The Cure

Pornography

Pornography

 Label :     Fiction 
 Sortie :    mardi 04 mai 1982 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Album référence de la longue discographie de The Cure, Pornography dévoile la facette la plus obscure du groupe de Robert Smith. L'ambiance y est glaçante, étouffante et mortuaire. Sur fond de rythmique quasi tribale, des nappes de claviers, une guitare éparse et la basse mélodique de Simon Gallup construisent des morceaux dépouillés mais éprouvants, sur lesquels Robert Smith chante, de manière très habité, des textes glauques axés sur la drogue. "Cold" et "A Strange Day" sont l'apothéose de ce disque homogène et sans concession, où le groupe semble atteindre un point de non retour dans la déchéance morale. Avec le recul, le disque a un peu perdu de sa force, faute à une production peu aventureuse. Certains titres peuvent tout de même toujours impressionner l'auditeur s'aventurant dans ce qui restera comme la période la plus passionnante de Cure.


Très bon   16/20
par X_Elmo


 Moyenne 17.00/20 

Proposez votre chronique !



Posté le 16 mai 2002 à 00 h 48

Sous le nom évocateur de "Pornography", se cache certainement l'un des trois meilleurs LP de The Cure. Mais pour en apprécier toute la portée, il faut considérer le triptyque Seventeen Seconds (1980) / Faith (1981) / Pornography (1982), constituant la "période noire" du groupe. Ceci étant précisé, on retrouve dans Pornography la somme de toutes les angoisses existentielles de son leader : peur de la maladie, de la mort, de la vieillesse, du regard des autres. Surchargé par une énorme consommation de drogues, l'esprit de Robert Smith s'affranchit de toutes frontières et laisse libre court à sa démence et à ses craintes. Les paroles sont à la fois poétiques et difformes, et viennent appuyer des rythmes parfois martiaux ("One hundred years","The hanging garden" ) ou tribaux ("The siamese twins"). Comme pour "Faith", le dernier morceau porte le même titre que l'album et vient clôturer un mal être présent depuis "Seventeen Seconds". Recueil de sons déformés, de cris et de pleurs, "Pornography" est l'ultime thérapie de Robert Smith. "I must find this sickness... Find a cure..." dit il à la fin de la chanson. Ayant exorcisé son malaise, libéré de ses pires cauchemards, le leader de The Cure peut enfin franchir le palier qui le mènera à son bonheur.
Excellent !   18/20



Posté le 12 août 2004 à 16 h 50

Difficile de chroniquer cet album ...
Je vais juste essayer de me rappeller des sentiments que j'ai pu éprouver lors de ma première écoute (il y a maintenant 18 ans de ça).
... une confusion totale.
Comment 3 'gugus' peuvent écrire une telle collection de chansons.
Je passe d'une envie d'arracher mes inibitions et de crier me frustations et ma colère ("100 Years3, "Pornography", "A Strange Day"), à une envie de tisser un cocon autour de mon corps, et de me renfermer sur moi pour ruminer mes peurs ("Siamese Twins", "Fiurehead", "Cold").

Sans trop comprendre le sens des textes d'un Robert Smith sur la brèche, j'en saisis l'orientation.
Et j'y vois une partie de mon fort intérieur.
Des phrases comme <<I must fight this thickness, find a cure, leave me to die you won't remember my voice, my memorie's in a fire too many secret, too many lies, it doesn't matter if we all die>>.... auront toujours un echo très fort pour moi, même si j'ai donné à ces mots un sens qui m'est très personnel.

Ici rien n'est tiède. Juste brûlant ou glacial.
La voix de Robert Smith est comme un jet de salive qui vous saute à la gueule.
La musique est cru, minimale, rèche avec un sens mélodique toujours fort. La basse de Simon Gallup est omniprésente et souvent plus importante que les parties du guitares. Les drums sont martiaux.

18 ans après, j'éprouve toujours des sentiements très forts à l'écoute de ce disque. Il m'a accompagné durant les plus difficiles épreuves de ma vie. C'est mon disque de chevet. Un disque oppréssant mais qui bizarrement m'apaise.
Jamais pour moi, dans l'histoire de la musique (celle que j'aime) des artistes seront allés si loin dans la quête..... de quoi ?? God knows.

PS : Quand j'ai su il y a 2 ans que The Cure version 2002 allait jouer en intégralité "Pornography" (et "Disintégration", "Bloodfowers"), mon sang a bien failli coaguler sur place.
Voir cet album joué d'un trait dans ce lieu magique a été une expérience exceptionelle. Thank you guys.
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 23 mars 2005 à 17 h 42

L'album par excellence de la période sombre de Cure, album de référence pour tous les torturés de la Terre.

