Sonic Youth

Paris [Palais Des Congrès] - dimanche 25 octobre 2009

Oui, bon alors, disons-le tout de suite, Sonic Youth au Palais des Congrès, c'est un peu comme boire un Ch. Léoville Las Cases dans un gobelet plastique : on se dit que ça va pas être génial. Sauf que quand on a la bouteille, et que des gobelets plastique sous la main, ben on s'adapte.
Et bien c'était un peu pareil ce soir au Palais des Congrès où près de 4000 jeunes (et par la même occasion beaucoup de moins jeunes à la quarantaine affutée) se sont donnés rendez-vous pour assister à la seule date française de SY.
Faut dire qu'on attendait ça avec fébrilité, et mon billet échangé contre quelques 55€ (ben oui, cinquante cinq euros, je confirme) de se languir depuis quelques mois à côté du meuble à chaussures, dans lequel j'avais laissé se reposer une paire de Converses bleues, bien décidé à leur rendre ce dernier service d'aller au concert des niouyorkès avant de finir à la poubelle.

Allez hop, 20h ouverture des portes, et ambiance Salon des Etudiants, sauf que ceux-là ont troqué leurs fringues jean-propre-chemise-chaussures-cirées-je-vais-décrocher-un-stage contre une dégaine qu'un sociologue peu connaisseur aurait allègrement corrélé aux effets de la crise sur le pouvoir d'achat (vestimentaire) des joyeux lurons de sortie. Car de crise il n'y en pas pas pour toutes ces paires d'oreilles descendant main dans la main des Champs-Elysées pour gagner la porte Maillot, sous les mille feux d'un Hôtel Lafayette affichant indécemment 200€ la nuit, et qui verra peut-être dans ses suites dormir ce soir la formation post-punk post-industrielle outre-atlantique.

Mais quand on aime on compte pas, mais par contre on décompte vite les minutes et les morceaux qui nous séparent de la fin du set, et du temps nécessaire à ce quintette pour revenir en France nous décrasser les tympans dans ce qui ne sera pas déjà, j'espère, le Grand Paris...
Et sous quelle forme d'ailleurs nous reviendront-ils? Car après Jim O-Rourke, bambin multi-instrumentaliste surdoué, c'est à l'occasion de ce nouvel album "The Eternal" que Mark Ibold de Pavement est venu s'insérer entre Lee Ranaldo et Kim Gordon. Rien de révolutionnaire dans l'apport scénique de cet invité de marque, ni dans l'apport musical d'ailleurs...

Distribution : Thurston Moore en grand post-ado tout sec, Steve Shelley en surpoids derrière la batterie, Lee Ranaldo toujours aussi beau, et Kim Gordon arborant une de ses habituelles robes improbables (elle n'a a priori pas eu le temps de faire les boutiques des Champs avant d'entamer le concert...). Montée sur chaussures à talons, elle évoque plutôt les sorties digestives estivales sur la croisette pour aller manger une glace.

Principalement tournés vers leur dernière galette, les quinquagénaires vitaminés distillent quand même quelques perles ("Cross The Breeze", "Tom Violence", "Shadow Of Doubt"...), qui mettent en avant, il faut bien le dire, l'évolution récente de SY vers un rock sans compromis, certes, mais bien plus linéaire. Si ce n'est les quelques plages de dissonance sonique mathématiquement ultra-maîtrisées par nos compères désormais marchands-représentants officiels des limes Facom (comprenne qui pourra...).

Ce sera finalement sur ces "anciens" titres (qui rappellent à ceux qui les ont écouté en boucle alors qu'ils étaient ado qu'il ne faudrait pas tarder à rentrer quand même, parce que demain y'a école pour les gamins - ha non, c'est les vacances de la Toussaint, ouf -...) que le concert trouvera son ossature, laquelle sera par ailleurs mise à rude épreuve pour les quelques dizaines de spectateurs bravant les sièges capitonnés de l'arène pour improviser un pogo bien gentillet, évoquant plus un test d'effort chez un cardiologue qu'une danse pré-pubère, dans laquelle il faut bien le dire, se joue déjà la future compétition que se livreront plus tard dans le milieu professionnel les mâles pour grimper les uns sur les autres, si possible les uns plus vite que les autres d'ailleurs...

