Frank Zappa

Joe's Garage

Joe's Garage

 Label :     Rykodisc 
 Sortie :    lundi 19 novembre 1979 
 Format :  Double Album / CD   

Premier vrai opéra rock de Frank Zappa (200 Motels n'étant que la BO d'un film), Joe's Garage prend l'absurde prétexte d'une histoire délirante pour revisiter les styles musicaux de la décennie 70s qui venait de s'écouler.

Le Central Scrutinizer, voix off et narrateur de l'album est le Big Brother de Zappa. Il sert de transition entre la plupart des morceaux de l'album et nous raconte la curieuse histoire de Joe, rockeur dans un monde où la musique est interdite, car trop dangereuse.
D'une parodie de la scientologie à la prison, en passant bien sûr par le garage, l'histoire est tout simplement géniale, je ne vous gâcherai pas le plaisir en vous la livrant simplement ici. Il est amusant de constater que les artistes ayant réalisé un opéra-rock s'en servent habituellement pour illustrer leur mal de vivre avec leurs textes les plus touchants, alors que Zappa une fois de plus allie humour et musique. La pochette livrée avec le CD est faite comme un livret d'opéra, avec beaucoup de précisions en didascalies.

Zappa disait qu'un rockeur ne devait pas faire plus de 3 accords différents sous peine de devenir un précurseur, et il applique ce principe dans le morceau-titre, rengaine entêtante et rock'n'roll.
On retrouvera plus tard du folk électrique ("Crew Slut"), du hard rock ("Why Does It Hurt When I Pee?") , du reggae, du gospel, de la musique contemporaine ou instrumentale et des longs solos comme Zappa aime en exposer. Les arrangements sont souvent tellement bien foutus qu'il vous pousseront à apprendre les textes par cœur pour chanter toutes les voix ("Dong work for Yuda",le refrain de "Packard Goose").
La fin de l'opéra, "Watermelon in Easter Hay" est le solo de zappa le plus émouvant. Le refrain à la guitare est poignant, et le moustachu ne s'apesantit jamais et livre un jeu facile à suivre et très émouvant.

Pour finir, le Central Scrutinizer nous convainc que la musique est une chose terriblement dangereuse avec "A Little Green Roseta", hymne à l'anti-musicalité et aux casseroles.

Un album culte, varié et riche, drôle et touchant....
Exceptionnel donc !!


Exceptionnel ! !   19/20
par Sytizen


 Moyenne 19.67/20 

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Posté le 06 décembre 2008 à 12 h 18

Écouter du Zappa, c'est regarder la montagne après être arrivé crevé en haut de la colline. Joe's Garage en est une belle représentation : comment un homme, qu'il s'appelle Zappa ou non, a-t-il pu nous pondre un tel opéra, mélangeant toute la subtilité et la rigueur de ses compositions à un humour gras, absurde, malin, en un mot énorme?
Zappa nous donne la réponse dans "Packard Goose" : "Music is the best".
Music is the best, évidemment. Ce n'est ni nouveau ni étonnant, c'est ce que se sont probablement dit Bach, Mozart, Beethoven, Chopin ou Dvorak : la musique est le plus vieux des arts, le plus fascinant et le plus immortel.
Le plus grand apport de Zappa à la musique est, selon moi, d'avoir transposé le talent, la passion et le travail acharné des compositeurs du passé dans la musique populaire du XXè siècle.

Ca vous fait rêver non? Moi aussi ça me faisait rêver, jusqu'à ce que je découvre Frank Zappa.
Il est temps de parler de l'oeuvre, Joe's Garage.
Rock opéra certes, mais pas de ces Tommy ou Wall qui nous content tous les malheurs de la société de leur époque : Joe's Garage c'est avant tout l'histoire comique de Joe, personnage comique qui tente de jouer de la musique (comique?) dans un monde absurde peuplé de "Catholic Girls" et de concours de tee-shirt mouillés. Rock opéra divisé en trois Actes : le premier raconte comment Joe est progressivement contrôlé par le Central Scrutinizer (Big Brother ridicule) après avoir tenté de monter un groupe de rock avec Warren (membre du line-up du vrai groupe) et Larry. Le deuxième nous montre comment il tente de draguer un robot et pourquoi il finit en prison avec des hommes du monde de la musique... Je vous laisse la surprise pour le troisième. De toute façon, tous ont le mérite de comporter plusieurs histoires à la fois, pour la plupart totalement loufoques.
L'album pourrait également être décrit comme une source inépuisable de phrases musicales inoubliables (Why Does it Hurt When I Pee?), un remake zappaïen d'une grande quantité de genre musicaux (gospel sur "Dong Work For Yuda", disco sur "Stick it Out"...)...
Mais comment raconter avec des mots le bonheur éprouvé en compagnie de Joe, Mary, et le Central Scrutinizer? Comment vous convaincre que Packard Goose a l'un des meilleurs refrains de tous les temps, tout comme sa fin proprement géniale qui s'enchaîne avec le merveilleux Watermelon In Easter Hay? Pourquoi tenter de démontrer qu'on ne peut s'empêcher de claquer des doigts sur "Dong Work For Yuda", avoir des pensées peu catholiques sur "Fembot In A Wet T-Shirt" ou "Catholic girls" ou imaginer ce qui se passe dans le génial "Stick It Out"?