La musique et la voix de Robert Smith y sont morbides. L'album débute avec "One Hundred Years", morceau violent à la rythmique lancinante. Dans le même genre, se rajoute à la violence de "Hanging Garden" un aspect plus angoissant qu'on retrouve dans les paroles.
Un des meilleurs morceaux de l'album est sans doute "Strange Days", avec un passage à la guitare qu'il faut absolument avoir entendu au moins une fois en concert !
L'album se termine avec des morceaux terriblement sombres, d'une tristesse absolue, déprimants mais tellement beaux !
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 21 mai 2005 à 14 h 37

Non masochistes s'abstenir. Pénétrer dans le jardin des supplices de Robert Smith n'a rien de particulièrement réjouissant. De chaque chanson de cet album émane un esprit mauvais qui vous saisit à la gorge, avec une force démente, et ne vous lâche pas avant de vous avoir fait abjurer toute forme d'optimisme. Le chant n'est que la longue plainte d'une âme désespérée et terrorisée. La rythmique tribale n'accorde aucun répit, et les mélodies glacées se consument en un écho chaotique et sépulcral.

Tout cela pourrait sembler insupportable.
Cependant, une rude beauté finit par en jaillir, qui contredit de façon radicale un titre évocateur de vulgarité et de laideur. Et si vous êtes assez résistant pour écouter l'album en entier, le simple fait d'échapper enfin à cette étreinte malade vous apportera en récompense le plus indicible des soulagements.

Vous vous direz qu'après tout, Robert a tort, et que la vie n'est pas aussi moche que ça. Qu'elle peut même être très belle.
Excellent !   18/20



Posté le 11 juin 2005 à 15 h 38

The Cure, groupe si unique, nous sert un album mélancolique à souhait et j'oserais presque dire 'sale'. Oui, car à la première écoute ça reste du The Cure avec leur son à eux, mais c'est différent. Je dirais que le son est moins 'clair', en comparaison avec d'autres albums beaucoup plus joyeux.

L'idée générale est très obscure, et c'est le parfait remède à effet inverse pour les journées où le moral n'est vraiment pas là. On sent presque de la malsainité dans ces morceaux qui s'enchaînent, lentement (leur nombre étant de huit, la durée de chacun permet d'avoir une prestation assez longue, tou de même).
Après ça, reste une question de goût, un des meilleurs albums pour certains comme moi, ou à ranger dans les pires pour les autres. C'est le genre d'album que l'on aime, ou on déteste.
Mais en revenant sur le contenu, il faudrait ajouter la guitare avec un effet très spécial et envoûtant, une batterie repétitive et stressante. Et des textes très noirs.

Au final, on ressent beaucoup, on en parle beaucoup, et c'est le but. Donc c'est un album à écouter absolument j'imagine que tout le monde l'a déjà fait, au moins une fois), pour s'en faire un avis positif ou négatif, et en sortir un peu différent.
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 06 juillet 2005 à 12 h 27

Attention chef d'oeuvre !
"Pornography" ou la plongée dans un univers pesant et magnétique. Cet album nous entraîne dans les bas fonds de nos sentiments, ou bien devrais-je dire que Robert Smith nous entraîne dans ses bas fonds !
A l' écoute de ce disque, on change de monde, on n'est plus Homme mais Âme ; on s'évanouit ("Cold", "A Strange Day").

"Pornography" est le genre d'album de votre CDthéque dont vous vous demandez si vous faîtes bien de le laisser bien en évidence ; vous savez que si vous l'écoutez, vous plongez. Mais si vous ne l'écoutez pas, vous vous privez d'un trip !
"Pornography", ce n'est pas l'effet chimique d'une drogue, c'est une descente !
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 22 septembre 2005 à 21 h 33

