The Cure

Genève - Suisse [Arèna] - dimanche 06 novembre 2022

The Cure
L'annonce de cette nouvelle tournée a cumulé les surprises et démultiplié les attentes autour du groupe pour plusieurs raisons : Il faut remonter au Wish tour de 1992 pour voir autant de dates en Europe et en France (8 soirées) ; le groupe avait annoncé renoncer aux tournées de grand format pour se concentrer sur les festivals ; les concerts seront enfin l'occasion de dévoiler de nouveaux titres du fameux album à venir qui se fait sérieusement attendre !!!

Il ne m'en faudra pas beaucoup plus pour me décider à faire 6 dates d'affilées ... Genève sera donc le tout premier de la série. Et grand bien m'en a pris !!!

Autant le dire d'emblée, il y a longtemps qu'une tournée ne m'a pas semblé aussi cohérente et intense. Le format des concerts un peu plus courts (2h45 environ), le premier set plus ramassé, la présence des nouveaux titres en cohérence avec le choix des morceaux qui les accompagnent, le choix des salles, la modification significative des setlist chaque soir, tout est parfait.

La découverte de ces nouveaux titres en direct est une émotion assez forte. Chaque soir, ils me seront plus familiers, je les appréhenderais différemments. Alone ouvre le set paisiblement sur un texte sombre, réflexion mélancolique sur la fin de l'amour, de la vie ... Le démarrage du concert est lent, tout en douceur, sur la pointe des pieds. A night like this, petit sursaut avant de replonger avec Lovesong dans la moiteur. Ce sont les tirades de flutes qui annoncent le grondement. L'enchaînement Burn / At Night / A strange Day / Push / Play for today / Primary est dantesque. C'est sombre, violent et cathartique !!!
From the Edge n'aura rarement été si bien interprété et l'enchainement avec Endsong semble si évident ...
Endsong ... Son intro de 6mn, la mélodie imparable, la délicatesse du jeu de guitare de Smith, les roulements de batterie de Jason. Je suis emporté, littéralement. Une fois de plus, le texte est grave et assez désespéré (and Wondering what became of that boy / And the world he called his own / I'm outside in the dark / Wondering how I got so old / It's all gone).
Quelle manière de finir ce premier set qui ébahi par sa noirceur.

La suite ne sera pas beaucoup plus gaie. I can never say goodbye, porté par le piano et par la projection de ce manège qui tourne à vide prend à la gorge. Smith y évoque sans détour la fin de vie de son frère, chose d'autant plus surprenante qu'en général il aborde les sujets personnels par des métaphores. Want nous aide à sortir de la torpeur pour mieux nous y replonger avec un enchainement à nouveau diabolique Cold / Charlotte Sometimes / A Forest.

C'est lessivé que je sors de ces deux heures, quand le deuxième rappel arrive. Sur le papier, j'avais trouvé cet enchainement du tubes pops trop évident. Et en direct, je l'ai ressenti comme un défouloir, une soupape d'évacuation bienfaisante. Le public est ravi, on chante et danse ensemble. Les vieux souvenirs remontent. Il est vrai que le contraste avec le reste du concert est troublant, mais sans ce dernier rappel, l'ambiance aurait été bien trop pesante. C'est donc un rééquilibrage salutaire. Mon choix de titres pop aurait été différent, mais ...

Fort de cette première expérience incroyable, je m'embarque dans la tournée. Et à ma grande surprise, les concerts vont s'avérer très différents. En ajoutant 2/3 titres chaque soir et en modifiant l'ordre d'autres, le groupe arrive à changer assez radicalement l'ambiance. Genève avait une dominante de mélancolie, Lyon sera rock et lourd, Montpellier et Bordeaux sombres, Nantes hypnotique et Paris très intense.

Ce groupe a le don de me surprendre. Après 14 ans sans nouvel album, de nombreuses tournées de festivals parfois assez similaires et redondantes, il arrive à embarquer le public avec une tournée sans album, en proposant des concerts ultra exigeants et investis.
Chapeau bas !!!


Exceptionnel ! !   19/20
par Shiboome


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