Pour reprendre la comparaison du début, disons que Zappa est désormais une chaîne de montagne grimpant à des hauteurs spatiales, que Joe's Garage en est l'un de plus hauts monts, et qu'il n'est pas près de s'effondrer tant que de fidèles fans (tels les Nonamiens (cf deux chroniques plus tôt) continueront à danser follement et à chanter faux tout autour du pied du mont.
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 19 août 2011 à 13 h 39

JOE's GARAGE: THE STORY (décrire la zique en plus demanderait deux fois plus de texte, alors (ré)écoutez le que diable!)

Comme toujours, cet opéra en trois actes sortie en 79 s'inspire d'un fait réel: l'interdiction de la musique en Iran. Zappa présente Joe's Garage comme une "histoire idiote destinée à montrer comment le gouvernement a l'intention de se débarrasser de la musique". Le concept du disque se définit comme un documentaire sur la nocivité de la musique destiné à être diffusé dans les collèges. Le "Central Scrutinizer" (sorte de mini ovni cheap mais omniscient) commente chaque étape de la vie de Joe, personnage principal, qui sera peu à peu détruit par la musique.

ACTE 1:

"Joe's Garage"
Tout avait commencé simplement. Comme beaucoup, Joe répétait avec son groupe dans son garage. Le seul problème est qu'il jouait toujours la même chanson des fifties sur trois accords. Leur style fut vite dépassé par le Heavy Metal, le Glam, le Disco et la New Wave. La voisine Mrs. Borg met fin à ce sempiternel vacarme en appelant les flics qui ne tardent pas à cerner le garage.

"Catholic Cirls"
Les autorités conseillent à Joe de se tourner vers la religion catholique pour canaliser son âme malade dans le droit chemin. Il rencontre le père Riley et surtout Mary qui va à la messe tous les dimanches. (Aussi surprenant que cela puisse paraître, Zappa avait tenté de se convertir à la religion catholique durant son adolescence. Mais la diabolisation du sexe qui en était le centre névralgique l'a encouragé à s'intéresser plutôt au zen. Beaucoup d'histoires dans son oeuvre sont autobiographiques)

"Crew Slut"
Mary, en bonne chrétienne, s'avère être une chienne de premier ordre. Elle suce à la chaîne dans les backstages pour avoir un pass et rencontrer le groupe de rock de Toto (surnommé Toad-O", jeu de mot avec "Toad", un crapaud). Larry, l'ancien ami de Joe devenu roadie du groupe se la fait et l'embarque sur la tournée.

"The Wet T-Shit Contest"
Quelques semaines passent et Mary est vite épuisée... Elle se fait larguer à Miami et participe à un concours de T-shirt mouillé dans un bar minable pour se faire un peu d'argent. Celui qui organise le show est le père Riley, rebaptisé Buddy Jones.

"Toad-O Line" (un solo de guitare santanesque sur les accord de "Hold the Line" de Toto)
Warren (un ancien membre du groupe de Joe) reconnaît Mary et cette dernière lui raconte tout ces déboires. Warren écrit une lettre à Joe qui résume toute l'histoire.

"Why Does It Hurt When I Pee?"
Mais entre-temps Joe a rencontré Lucille. Celle-ci lui a refilé une bonne chaude pisse. Le pauvre Joe miaule qu'il a les burnes comme des maracas. Zappa reprend avec délectations l'atmosphère emphatique de "Queen at the opera".

