Bob Dylan

John Wesley Harding

John Wesley Harding

 Label :     Columbia 
 Sortie :    mercredi 27 décembre 1967 
 Format :  Album / Vinyle   

Après son chef d'oeuvre Blonde On Blonde paru en 1966, Bob Dylan tend à s'agacer de sa trop grande notoriété et son statut d'idôle. De plus en plus parano, il s'isole, et plus encore après son accident de moto suite auquel il ne fera plus aucune apparition publique pendant plus d'un an. Les rumeurs se multiplient sur son compte, certains vont même jusqu'à le considérer comme mort. Il se met en fait au vert avec sa nouvelle épouse dans une maison près de Woodstock, où les musiciens du Band vont le rejoindre avec leurs familles respectives pour une expérience de vie communautaire, qui s'avère, artistiquement parlant, très productive. Ces multiples enregistrements atterriront quelques années plus tard, en 1975, sur The Basement Tapes. Mais ici, ce sont 3 sessions, d'un total de 12 heures, qui nous intéressent, permettant à l'album John Wesley Harding d'émerger en cette fin d'année 1967.

Accompagné de Charlie Mc Coy à la basse, Kenny Buttrey à la batterie, et Pete Drake à la Steel Guitar, ce nouvel album du Zim prend tout le monde à contre pied en revenant vers une musique folk acoustique, aussi sobre que profonde. Peut être une manière plus ou moins consciente pour Bob Dylan de pisser joyeusement sur la scène acid rock alors à son apogée, et de se déconnecter de toutes les modes d'alors, que ce soit des expérimentations baroques des Beatles et des Stones, des trips hippies du Jefferson Airplane et du Grateful Dead, ou encore des trans pseudo chamaniques de Jim Morrison.

Une sorte de retour au source donc, mais rien de réactionnaire pour autant, malgré des références bibliques en pagaille. Car Bob Dylan a trouvé la foi, et entend bien le faire savoir. Les paroles sont une fois encore magistrales, et cherchent, à travers ces multiples références religieuses, à tisser un portrait des mythes et légendes américaines, mais aussi à évoquer le parcours personnel de Dylan, en invitant par la même occasion l'auditeur à réfléchir au sien. On y retrouve plusieurs personnages : un hors la loi, un immigrant, un vagabond solitaire... La solitude, et par extension la liberté individualiste et la quête de sens personnel sont ainsi au coeur de cet album. Musicalement, le folk minimaliste de ses débuts se complète d'une basse et d'une batterie qui manquaient à ses premières productions et apporte ici tout le relief nécessaire à ce bijou du folk, à la fois bucolique et introspectif. Une certaine forme d'énergie est néanmoins sous jacente tout au long de l'album.
On retrouve ici le classique "All Along The Watchtower", que Jimi Hendrix s'empressera de reprendre. Sur "Dear Landlord", Dylan chante avec une humilité particulièrement étonnante et touchante... L'album se conclut idéalement avec "I'll Be Your Baby Tonight", chanson intimiste, s'inscrivant donc parfaitement dans la cohérence du disque, et semble annoncer la renaissance de Dylan qui ignorera désormais toutes les modes, n'en faisant plus qu'à sa tête.

En mettant un coup de pied dans la scène pop rock mondiale, Bob Dylan a avec cet album annoncé le retour aux sources de la musique américaine en 1968, notamment avec Creedence Clearwater Revival et beaucoup d'autres. Mais c'est avant tout un album très personnel, qui s'écoute dans l'idéal seul, et qui séduira inévitablement tous les amateurs de folk introspectifs : et pour cause, puisque ce disque en est l'un des piliers.


Intemporel ! ! !   20/20
par YksmohC


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
397 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
On vient de te dire que le morceau que tu as encensé est l'œuvre du groupe que tu conchies le plus