Ouverture des portes à 20h, et fermeture à 23h. Horaire respecté donc pour les organisateurs qui relâchent après 1,5 heure de concert (oui, vous lisez toujours bien : une virgule cinq heure. D'ailleurs, j'hésite à mettre un "s", car y'en a plus d'une, mais moins que deux..., des heures...) les quelques milliers de victimes, espérons-le temporaires, d'acouphènes.

Allez, pour ce qui est de la note, j'hésite franchement... Car le son était vraiment affreux (Thurston Moore ouvrant la bouche comme un poisson, et aussi muet que lui d'ailleurs dans cette bouillie sonore). Et puis il nous fallait bien quelques dizaines de secondes après le début de chaque morceau pour le reconnaître (le morceau, hein...). Mais quand même, Sonic Youth, c'est Sonic Youth quoi. Et rien que pour ça, et les dizaines d'albums qu'ils nous ont laissé depuis plus de 25 ans, je mets 20/20.

Intemporel. Qui est indépendant du temps qui passe...


Intemporel ! ! !   20/20
par Fisc


  Setlist :
No Way
Sacred Trickster
Calming the Snake
Walking Blue
Stereo Sanctity
Anti-Orgasm
Poison Arrow
Antenna
Leaky Lifeboat
Silver Rocket
Malibu Gas Station
What We Know
Massage the History
>>>
Tom Violence
Cross The Breeze
>>>
Shadow Of A Doubt
Death Valley 69'


 Moyenne 17.25/20 

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Posté le 26 octobre 2009 à 19 h 11

Octobre 2009 est un bon cru pour les amateurs français de rock indé, tendance noise.
Après les Pixies au Zénith les 15 et 16/10, Sonic Youth a donné un concert au Palais des Congrès le 25/10. Les avis sont plutôt mitigés concernant les Pixies, si on s'en tient aux deux chroniques publiées à ce jour sur XSilence. De mon côté je m'attendais à pire pour les avoir vus aux Vieilles Charrues en 2006. Mais il est vrai que je n'ai pas été à proprement parler galvanisé par leur prestation au Zénith. Heureusement, la prestation de Sonic Youth, dix jours plus tard, est beaucoup plus convaincante.

C'était ma première fois. Et comme de son premier baiser ou de sa première nuit d'amour, j'imagine qu'on se souvient avec tendresse, des années plus tard, de son premier concert de Sonic Youth. Cela fait pourtant presque dix ans que je m'intéresse de près au fer de lance du rock noise. Et dix ans, ça représente beaucoup d'occasions manquées de les voir sur scène (22 très exactement d'après le recensement XSilence à compter du 30/06/2000). Pourtant, je n'avais encore jamais franchi le pas de me rendre seul à l'un de leurs concerts. Car malheureusement, il n'est pas évident de trouver quelqu'un qui veuille vous accompagner à un concert de ces quatre-là (pardon, cinq désormais). Non seulement personne ne voulait venir avec moi, mais en plus il m'a fallu essuyer les blagues un peu lourdes de rigueur.
Oui, ça va finir tôt parce qu'ils ne sont plus tous jeunes. Et non, je ne vois pas où est le problème de lâcher 50 euros pour aller écouter du bruit.
Non mais sans blague. C'est donc seul que je me suis rendu hier, un peu fébrile, au Palais des Congrès de la Porte Maillot.

Je passe sur le vestiaire à 6 euros et les ouvreuses qui réclament un pourboire pour placer chaque spectateur. Du reste je n'étais probablement pas le seul à m'interroger sur le choix de cette salle, dont le luxe affiché est clairement décalé pour un groupe considéré comme un pilier du rock underground US.
Une fois placé, on découvre en arrière plan de la scène le matériel des New-Yorkais. De gauche à droite : deux amplis guitare Fender siglés d'une cible bleue et jaune (Lee Ranaldo), un ampli basse Ampeg (Mark Ibold), une batterie (Steve Shelley), un 2e ampli basse Ampeg (Kim Gordon) et puis l'ampli guitare de Thurston Moore. Derrière se dressent quatre toiles pour lors masquées sous des draps, qui attisent la curiosité. Mais ce n'est pas encore l'heure. Au premier plan, une autre batterie entourée par deux amplis guitare : les instruments du groupe en première partie.