Dans la série les albums mythologiques des 80's, aujourd'hui : Pornography.
Pour beaucoup de fans de Cure il s'agit DU disque ultime du combo de Crawley. D'autres iront jusqu'à dire qu'après cet album, The Cure devient complètement inintéressant. La tâche est donc rude ! Et je m'attends déjà aux accusations d'impartialité dont on affuble. Mais qu'importe, je plonge dans le trou dans la banquise...
A la première écoute, la première impression est assez déroutante : un profond sentiment d'antipathie m'envahit. Je ne connaissais pas bien ce groupe mais j'avais, dans mon souvenir, plutôt le sentiment d'une musique élaborée, mélancolique et mélodique portant des textes ciselés au parfum amer d'un romantisme noir et délicieusement désuet. Ici c'est très différent, on est accueilli par une douche froide, glacial même. La basse est cinglante, la guitare est froide et incisive, quant à la batterie : on ne peut qu'être perplexe devant le jeu de Lol Tolhurst, un bûcheron cyborg serait plus subtil. L'ensemble est minimaliste, froid (c'est rien de le dire !) et abrasif. Ce disque fait l'effet d'une brûlure infligée par du métal gelé.
Sur certains titres ("100 Years", "Hanging Garden") on est même carrément agressé. D'autres sont moins violents ("Cold", "Siamese Twins"), mais la noirceur de la musique et des paroles donne un profond sentiment de malaise. Quant à "Pornography" qui clôt l'album, c'est une spirale de sons et d'ambiances plus désagréables les uns que les autres. On atteint le paroxysme du dégoût sur les dernières notes avant d'être libéré par un vomissement salvateur. "I must fight this sickness, find a cure !" chante Robert, et là j'ai envie de dire : "moi aussi !".
Heureusement il y a bien 1 ou 2 titres un peu mois immondes comme "Strange Days" qui serait presque envoûtant dans un autre contexte. Mais ça ne sauve pas le disque.
En résumé ce disque est très malsain, difficile à supporter (pendant et après l'écoute) et finalement assez simpliste dans sa construction. Je peux comprendre qu'on puisse aimer les ambiances sombres et complexes, mais là c'est juste froid, morbide et blessant. Si on doit trouver un remède à ce disque, le mieux c'est encore de ne pas l'écouter parce qu'une fois que c'est fait, il faut vivre avec...
Immonde !   2/20



Posté le 08 octobre 2005 à 14 h 47

Bignou a bien saisi l'essence de Pornography. Il suffit juste de remplacer "immonde" (facile de qualifier d'immonde ce qui dérange, qui sort de ce qu'on a l'habitude d'entendre, de voir, ce qui ne ressemble pas à l'idée qu'on peut se faire d'un monde bien policé...) par sublime et on a là le plus grand disque de tous les temps !!!

Pornography marque une rupture dans l'univers du rock, un point de non retour. A l'image du "Voyage au bout de la nuit" de L.F. Céline, il y a un avant et un après Pornography.
Le groupe ne cherche pas à séduire à tout crin. Quoi de plus détestable qu'un groupe qui cherche à séduire ? On a presque l'impression que Robert Smith nous envoie à chaque titre le message suivant : "Prends ce que je te donne, entre dans mon univers ou va te faire foutre". C'est à mon avis la seule démarche valable pour un artiste. Tout le reste n'est qu'arrangements et compromissions, la plus sûre des voies menant à la médiocrité. Ce disque est un cri primal ! Salutaire, dérangeant, froid, violent.
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 21 décembre 2005 à 12 h 43

Pornography, album choc de The Cure. Comme une plongée au creux des ténèbres, il entraîne son auditeur au fond du gouffre. Cet opus interpelle l'auditeur, bienvenue dans le monde étrange de Mr Smith, cet album sent la déchéance, la folie, la mort, et The Cure réussi le tour de force de nous faire aimer cela. Pornography est inclassable, unique, à part dans l'univers du rock, il a donné à Smith une impunité, une auréole, comme un respect éternel. De la violence de "Hundred Years", à la descente d'acide de "Short Term Effect", en passant par le tribal "Hanging Garden", l'étouffant "Figurehead", l'immense tristesse de "Siamese Twins", la bizarrerie de "A Strange Day", le glacial "Cold", et la sauvagerie sanguinaire et détraquée de "Pornography", Smith nous décrit si fortement sa propre misère, que l'on se demande encore comment est-il toujours vivant. Pornography est un tueur. Respect Monsieur Smith.
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 09 février 2006 à 22 h 34

