fait, quelques autres morceaux...). On savait qu'il était censé être composé de guitares se désaccordant en plein milieu du morceau, ce qui correspondait en fait à quelques passages de Sonic Death... En fait, on n'entend "Destroyer" nulle part sur Sonic Death, et on ne remarque pas vraiment de guitare se désaccordant... Il s'agit en fait d'un excellent instrumental, avec une ligne de basse destructrice (sans mauvais jeu de mot), une guitare jouant la mélodie en harmoniques et l'autre placée en retrait, participant à l'ambiance sonore provoquée par la basse. Enfin, ce live se termine par "She Is Not Alone", mais qui n'a strictement rien à voir avec la version que l'on connaissait jusqu'alors, si l'on excepte les paroles identiques... Le morceau est composé de guitares se désaccordant (ce qui a provoqué une certaine confusion: le début du morceau, jusqu'à la première phrase de Thurston, "She Is Not Alone", était en fait audible sur Sonic Death, et certains ont en fait pensé qu'il s'agissait du fameux "Destroyer"...), de larsens, avec une batterie tribale, une merveille également.
Au final ce disque comble les attentes, en particulier celle des fans... Ces derniers seront comblés de trouver un live inédit composé en majorité de morceaux inédits, même si la qualité du son n'est pas extraordinaire (c'était en 1981, en même temps), et les non-fans trouveront ici une preuve de l'intensité de ces concerts, assez absente du disque original. Un joyau, indispensable pour les fans, moins pour les autres mais à conseiller malgré tout.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Fox McCloud |
Posté le 28 septembre 2006 à 17 h 54 |
'It still kicks my ass'.
S'il y a un commentaire à retenir du booklet accompagnant cette réédition du premier album de Sonic Youth, c'est bien celui-ci. Plus de vingt ans après, cette musique est toujours aussi forte tant elle a su capter, digérer et sublimer le dynamisme de cette période de la musique new-yorkaise (retracée à travers l'éloge de Glenn Branca, les commentaires de Richard Edson, premier batteur du groupe et la chronique de Byron Coley).
Moi qui ai connu ce disque grâce aux circuits souterrains d'Internet sans aucune connaissance du contexte, j'ai longtemps eu l'impression que ce disque était sorti de nulle part. En fait, il s'agit d'une synthèse aboutie de nombreux éléments qui se seraient abattus sur New York au début des années 80 et que quatre musiciens exceptionnels auraient assimilé et sublimé.
Comment deux guitares, une basse et une batterie peuvent dégager autant de puissance, autant d'images, autant de profondeur ? Des sons de cloche orientaux ouvrant "Burning Spear" à la tension des cordes pincées du coeur de "The Good And The Bad" (qui font étrangement penser à un passage du "Good Morning Captain" de Slint) en passant par le groove 'fat' de Kim Gordon (je vois pas d'autre mot sur l'instant), la rythmique 'tribale' juste ce qu'il faut, le dialogue de sourds de "I Dreamed I Dream" et tout le reste de l'architecture sonique des cinq morceaux du disque, Sonic Youth ne se pose pas la question et nous 'kicks the ass'.
Mais que dire du live offert sur cette réédition ? Incroyablement physique, d'une nervosité à fleur de peau, les sept morceaux live offrent une magnifique plongée dans l'univers du groupe. Je ne comprends pas comment on peut qualifier cette musique de bruitiste. Je trouve ce live démesurément urbain, ici, la voix de la musique tente de se faire entendre au milieu de tout ce fatras où règnent vacarme, entassement des uns sur les autres, empressement perpétuel et tout le toutim... Restituer ce fatras et démontrer que l'on peut faire en faire émerger quelque chose de puissant et serein est pour moi la force de cette musique... Et le début d'une discographie hallucinante qui n'aura de cesse de gagner en profondeur et en maturité sans jamais laisser de côté son entrain initial. Rarement Jeunesse a aussi bien 'Sonné'...
S'il y a un commentaire à retenir du booklet accompagnant cette réédition du premier album de Sonic Youth, c'est bien celui-ci. Plus de vingt ans après, cette musique est toujours aussi forte tant elle a su capter, digérer et sublimer le dynamisme de cette période de la musique new-yorkaise (retracée à travers l'éloge de Glenn Branca, les commentaires de Richard Edson, premier batteur du groupe et la chronique de Byron Coley).
Moi qui ai connu ce disque grâce aux circuits souterrains d'Internet sans aucune connaissance du contexte, j'ai longtemps eu l'impression que ce disque était sorti de nulle part. En fait, il s'agit d'une synthèse aboutie de nombreux éléments qui se seraient abattus sur New York au début des années 80 et que quatre musiciens exceptionnels auraient assimilé et sublimé.
Comment deux guitares, une basse et une batterie peuvent dégager autant de puissance, autant d'images, autant de profondeur ? Des sons de cloche orientaux ouvrant "Burning Spear" à la tension des cordes pincées du coeur de "The Good And The Bad" (qui font étrangement penser à un passage du "Good Morning Captain" de Slint) en passant par le groove 'fat' de Kim Gordon (je vois pas d'autre mot sur l'instant), la rythmique 'tribale' juste ce qu'il faut, le dialogue de sourds de "I Dreamed I Dream" et tout le reste de l'architecture sonique des cinq morceaux du disque, Sonic Youth ne se pose pas la question et nous 'kicks the ass'.
Mais que dire du live offert sur cette réédition ? Incroyablement physique, d'une nervosité à fleur de peau, les sept morceaux live offrent une magnifique plongée dans l'univers du groupe. Je ne comprends pas comment on peut qualifier cette musique de bruitiste. Je trouve ce live démesurément urbain, ici, la voix de la musique tente de se faire entendre au milieu de tout ce fatras où règnent vacarme, entassement des uns sur les autres, empressement perpétuel et tout le toutim... Restituer ce fatras et démontrer que l'on peut faire en faire émerger quelque chose de puissant et serein est pour moi la force de cette musique... Et le début d'une discographie hallucinante qui n'aura de cesse de gagner en profondeur et en maturité sans jamais laisser de côté son entrain initial. Rarement Jeunesse a aussi bien 'Sonné'...
Intemporel ! ! ! 20/20
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