John Zorn

The Big Gundown

The Big Gundown

 Label :     Tzadik 
 Sortie :    septembre 1985 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

En 1985 sort le premier succès d'un musicien audacieux qui allait beaucoup faire parler de lui pendant les décennies à venir, John Zorn.
Il a accepté de réaliser un album de reprises du maître Ennio Morricone, ce qui évidemment n'a d'intérêt que si on s'éloigne le plus possible des arrangements originaux. Et Zorn ne se gêne pas, pouvant coller sur The Big Gundown tous les thèmes du film sans autres transitions que des bruitages ridicules ou inquiétant, et en mélangeant finalement "La Lettre A Elise" à des tambours de carnaval brésiliens.

Mais est-ce qu'on peut faire tout et n'importe quoi comme ça ? La réponse est oui : quand on allie la science de l'orchestration et du bruitage de Zorn au pur génie mélodique du compositeur italien, tout devient intéressant. Le coup de maître c'est pour le saxophoniste d'arriver à instaurer un dialogue d'égal à égal : il laisse parler Morricone sur le larmoyant "Poverty" et à l'inverse n'hésite pas à lui couper la parole dans "Metamorfosi" méconnaissable.
Il faut dire que pour s'exprimer, il utilise des musiciens assez extraordinaires, notamment le génial guitariste Fred Frith sur "Milano Odea".

Qui dit musique de film, dit ambiance, et spécialement chez Morricone : ici on est servi, entre le western angoissant ("Giù La Testa") et un érotisme pas déplaisant, entre les chants tragiques et les rythmes endiablés, l'album ne laisse jamais passer une occasion de présenter un nouveau rebondissement. Le seul titre composé pour l'occasion par le jazzman, "Tre Nel 5000" est assez déconcertant passé la première minute, les collages expérimentaux suivant n'ayant pour seul intérêt que de rapprocher cette musique des albums à venir de Mr. Bungle (qui se crée d'ailleurs la même année).
Mais on se rattrape sur "Once Upon A Time In The West" : l'original est prenant et paraît inégalable en qualité. D'une manière tout à fait étonnante, Zorn parvient à re-créer la même tension en utilisant une orchestration beaucoup plus électrique et inquiétante ; probablement un des morceaux les plus inquiétant que je connaisse, il est facile à son écoute de revoir Charles Bronson et Henry Fonda en duel, écrasés par les plaines arides immenses...

Puissamment évocateur dans ses ambiances, entre l'exercice de style et l'hommage délirant, The Big Gundown est une réussite admirable, qui sans être exempt de défauts introduit d'ors et déjà John Zorn dans la cour des grands.


Excellent !   18/20
par Sytizen


  Note du rédacteur : l'édition du 15éme anniversaire contient 6 nouveaux morceaux dont une reprise funky du "Clan Des Siciliens" et une participation vocale de Mike Patton !


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