Sensé être le troisième et dernier volet de la 'période noire' du groupe, Pornography délaisse toute notion d'espoir, de tristesse, d'amour qu'on pouvait trouver dans Seventeen Seconds ou Faith, quelque chose s'est brisé en Robert Smith et The Cure accouche, dans la douleur (le groupe sera au bord du split à la suite de Pornography et la tournée qui suivra la sortie de l'album sera des plus morbides, selon les dires des témoins de l'époque... moi j'étais même pas conçu...) de ce disque inclassable et à mes yeux, insupportable et inaccessible, on n'entre jamais dans Pornography, il s'agit d'un univers hermétique, la basse est de plomb, la rythmique est glauque et primitive, la voix semble venir d'outre-tombe, on se sent impudique à l'écoute de cet enfer musical, sans avoir eu le droit d'assister à la descente en enfer ni d'apercevoir une quelconque échappatoire... Aucune énergie, aucun souffle, aucune âme ne traverse Pornography, ce qui le rend si unique, si marquant et si moche... Oui, quelque chose s'est brisé et sans qu'on puisse y voir un quelconque remède, l'impression de ne plus pouvoir se raccrocher à quelque chose d'humain est omniprésente et a créé en moi une sensation de rejet total et j'ai du mal à voir ce qu'on peut y aimer ou l'intérêt qui réside dans ce type d'expérience musicale (car c'est bien de cela dont il s'agit), j'avais beau être prévenu, Pornography va vraiment très loin, dans un lieu décharné où je ne veux et ne peux m'aventurer, tout en imaginant l'amas douloureux de souffrance qui a dû être enduré pour produire une telle oeuvre, impressionnante et cauchemardesque. Je ne pensais pas qu'écouter un disque pouvait être une telle torture. La musique a tous les pouvoirs.
Sans intérêt   8/20



Posté le 27 mai 2006 à 12 h 46

Je suis plutôt en accord avec le dernier intervenant. Ce disque est complètement raté et présente peu d'intérêt -en tout cas par rapport à l'opus précédent: Faith- La similitude des pochettes est trompeuse, mais la sauce ne prend pas... Je trouve cet album des Cure ennuyeux à mourir et ne me suis jamais donné la peine de le racheter en cd, tellement il me semble en effet plombé et notoirement inutile.
Sans intérêt   8/20



Posté le 06 janvier 2007 à 11 h 43

Dernier volet de la trilogie 'glacée', incontestablement le meilleur du groupe...et un des plus grands disques du rock.
Un disque irrémédiable, flippant, une descente dans les abîmes... Nick Kent, critique rock, le compara à une version sonore de l'Enfer de Dante. Personnellement, je le verrai plutôt comme une version sonore, musicale, du Salo de Pasolini, ce film ultra choquant et terrifiant.

8 titres, pour 43 minutes hautement sensorielles. Les deux derniers morceaux, "Cold" et "Pornography", figurent parmi les plus flippants du rock, avec le "We Will Fall" des Stooges et "Frankie Teardrop" de Suicide.

Du premier, "One Hundred Years", au dernier, et ce, inexorablement, le disque s'enfonce, dans l'horreur. Une progression lente, mais sans retour.
Les meilleurs titres sont "Siamese Twins", "The Figurehead", "One Hundred Years", "A Short Term Effect"... en fait, tous !
Mais mon préféré est "A Short Term Effect", le second, pour son intro splendide...et "Siamese Twins", pour son intro, et son coté à la fois calme et malsain...

Un disque de légende. Mais attention, âmes sensibles, s'abstenir.
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 12 janvier 2007 à 22 h 07

