Bob Dylan
The Bootleg Series Vol. 11: The Basement Tapes Complete |
Label :
Columbia |
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Avant de s'appeler The Band, une bande de musiciens aguerries, habituées des pubs canadiens, s'appelait The Hawks. C'est eux qui ont accompagnés Dylan lors de sa première virée électrique aux USA puis à travers le monde lors d'un printemps 66 mouvementé (cf : Bootleg Series Vol.4). Au départ, Robbie Robertson devait juste remplacer Mike Bloomfield, le génie du riff qu'on entend sur Highway 61 et il a fini par rester le guitariste vers lequel Dylan aimait se tourner. Et puis les autres - Levon Helm, Garth Hudson, Richard Manuel et Rick Danko - ont suivis et c'est eux qui seront choisis pour la première tentative d'enregistrement avortée de "Blonde On Blonde". L'album sera achevé à Nashville avec Robertson comme seul rescapé mais ce mini-échec est loin de signer la fin d'une longue collaboration.
Quand Dylan se remet peu à peu au travail, quelques mois après son accident de moto, il convoque les Hawks à Woodstock. La seule ambition est d'enregistrer un maximum de morceaux, à la fois pour se prouver qu'on peut encore le faire et pour offrir des démos aux groupes qui voudront bien les reprendre et renflouer les caisses. D'abord dans la maison familiale – Sara vient d'accoucher – puis dans le sous-sol d'une grande maison rose – Big Pink – Dylan et ses compagnons passent le printemps 67 à jammer, Garth Hudson prenant bien soin d'appuyer sur "rec" pour la postérité. L'alcool coule à flots et l'improvisation est de mise. Au total, plus d'une centaine de chansons seront gravées sur ces "basement tapes", faisant de 67 l'année la plus prolifique du songwriter – alors que le reste du monde l'imagine hors-service.
Il y a des inédits très inspirés et certains, comme "You Ain't Goin' Nowhere", "I Shall Be Released" et "This Wheel's On Fire" deviendront des classiques tandis que d'autres, comme le gospel "Sign on the Cross" ou l'ovni "I'm Not There" deviendront de précieux trésors. Le reste du répertoire, composé de vieilles reprises allant de Johnny Cash aux Stanley Brothers, prouve la connaissance encyclopédique de Dylan concernant la musique populaire sous toutes ses formes : ballades irlandaises, complaintes des Appalaches, blues du Delta, classiques de la country, standards de Tin Pan Alley. Un retour aux racines très salvateur pour un Dylan qui prendra désormais l'habitude de retourner à ce catalogue dès qu'il aura une panne d'inspiration (rebelote en 70, 87, au début des nineties et à travers les setlists du Never Ending Tour).
Pour lui, "c'est la meilleure façon d'enregistrer : dans une atmosphère détendue, dans le sous-sol de quelqu'un avec la fenêtre ouverte et un chien qui fait la sieste". Alors que le reste du monde vit une vague psychédélique, Dylan et sa joyeuse troupe misent donc sur la simplicité. Loin d'un Albert Grossman qui l'exploite de plus en plus ouvertement et de tournées qui l'épuise, le convalescent peut compter sur cette thérapie musicale pour le remettre sur pied. Pour les Hawks, c'est l'acte de naissance de leur nouvelle incarnation, The Band, dont Dylan signera la pochette et quelques morceaux du premier album... Music From Big Pink (1968).
Alors que, très vite, les enregistrements commencent à circuler sous le manteau – "Great White Wonder" reste aujourd'hui le disque pirate le plus célèbre – Dylan passe à autre chose ("John Wesley Harding" précisément) et il faudra attendre 1975 pour que soit commercialisé une version officielle mais tronquée des "Basement Tapes". Le Band va en effet retoucher les bandes et y insérer ses propres compositions, faisant de ce double album un hybride peu représentatif mais tout de même très précieux. Le seul moyen pendant longtemps de savourer légalement des morceaux aussi poignants que "Going To Acapulco", "Tears of Rage" ou "Nothing Was Delivered" et une bonne introduction à l'univers du Band (si "Orange Juice Blues" ne vous fait pas groover et si"Bessie Smith" ne vous tire pas une larme, je sais pas ce qu'il vous faut).
