John Zorn
The Gift |
Label :
Tzadik |
||||
Zorn est coquin.
Tout est bon pour se farcir un exercice de style. Avec The Gift, Zorn dépose sur son corpus coléreux, sanglant, épais de références hardcore, une tranche de sucre doux, un dessus de mille-feuille qui tranche avec le tout. Au placard un moment les Bellmer, Tweegy, mares de sang, de sperme, de sueur, et les jarretières et autres nénés pincés à la Sacher-Masoch; Zorn nous livre ici un présent qui, à son gros nœud rose, promet bien des surprises.
Dès que l'index a appuyé sur le bouton "play" nous flottons en plein mirage...
Au menu...
Surfeurs au ralenti, congas coconut sur fond d'easy listening vahiné de fingerpickings d'archets et d'arpeggios de guitares trémolos,
puis?
jazz-rock planant avec flute de pan, guimbarde et cymbales, guitare bien sentie et atmosphère hippies,
ensuite?
accords mignons de mini orgue, cris lointains de chimpanzés gourmands, bruits d'ailes, de bulles et de longues branches d'arbres fruitiers,
et pour finir?
Pour finir un solo de trompette bouchée sur plans boogie de piano bar et synthés nocturnes.
Ces tranches de glucose sur lesquelles l'imaginaire se dépose sans effort pour y adhérer fait fondre. C'est si soft.
Alors on s'imagine tout ce qu'on veut...
l'errance d'une femme sous la pluie en pleine mauvaise lune de miel,
l'exploration aveugle d'une forêt équatoriale,
le générique d'un film con des années yéyé,
une chambre d'hôtel, lampes design, moquette rouge à lèvre, volutes de fumées, verre d'alcool et bague à pierre indienne...
Tout comme la musique d'ameublement de Satie fût écrite pour discrètement teinter le bruit des activités humaines, le cadeau de Zorn est un réservoir dans lequel l'imagination s'enrobe sans peine d'archétypes cinématographiques. Loin des tueries, des courses-poursuites, des crises d'hystéries, des rituels obscurs ou des massacres à grande échelle où ça hurle, le son ici se fait câlin, minidou tout du long, sans anicroches. Il charme et berce le Zorn, comme une petite feuille de palmier brasse de l'air au-dessus de nos tympans.
Alors quoi. De quel cadeau s'agit-il ?
Zorn a un adage : "Le bonheur n'est pas pertinent". Il en a fait les frais. Fan de jazz il s'écorcha volontairement les oreilles à écouter du death, du gind, du black metal, toute la journée sans parvenir à aimer. Il trouve que c'est de la merde mais écoute en boucle, jour après jour, afin de se forcer à aimer. Ne pas se limiter à des gouts permet d'élargir et d'affiner son approche de compositeur. Ce qui intéresse Zorn est de savoir comment la musique marche afin de pervertir la machine. C'est pour cette raison que les limitations stylistiques dans sa musique semblent tantôt absentes (il en aborde tant, il n'y a pas de hiérarchie), tantôt exacerbées (il s'amuse à reprendre des clichés afin que le style soit identifiable immédiatement).
Alors comment manger la guimauve qu'il nous propose ?
Zorn, certes, est un coquin. Il se complait sans doute à nous proposer tout ce que l'on attend comme pour mieux nous signifier avec ironie qu'il sait séduire et ainsi nous berner. Mais "The Gift" est aussi un havre de paix, un ensemble de douze petits ilots, véritables paradis à part au sein desquels il est bon, confortable, agréable, soyeux, de se nicher le matin en robe de chambre de satin devant un bol de chicorée et une femme nue toute calme.
"Douze soucres s'il tou plait mi amore."
Tout est bon pour se farcir un exercice de style. Avec The Gift, Zorn dépose sur son corpus coléreux, sanglant, épais de références hardcore, une tranche de sucre doux, un dessus de mille-feuille qui tranche avec le tout. Au placard un moment les Bellmer, Tweegy, mares de sang, de sperme, de sueur, et les jarretières et autres nénés pincés à la Sacher-Masoch; Zorn nous livre ici un présent qui, à son gros nœud rose, promet bien des surprises.
Dès que l'index a appuyé sur le bouton "play" nous flottons en plein mirage...
Au menu...
Surfeurs au ralenti, congas coconut sur fond d'easy listening vahiné de fingerpickings d'archets et d'arpeggios de guitares trémolos,
puis?
jazz-rock planant avec flute de pan, guimbarde et cymbales, guitare bien sentie et atmosphère hippies,
ensuite?
accords mignons de mini orgue, cris lointains de chimpanzés gourmands, bruits d'ailes, de bulles et de longues branches d'arbres fruitiers,
et pour finir?
Pour finir un solo de trompette bouchée sur plans boogie de piano bar et synthés nocturnes.
Ces tranches de glucose sur lesquelles l'imaginaire se dépose sans effort pour y adhérer fait fondre. C'est si soft.
Alors on s'imagine tout ce qu'on veut...
l'errance d'une femme sous la pluie en pleine mauvaise lune de miel,
l'exploration aveugle d'une forêt équatoriale,
le générique d'un film con des années yéyé,
une chambre d'hôtel, lampes design, moquette rouge à lèvre, volutes de fumées, verre d'alcool et bague à pierre indienne...
Tout comme la musique d'ameublement de Satie fût écrite pour discrètement teinter le bruit des activités humaines, le cadeau de Zorn est un réservoir dans lequel l'imagination s'enrobe sans peine d'archétypes cinématographiques. Loin des tueries, des courses-poursuites, des crises d'hystéries, des rituels obscurs ou des massacres à grande échelle où ça hurle, le son ici se fait câlin, minidou tout du long, sans anicroches. Il charme et berce le Zorn, comme une petite feuille de palmier brasse de l'air au-dessus de nos tympans.
Alors quoi. De quel cadeau s'agit-il ?
Zorn a un adage : "Le bonheur n'est pas pertinent". Il en a fait les frais. Fan de jazz il s'écorcha volontairement les oreilles à écouter du death, du gind, du black metal, toute la journée sans parvenir à aimer. Il trouve que c'est de la merde mais écoute en boucle, jour après jour, afin de se forcer à aimer. Ne pas se limiter à des gouts permet d'élargir et d'affiner son approche de compositeur. Ce qui intéresse Zorn est de savoir comment la musique marche afin de pervertir la machine. C'est pour cette raison que les limitations stylistiques dans sa musique semblent tantôt absentes (il en aborde tant, il n'y a pas de hiérarchie), tantôt exacerbées (il s'amuse à reprendre des clichés afin que le style soit identifiable immédiatement).
Alors comment manger la guimauve qu'il nous propose ?
Zorn, certes, est un coquin. Il se complait sans doute à nous proposer tout ce que l'on attend comme pour mieux nous signifier avec ironie qu'il sait séduire et ainsi nous berner. Mais "The Gift" est aussi un havre de paix, un ensemble de douze petits ilots, véritables paradis à part au sein desquels il est bon, confortable, agréable, soyeux, de se nicher le matin en robe de chambre de satin devant un bol de chicorée et une femme nue toute calme.
"Douze soucres s'il tou plait mi amore."
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