Le groupe assurant la première partie s'appelle Sister Iodine. Retenez bien ce nom ; si vous avez l'occasion de les voir en concert, FUYEZ ! Pour faire simple : deux guitares, une batterie, et une demi-heure de larsens assourdissants ponctués de coups de caisse claire et de toms dont vous auriez parié qu'ils étaient assénés par votre neveu Jérémie, 6 ans, et pas toutes ses dents. Bien sûr, vous n'êtes pas le premier venu ; en tant que fan de Sonic Youth vous vous croyez rompu aux incursions bruitistes. Pourtant il vous faut bien l'admettre : vous n'en aviez pas rêvé dans vos pires cauchemars. Il est évident que ces trois-là se sont donné pour mission de ruiner vos oreilles en l'espace de quelques morceaux. Et pour ne rien gâcher, le type à qui quelqu'un a eu la mauvaise idée de confier un micro chant vous gratifie de temps en temps de beuglements hystériques, tentant manifestement d'imiter un Kurt Cobain aux prises avec ses pires prestations d'Endless Nameless (souvenez-vous, le douloureux ghost-track sur Nevermind que vous n'écoutiez jamais). Bref, le seul intérêt de la prestation de Sister Iodine est de vous rassurer quant à la résistance de vos tympans, décidément stupéfiante.

"Bon, et le set des papis ?", me direz-vous. J'y viens.
Les roadies évacuent les outils de torture de Sister Iodine, puis peaufinent l'installation de la scène et les réglages pour Sonic Youth. Les bâches qui recouvraient les toiles en arrière plan sont enlevées ; on découvre ce qui ressemble à des silhouettes stylisées, qui prendront toute leur ampleur sous l'effet des spots de couleur durant le concert. Ce temps de repos auditif est salvateur après la prestation de Sister Iodine, dont on se demande encore si ce n'était pas un poison d'avril hors saison.

A l'arrivée des membres de Sonic Youth, le public qui m'entoure se lève immédiatement et une fosse s'improvise dans l'espace réduit entre la scène et les premiers sièges. Ma première réaction est de pester silencieusement car, du coup, je ne vois plus grand chose malgré ma bonne place parmi les premiers rangs. Réaction primaire du type qui a déboursé 50 euros pour avoir une bonne place au concert de son groupe préféré. Puis je me lève et je me réjouis parce que, Palais des Congrès ou pas, la musique de Sonic Youth n'est pas du genre qui s'apprécie assis. Non Pépé, ce n'est pas ce soir le concert d'adieu tant attendu de Charles Aznavour.

Sans surprise, le groupe entame un set qui fait la part belle au petit dernier : The Eternal (2009). L'album sera joué dans son intégralité à l'exception de "Thunderclap For Bobby Pyn" (mais pas dans l'ordre, et là je sers ma plus horrible grimace aux Pixies qui ont joué Doolittle dans l'ordre).
Outre son dernier opus, le groupe puise avec goût dans ses albums de la décennie 80, en particulier deux titres du mythique Daydream Nation (1988) ["Silver Rocket" et "Cross The Breeze"], un titre de Sister (1987) ["Stereo Sanctity"], deux titres d'Evol (1986) ["Tom Violence" et "Shadow Of A Doubt"] et conclut le concert avec "Dead Valley 69", issu de Bad Moon Rising (1985) - ce qui ne nous rajeunit pas ; perso j'avais deux ans.
Bref, une set-list qui mêle promotion du dernier album et clins d'œil aux splendeurs du passé.
Mais quid des conditions du concert et de la prestation ?

Le jeu de lumières était très actif, mettant à contribution les spots colorés de la salle et les éléments dynamiques apportés par le groupe. C'est ici que se révèle l'intérêt des toiles d'arrière plan qui changent de couleur au gré des morceaux, avec un rendu très réussi. Je suis moins élogieux à l'égard des lumières blanches/jaunes fournies par le groupe : si le côté dynamique est intéressant, ils ont une fâcheuse tendance à éblouir l'audience. C'est peut-être voulu mais il n'empêche que, toutes tentatives esthétiques mises à part, ça nique les yeux.