Je respecte pleinement l'opinion de chacun à propos de l'album Pornography, mais je me permets quand même de dire que je trouve certains commentaires un peu déplacés, notamment ceux de Chet Baker, Takichan et Bignouman, mais aussi des autres en un sens; on a le sentiment, à vous lire, que Pornography serait le sommet du glauque, du morbide et de la noirceur musicale... Je trouve cela quelque peu exagéré !
Pornography, qui fut pendant longtemps (et comme beaucoup de gens) mon album préféré de The Cure, n'a jamais eu sur moi d'effet hypothymique ou de déclencheur d'une quelconque pulsion suicidaire, je dirais même plutôt l'inverse ; quand j'ai découvert cet album, j'avais le sentiment jubilatoire d'accéder à du nouveau, à de l'inédit, à des dimensions émotionnelles cachées et à une forme de révolution expressionniste, même si le mot peut paraître un peu fort pour une musique rock dont la virtuosité musicale n'est pas forcément la qualité première. J'avais parfois le sentiment d'avoir affaire à du génie, ou alors à une expérience mystique prométhéenne dans laquelle Smith révélait sa part d'inconscient dans laquelle je pouvais me reconnaître aussi, en tout cas à une intensité et une étrangeté que je n'avais jamais connu dans une autre musique. Une chanson comme "The Figurehead", par exemple, reste pour moi un sommet du répertoire Cure: on a une ligne de basse toute conne, un rythme basique, et pourtant cette chanson contient toutes les émotions humaines, certes d'une façon un peu affectée ou torturée, mais pas d'une façon morbide ou suicidaire comme les précédents posts semblent dire...
De plus je trouve que l'album a aussi ses déchets, et c'est justement dans les chansons que l'on pourrait qualifier de 'noires' que le groupe est le plus mauvais et le moins crédible: je pense à "Cold", par exemple, que je considère comme une chanson particulièrement médiocre, qui aurait fait une très bonne BO pour le film Terminator, à "Pornography", qui n'est pas terrible, et même "One Hundred Years" (je sais certains vont être choqués), un peu poussive et pas très créative musicalement. Tout le reste, pour moi, vaut son pesant d'or (écoutez la version de "A Strange Day" à Orange en 86, sur la vidéo, c'est quand même grandiose).
Par ailleurs, je connais des vrais groupes gothiques dont on peut dire qu'ils font une musique réellement glauque, je pense par exemple à Clan Of Xymox, un groupe que j'apprécie particulièrement pour ses deux premiers albums (la suite est plutôt désastreuse), et qui a produit un chef-d'oeuvre de la musique cold-wave (un peu plus electro que Cure), sorti en 1986, qui s'appelle Medusa. Du romantisme échevelé, tout en restant calibrée pour être dansante, cette musique va encore plus loin que Cure dans la mélancolie jusqu'à en devenir parfois assez angoissante, mais c'est une mélancolie qui peut se révéler très féconde, en tous cas c'est une expérience musicale qui est similaire à Pornography dans le sens où l'on y pénètre progressivement et on découvre à chaque écoute quelque chose de nouveau. Je le recommande vivement !
Pour en revenir à Pornography, je pense qu'il reste comme l'album de référence de Cure, en tous cas l'album qui apparaît comme le plus original et le plus incarné quand on découvre ce groupe.
Excellent !   18/20



Posté le 30 janvier 2007 à 22 h 26

J'ai une approche très personnelle de cet album. D'une certaine manière, je peux dire qu'il a changé ma vie. Il est arrivé sur moi subitement comme un voile indélébile filtrant ma vision du monde et bouleversant mon parcours. Nous sommes en 1987, j'ai 15 ans et après avoir découvert The Cure par Kiss Me..., que j'avais acheté au Prisunic du coin, on me prête Pornography sur k7 que j'adopte immédiatement avec étrangement beaucoup de facilité, enthousiasme et soulagement... C'était l'album que j'attendais depuis longtemps sans le savoir. Malgré le désespoir que Pornography projette, il m'a apporté beaucoup de force, renforcé mon identité, je l'ai reçu naïvement sans véritablement de culture musicale. A partir de ce premier contact ma vie a prit une certaine orientation, mes rapports aux autres ont évolué. J'ai longtemps écouté Pornography chaque nuit sur un petit poste k7 sous mon oreiller, puis j'ai découvert d'autres albums de Cure, d'autres groupes, d'autres genres mais Cure, et particulièrement Pornography reste une pièce majeur de ma culture générale parce qu'il est arrivé le premier au moment où je l'attendais et non pas parce qu'il est souvent considéré comme le chef d'oeuvre de Cure. Je l'écoute rarement mais toujours avec l'émotion de cette première fois et le sentiment idiot qu'il a peut-être sauvé ma vie.
Autrement, d'une manière plus objective je suis sensiblement du même avis que les personnes qui ont adoré The Cure et évidemment Pornography.
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 01 octobre 2007 à 18 h 16

Attention, extrêmement inflammable ! Sorti en 1982 et clôturant la trilogie glacée entamée par les albums Seventeen Seconds et Faith, Pornography est purement et simplement un des plus grands albums de l'histoire du rock.

Rien qu'en regardant la pochette, le ton est donné : Rouge sang, on distingue trois visages fantomatiques... Une main semble vouloir nous toucher...

Et c'est bien ce qui va se passer dès le premier titre, purement et simplement. "One Hundred Years" est la plus grosse claque en début d'album qu'on pouvait imaginer. Un titre d'une violence inouïe, qui vous saisis à la gorge sans que vous ayez eu le temps de vous rendre compte de ce qui vous arrivait... Cette main ne vous lâchera plus pendant 43 minutes, et vous serrera de plus en plus fort tout au long du disque.

"A Short Term Effect" continue sur la lancée du premier titre, avec une ambiance malsaine et déglinguée... S'ensuit le single.