Presque quarante plus tard, l'intégralité –ou du moins le sommet de l'Iceberg – sera enfin livrée aux fans dans l'imposant coffret The Bootleg Series Vol.11 : The Complete Basement Tapes. Un investissement qui promet des heures d'explorations et de frissons. Si le son est parfois rugueux voir inécoutable, le document est toujours précieux et le packaging, avec son livret explicatif, est un beau cadeau de la part de Jeff Rosen et Sony. Si la version "Raw" 2-CD est sympa pour les débutants, la version 6-CD est réservée aux complétistes, aux historiens de la musique américaine et de la république invisible. À ranger entre les enregistrements d'Alan Lomax et les premiers albums... du Band.
Quand Dylan se remet peu à peu au travail, quelques mois après son accident de moto, il convoque les Hawks à Woodstock. La seule ambition est d'enregistrer un maximum de morceaux, à la fois pour se prouver qu'on peut encore le faire et pour offrir des démos aux groupes qui voudront bien les reprendre et renflouer les caisses. D'abord dans la maison familiale – Sara vient d'accoucher – puis dans le sous-sol d'une grande maison rose – Big Pink – Dylan et ses compagnons passent le printemps 67 à jammer, Garth Hudson prenant bien soin d'appuyer sur "rec" pour la postérité. L'alcool coule à flots et l'improvisation est de mise. Au total, plus d'une centaine de chansons seront gravées sur ces "basement tapes", faisant de 67 l'année la plus prolifique du songwriter – alors que le reste du monde l'imagine hors-service.
Il y a des inédits très inspirés et certains, comme "You Ain't Goin' Nowhere", "I Shall Be Released" et "This Wheel's On Fire" deviendront des classiques tandis que d'autres, comme le gospel "Sign on the Cross" ou l'ovni "I'm Not There" deviendront de précieux trésors. Le reste du répertoire, composé de vieilles reprises allant de Johnny Cash aux Stanley Brothers, prouve la connaissance encyclopédique de Dylan concernant la musique populaire sous toutes ses formes : ballades irlandaises, complaintes des Appalaches, blues du Delta, classiques de la country, standards de Tin Pan Alley. Un retour aux racines très salvateur pour un Dylan qui prendra désormais l'habitude de retourner à ce catalogue dès qu'il aura une panne d'inspiration (rebelote en 70, 87, au début des nineties et à travers les setlists du Never Ending Tour).
Pour lui, "c'est la meilleure façon d'enregistrer : dans une atmosphère détendue, dans le sous-sol de quelqu'un avec la fenêtre ouverte et un chien qui fait la sieste". Alors que le reste du monde vit une vague psychédélique, Dylan et sa joyeuse troupe misent donc sur la simplicité. Loin d'un Albert Grossman qui l'exploite de plus en plus ouvertement et de tournées qui l'épuise, le convalescent peut compter sur cette thérapie musicale pour le remettre sur pied. Pour les Hawks, c'est l'acte de naissance de leur nouvelle incarnation, The Band, dont Dylan signera la pochette et quelques morceaux du premier album... Music From Big Pink (1968).
Alors que, très vite, les enregistrements commencent à circuler sous le manteau – "Great White Wonder" reste aujourd'hui le disque pirate le plus célèbre – Dylan passe à autre chose ("John Wesley Harding" précisément) et il faudra attendre 1975 pour que soit commercialisé une version officielle mais tronquée des "Basement Tapes". Le Band va en effet retoucher les bandes et y insérer ses propres compositions, faisant de ce double album un hybride peu représentatif mais tout de même très précieux. Le seul moyen pendant longtemps de savourer légalement des morceaux aussi poignants que "Going To Acapulco", "Tears of Rage" ou "Nothing Was Delivered" et une bonne introduction à l'univers du Band (si "Orange Juice Blues" ne vous fait pas groover et si"Bessie Smith" ne vous tire pas une larme, je sais pas ce qu'il vous faut).
Presque quarante plus tard, l'intégralité –ou du moins le sommet de l'Iceberg – sera enfin livrée aux fans dans l'imposant coffret The Bootleg Series Vol.11 : The Complete Basement Tapes. Un investissement qui promet des heures d'explorations et de frissons. Si le son est parfois rugueux voir inécoutable, le document est toujours précieux et le packaging, avec son livret explicatif, est un beau cadeau de la part de Jeff Rosen et Sony. Si la version "Raw" 2-CD est sympa pour les débutants, la version 6-CD est réservée aux complétistes, aux historiens de la musique américaine et de la république invisible. À ranger entre les enregistrements d'Alan Lomax et les premiers albums... du Band.
Excellent ! 18/20 | par Dylanesque |
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