J'ai également quelques réticences à l'égard du son. S'il m'a paru globalement meilleur qu'à certains concerts auxquels j'ai récemment pu assister au Zénith (Queens Of The Stone Age, The Hives, Portishead, Groundation et Pixies), il m'a quand même un peu dérangé. En particulier j'ai trouvé les fréquences basses trop prégnantes par rapport aux médiums et aux aigus. En pratique, les parties guitares étaient trop souvent étouffées par le son trop sourd des basses et de la batterie. Il faut ici préciser que de nombreux morceaux étaient joués à deux basses (Mark Ibold jouait sur tous les morceaux et Kim Gordon était en parallèle à la basse sur une bonne moitié des morceaux). Je m'interroge sur la pertinence de deux basses qui, sauf erreur de ma part, jouent la même chose. D'autant que les morceaux de Sonic Youth ne sont pas précisément connus pour mettre en avant les lignes de basse.
Il en résulte que les parties guitares paraissaient souvent confuses, ce qui parait regrettable pour un groupe dont le jeu de guitares est largement reconnu. A titre d'exemple, T. Moore et L. Ranaldo sont respectivement classés par le magazine Rolling Stone 33e et 34e "meilleurs guitaristes de tous les temps" (classement établi en 2003, consultable sur le site rollingstone.com). Heureusement on ne peut réduire la qualité d'un concert à la qualité du son, la prestation du groupe étant essentielle.


La prestation de Sonic Youth au Palais des Congrès m'a conquis, malgré les quelques défauts du son cités plus haut. Je ne me suis pas ennuyé un instant, contrairement au concert des Pixies (cf intro de la chronique). J'ai même apprécié certains morceaux de The Eternal qui m'agaçaient rapidement à l'écoute de l'album. En particulier j'ai apprécié la version live de "Massage The History", qui relève presque du supplice sur l'album.

Je souligne le talent de Steve Shelley, qu'on ne cite pas assez, et dont les parties batterie rehaussent souvent l'intérêt de passages mélodiquement un peu fades de certains morceaux. Le batteur de SY parvient à allier avec succès le soutien rythmique punk rock - celui qui fait sautiller - et des parties très élaborées qui comblent à merveille des passages un peu creux au niveau mélodique. C'est encore plus vrai en live, et il l'a encore démontré tout au long de ce concert.

Il n'est pas évident de juger l'apport de l'ex-ex bassiste de Pavement Mark Ibold (Pavement, dissout jusqu'à récemment, se reforme) à la prestation live de Sonic Youth. Sur le dernier album The Eternal, la basse est ponctuellement mise en avant avec succès (en particulier sur "What We Know", chanté par Lee Ranaldo). Lors du concert au Palais des Congrès, le son sourd rendait la basse peu distincte tout en étouffant les guitares. D'autant que la plupart des morceaux étaient joués à deux basses. Pas grand-chose donc à signaler du côté de la basse ; convenable sans plus. J'ai cru noter une complicité entre Mark Ibold et Lee Ranaldo, qui m'a fait chaud au cœur.

J'ai beaucoup d'estime pour Kim Gordon ; son chant souvent décalé et à la limite du faux lui réussit en général assez bien (par exemple : "Jams Run Free" [Rather Ripped (2006)], "Dude Ranch Nurse" [Sonic Nurse (2004)], "Becuz" [Washing Machine (1995)], "Bull In The Heather" [Experimental Jet Set... (1994)], "Orange Rolls, Angels Spit" [Dirty, 1992)], "Cross The Breeze" [Daydream Nation (1988)], "Shadow Of A Doubt" [Evol, (1986)] - liste non exhaustive). J'ai moins aimé ses prestations en demi-teinte sur The Eternal, où des morceaux réussis comme "Sacred Trickster" cachent tant bien que mal d'autres dont le chant est assez éprouvant à l'écoute, comme "Massage The History" (à mon goût le pire à ce jour avec certains morceaux de A Thousand Leaves comme "The Ineffable Me" ou le break de "Heather Angel"). En concert, cette tendance du chant de Kim Gordon à sonner faux se ressent encore plus. Si ça passe bien sur des morceaux à forte composante rythmique et mélodique comme "Cross The Breeze" ou "Sacred Trickster", "Massage The History" en fait les frais, même si encore une fois la version live passe beaucoup mieux que la version studio. Et au risque de me répéter concernant l'instrumentation, l'usage doublon de la basse sur la plupart des morceaux me semble clairement contre-productif par sa tendance à noyer les guitares dans un maelström de basses fréquences.