Alors "single", certes, mais ça sonne pas comme un single, ce n'est même pas plus accessible que le reste du disque, seulement il en fallait bien un, et c'est l'excellent "The Hanging Garden" qui remplira ce rôle.

Une sorte de triptyque commence alors. Le cœur du disque, les immenses "Siamese Twins", "The Figurehead" et "A Strange Day"... Mal à l'aise, mais on ne peut qu'être absorbé par la beauté de ces titres, où Robert Smith, le chanteur légendaire de ce groupe qu'est The Cure, semble pleurer ; chaque vers n'est que douleur, plainte, horreur.


"Cold" adoucit légèrement l'ambiance, laissant place aux nappes atmosphériques de synthé, oubliant pendant quelques minutes les guitares saturées d'effets destructeurs. Un titre magistral, qui annoncera d'ailleurs la venue sept ans plus tard d'un album nommé Disintegration. On retrouvera d'ailleurs dans le titre "Last Dance" une plainte de "Cold" : "Your name like ice into my heart"


Dernier titre, le plus fort, le plus violent de tous, l'éponyme "Pornography". Ca se passe de mots.
Cette main brûlante vous lâche enfin, et vous laisse retomber sur le sol, évanoui... Vous aurez sans doute du mal à vous relever après une telle expérience. Moi je n'y arrive toujours pas, chaque écoute est une épreuve...

Pornography n'est pas un album qu'on écoute en musique d'ambiance pour se détendre après une grosse journée. Rarement un artiste aura réussi à exprimer dans un album de tels sentiments de tristesse, de déception, de frayeur, d'horreur, de mort.
Un album vu par beaucoup comme le chef d'œuvre ultime de l'œuvre de Robert Smith, avis que je ne partage pas vraiment, préférant Disintegration, mais je dois bien dire qu'il s'agit là d'un album... intemporel.



"I must fight this sickness, find a cure... I must fight this sickness..."
Robert Smith, 1982.
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 05 août 2008 à 22 h 16

Pornography me rappelle inlassablement Greta...
Greta? A oui Greta c'est ma partenaire de jeu lors de mes soirées sadomasochiste hivernales. Alors certes Greta a le physique ingrat et agressif d'une nageuse de l'ex-RDA mais lorsqu'elle s'amuse à vous fait faire subir toutes sortes d'humiliations mentales et de sévices physiques vous ne pouvez, paradoxalement, vous empêcher d'avoir un telle érection, d'en jouir et finalement d'en redemander.
Greta me rappelle inlassablement Pornography...

8 titres givrés par un son tentaculaire construit autour des drums répétitifs et martiaux de Lol Tolhurst, de la basse à fois omniprésente et fantomatique de Simon Gallup et de la guitare cinglante et fuyante de Robert Smith. Sans oublier sa voix de damné tellement envoûtante lorsqu'il débite ses complaintes poisseuses et démentes où chaque vers n'est que douleur et crainte.
8 terrifiantes stations d'un calvaire halluciné qui vous entraîne dans un tourbillon de lamentations et d'angoisses.

Pornography n'apporte aucune concession, aucun répit, il y est impossible de trouver une issue, il y faut juste tenter de s'accrocher, mais à quoi...
Pornography n'est que l'étouffante et éprouvante symphonie d'un enfer glacial.
Ponography n'est pas uniquement le chef d'œuvre absolu de la cold-wave, c'est aussi et surtout un chef d'œuvre musical tout simplement.
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 04 septembre 2008 à 18 h 12

Parfois les artistes choisissent de faire un album sombre. Parfois on sent qu'ils le font ainsi parce qu'il ne pouvait en être autrement. Ainsi est Pornography : inéluctable. Comme si le mal qui rongeait Robert Smith se préparait a se répandre comme une peste angoissante, qui pousse chaque auditeur à rechercher la part la plus belle de ses sombres pensées....

Huit plaintes indissociables, qui chantent la tristesse sur des modes subtilement différents, même si la recette est toujours la même : une batterie répétitive (dont le mixage vieillit un peu), des riffs angoissant et un chant, pas forcement maîtrisé mais toujours réfléchi, ressenti et déchirant. Car ce qui marque dans Pornography, ce sont surtout les nuances, les timbres, les cris, les murmures , les répetitions, les calmes et les tempêtes de Robert Smith. Rarement une œuvre aura été aussi personnelle dans sa composition et universelle dans son propos : solitude et tristesse s'élèvent inlassablement de ce magnifique album, pornographie d'un voyeurisme malsain mais ô combien touchant...
Intemporel ! ! !   20/20







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