"Lucille Has Messed My Mind Up"
Joe est si traumatisé par sa maladie vénérienne qu'il s'enferme chez lui et écoute un disque de Jeff Simmons (artiste qui a joué dans les Mothers. Son second album "Lucille Has Messed My Mind Up" a été produit par Zappa en 1969).

ACTE 2

"A Token of My Extreme"
Joe va voir L. Ron Hoover (référence à L. Ron Hubbard, président de la scientologie) pour trouver un sens à sa vie. Ce dernier lui explique qu'il souffre parce qu'il renie son penchant naturel pour les robots. Joe, prêt à tout, demande à L. Ron Hoover comment s'y prendre. Ce dernier lui conseille d'aller au "Closet", la boîte repère de tous les cyborgs du coin, et d'apprendre une langue étrangère, car rien n'excite plus un robot qu'une langue étrangère. Joe se décide pour l'allemand.

Stick it Out:
Joe se rend donc au "Closet" et flashe immédiatement sur Sy Borg, un croisement entre un aspirateur et une tirelire en forme de cochon, le tout entièrement recouvert de sex-toy. Joe, pour impressionner Sy, entonne une chanson en allemand sur un rythme disco. Sy lui dit être programmé pour parler anglais et propose à Joe de danser. Mais Joe à une meilleure idée: "Baise moi, espèce de sale fils de pute!"

"Sy Borg" (un reggae enlevé avec synthé kitsch):
Joe se retrouve dans les appartements de Sy Borg. Sy a un colloc': Gay Bob, un cyborg homo qui "te fait la totale". Joe lui réclame alors une petite fellation. Un solo de synthé ultra kitsch illustre ce moment de plaisir. Sy Borg prend le relais. Joe lui demande s'il est programmé pour le bondage. Sy lui répond: "tout ce que tu voudras, maître". Joe est aux anges, dit de Sy qu'il est plus drole que Mary et plus clean que Lucille. Mais Sy, dans une complainte parodiant le "Pushin' Too Hard" des Seeds, meurt sous la férocité des manipulations de Joe. Joe flippe et pense que c'est sa "golden shower" qui a fait disjoncté les circuits du robot (une "golden shower" consiste à uriner sur son partenaire. Bobby Brown en est d'ailleurs très friant). Joe est immédiatement arrêté.

Dong Work For Yuda:
Joe se retrouve dans une prison spécialisée dans les criminels du milieu musical. Dans la prison réside John, le roi des sodomites, un engin qui fait "péter" l'ensemble des détenus. "John 's got a sausage, yeah man!" est entonné sur un style gospel...

Keep It Greasy:
Sur un rythme funky endiablé, des conseils techniques sur la sodomie sont énumérés: "laisse le bien gras pour que ça glisse tranquille". Alors que Zappa entame un long solo, Joe est victime d'un féroce gang bang improvisé.

Outside Now:
Joe, l'arrière train métamorphosé, rumine dans sa cellule. Son âme réclame de la musique. Pendant qu'il doit participer à ces gang-bang sauvages, Joe imagine des notes de guitare pour survivre...


ACTE 3:
He Used to Cut the Grass:
Joe est libéré. Il erre dans une ville où plus aucun musicien n'existe. Il traverse des zones désaffectées tout en rêvant de notes de guitare... Comme le commente le Central Scrutinizer, l'âme de Joe est totalement détruite par la musique...

Packard Goose:
Joe imagine en plus des solos de guitare des paroles sur les critiques de rock qui ne sont qu'une bande de trous du cul. Joe repense ensuite à Mary. Celle-ci apparaît comme par magie et lui dit ceci: "L'information n'est pas la connaissance. La connaissance n'est pas la sagesse. La sagesse n'est pas la vérité. La vérité n'est pas la beauté. La beauté n'est pas l'amour. L'amour n'est pas la musique. La musique est la meilleure des choses."

Watermelon in Easter Hay:
Joe commence à se sentir bien déprimé. Il sent que la fin est proche. Pourquoi? Parce qu'il réalise que ses notes de guitare ne sont que le produit de son imagination. Il imagine alors son dernier solo imaginaire.

Central Scrutinizer en conclut que la musique conduit au casse-pipe. Il faut éviter la musique et se ranger: avoir un bon boulot etc... C'est ce qu'à fait Joe qui bosse maintenant dans une usine de muffins.

Little Green Rosetta:
En guise de conclusion, le Central Scrutinizer entame une dernière chanson, totalement idiote et jubilatoire.
Intemporel ! ! !   20/20







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