La prestation de Lee Ranaldo me semble presque irréprochable, et je dois ici confesser un léger manque d'objectivité puisque c'est mon préféré au sein du groupe. Je l'ai toutefois senti un peu en retrait sur le jeu de guitare, ce que l'on peut attribuer aux défauts du son global du concert (guitares souvent étouffées par les basses) ainsi qu'à la fracture de poignet dont il a récemment été victime (et c'est une chance qu'il ait pu assurer le concert !). Chant très satisfaisant comme d'habitude en revanche, c'est clairement celui des trois qui est le plus à l'aise de ce côté, et les morceaux qu'il chante sont souvent mes préférés.

Concernant la prestation de Thurston Moore, je n'ai pas grand chose à noter et je me contenterai ici de citer un extrait des paroles de la chanson "Sur Toi" de Zazie, qui me semble très pertinent en l'espèce : "On n'écrit pas / Sur ce qu'on aime / Sur ce qui ne pose pas Problème / Voilà pourquoi / Je n'écris pas / Sur toi / Rassure-toi".
T. Moore assure sans problème et sans faire de vagues les parties chant et guitare de nombreux morceaux du groupe, avec humour à l'occasion. Au moment d'entamer "Tom Violence", il a fait un petit speech disant en substance qu'il n'était pas bien accordé pour jouer le morceau et que c'est leur lot commun puisqu'ils utilisent des accordages peu orthodoxes (du moins c'est ce que j'en ai compris). Thurston Moore est l'un des leaders les plus discrets, bien qu'efficace, de l'histoire du rock. C'est tout à son honneur.

En terme de dynamique de groupe, il faut signaler que Sonic Youth s'essaie ponctuellement, et notamment depuis le dernier album, à des chœurs à deux, voire à trois. Cela leur réussit bien, comme en témoignait par exemple le dernier morceau du concert : Dead Valley 69'. Kim Gordon y a brièvement repris le rôle de Lydia Lunch sur la version studio [Evol (1986)] avec ses chœurs à contretemps, et le rendu était excellent.

Pour résumer je dirais que c'était un grand moment pour un fan du groupe.
Le son discutable de la salle était plus que largement compensé par la prestation du groupe, qui a donné le meilleur de son dernier album The Eternal et a honoré le public d'anciens morceaux très appréciés puisés dans ses albums majeurs des années 1980 : Daydream Nation (1988), Evol (1986) et Bad Moon Rising (1985).
Il n'est pas certain que Sonic Youth assurera encore beaucoup de tournées mondiales. C'est l'un des rares groupes rock à n'avoir pas succombé à des tensions internes ou externes et on ne peut que les en féliciter. Cela dit, au bout de trente ans d'existence, il est évident que l'essentiel de leur activité est à chercher dans leur passé plutôt qu'à attendre de leur futur, même s'ils se défendent encore très bien tant sur leurs récents albums qu'en concert.
A l'image de ce concert au Palais des Congrès de Paris (unique date française en 2009), on peut espérer que leurs prochains shows seront passionnants. Le temps passant, il faut malheureusement s'attendre à ce que Sonic Youth ne soit pas éternel, malgré ce que suggère le titre de leur dernier album, The Eternal.
Mon message est donc clair : Ne ratez pas les prochains concerts de Sonic Youth !
Très bon   16/20



Posté le 28 octobre 2009 à 19 h 27

C'est fébrilement, mes billets à la main dans la file d'attente qui se dressait devant moi au Palais des Congrès, que j'exultais à l'idée de rencontrer (enfin!) les mythiques Sonic Youth.

Assis sur l'un des confortables fauteuils de velours rouge du Palais des Congrès, je discourais tranquillement avant que les guitares de Sister Idoine ne viennent m'interrompre. Étrange. Sans même se présenter, le punk-rock acousmatique no-wave pratiqué par les trois musiciens fit du moins comprendre à ceux qui n'étaient pas encore installés que le concert venait de commencer. Les Sonic Youth ont probablement souhaité donner un aperçu de leurs propres productions bruitistes (voir la série des CD édités sous le label SYR) à travers leur choix d'une telle première partie. Je suis loin d'être particulièrement initié à ce mouvement musical, mais je trouve que le spectre d'univers auditifs du trio n'était pas très étendu : avec sa musique violemment agressive, Sister Idoine à bien su se faire détester.

Quand ceux-ci eurent disparu, le magnifique ampli à cercles concentriques de Lee Ranaldo, jusqu'alors caché par l'énorme batterie du groupe précédent, apparût, précédant le quintette New-Yorkais. Pour ce qui est de la scénographie, quatre panneaux de quelques trois mètres de haut, recouverts d'un léger drap noir, découpaient l'espace de la scène. C'est alors que les Sonic Youth firent leur entrée et que les draps tombèrent, faisant apparaître en vide (un peu comme de grands pochoirs) huit "Anthropométries" de Klein. Par la suite, celles-ci furent illuminées par les projecteurs de la scène, prenant différentes couleurs au fil des morceaux.

Le set quant à lui, fut impeccable. Une bonne moitié des sièges de la salle s'est vidée pour improviser une fosse au pied de la scène du Palais des Congrès (ce qui nous permet quand même de nous questionner sérieusement sur le choix d'un tel lieux pour un concert de Sonic Youth !). A un moment, j'ai même cru entrevoir un début de pogo. Preuve que quel que soit leur âge, ces cinq là arrivent toujours à faire leur petit effet.

La quasi intégralité du dernier album fut interprétée (et le chant de Kim Gordon était absolument atroce sur "Calming The Snake"), mais les véritables perles du concert étaient selon moi les quelques reprises de leurs anciens albums, comme "Silver Rocket" (une tuerie !), "Tom Violence" ou "Shadow Of A Doubt". Il faut dire aussi que les arrangements, plus subtils, des morceaux Pop du dernier album n'étaient pas particulièrement mis en valeur ce soir là, ce qui a permis aux morceaux les plus bruts d'Evol ou de Daydream Nation de se distinguer.

Pour conclure, je dirais que ce concert, malgré quelques déficiences sonores, m'a laissé un très bon souvenir (et quelques acouphènes). Un seul regret : ne pas avoir pu laisser cours à mes envies bondissantes. La prochaine fois, si le choix de la salle est différent, je ne me poserai même pas la question : j'en serai !
Très bon   16/20



Posté le 04 novembre 2009 à 11 h 24

C'était la première fois que j'allais voir mon groupe favori, Sonic Youth.
A mon entrée dans le Palais des Congrès je découvris une grande salle lumineuse, garnie de fauteuils de velours rouge. Assez classe, donc.

Pas le temps de s'asseoir, les lumières s'éteignent déjà. Les deux guitaristes du premier groupe, " Sister Iodine " grattent déjà ardemment leurs instruments, provoquant des sons larseniquements bruitistes assez intéressants... Quant au batteur, il frappait (fort) sur sa batterie, se faisant surtout remarquer par son jeu assez primaire... Globalement, cette première partie m'as plu, il faut voir ça au moins une fois dans sa vie : Une musique punk-acousmatique-no-wave, hélas d'une rare violence, au volume beaucoup trop élevé mais avec quelques sonoritées originales (c'est le cas de le dire) pour nettoyer nos neurones.

Apres la sortie du groupe, nos oreilles ont pu se délecter d'un moment de silence, et nos yeux ont pu admirer le bel amplificateur à cercles concentriques de Lee Ranaldo.

Dès l'entrée du groupe mythique (sous les applaudissements), des oeuvres de Klein nous sont apparues et une bonne moitié de la salle s'est levée pour créer une petite fosse.
On retiendra certaines choses marquantes : Thurston Moore se faisant engloutir par la foule (et arracher les cheveux au passage), de belles Jazzmasters frottées contre de beaux amplis, Kim Gordon chantant faux (pour notre plus grand plaisir), le moment de gloire de Mark Ibold lors de "What We Know", le jeu de batterie de Steve Shelley assez impressionnant, et beaucoup de sublimes notes de guitares (et de basses).

Les meilleurs moments pour moi auront été les ponts de flottements spatio-temporels, plus ou moins longs, comme dans le sublime "Massage The History". Mais aussi dans des morceaux plus "bruts" comme "Silver Rocket".

Malgré quelques problèmes sonores (trop de basse tue la basse !) et du choix de la salle de concert (en effet, assis au fond de la salle, je me suis réveillé un peu tard et n'ai pas pu aller dans la fosse), ce concert aura été et reste un très bon souvenir !

La prochaine fois, j'espère que je pourrai m'élancer dans la fosse pour bondir tel le kangourou des mers du sud... et pourquoi pas récupérer le médiator que Thurston Moore, mon idole de toujours, à généreusement lancé dans la fosse !
Parfait   17/20





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