Frank Zappa

Burnt Weeny Sandwich

Burnt Weeny Sandwich

 Label :     Reprise 
 Sortie :    lundi 09 février 1970 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Début 70, The Mothers Of Invention première mouture, ne sont plus... Tandis que Roy Estrada, Jimmy Carl Black et Ray Collins se dririgent penauds vers la sortie, Frank sort deux disques issus de sessions studios et d'enregistrements lives allant de 1967 à 1969: "Burnt Weeny Sandwich en février 70 et Weasels Ripped My Flesh en août de la même année.
Si le second rend hommage à la folie des Mothers sur scène, il revient au premier la lourde tâche de passer derrière Uncle Meat. Certes plus concis que son illustre prédecesseur, Burnt Weeny Sandwich n'en reste pas moins ambitieux: Frank y fait transparaître son oeuvre passée, ses futures aspirations en tant que compositeur et ses influences (du rythm n' blues séminal au néo classicisme) dans un mélange particulièrement passionant.

Le titre faisant référence explicitement à un hot dog que Zappa affectionait, la forme de l'oeuvre peut se concevoir comme tel : un sandwich dont les deux reprises doo wap seraient un pain frais et léger, débutant et refermant l'oeuvre (" WPLJ" des Four Deuces et "Valarie" de Jackie And The Starlites) ; les deux phases de l'"Igor's Boogie", hommage parfaitement maîtrisé à Igor Stravinsky, tant techniquement que stylistiquement, font office de feuilles de salades, distinguant chaque partie de l'en-cas avec couleurs ; l"Overture to a Holiday in Berlin" et "Aybe Sea" réhaussent les saveurs de l'ensemble comme une moutarde et sont de parfaites introductions à "Theme From Burnt Weeny Sandwich", "Holiday In Berlin, Full Blown" et "Little House I Used To Live In" tous de consistances variables, mais morceaux de choix qu'il faut bien mastiquer avant de pouvoir avaler...
L'apparenté avec Uncle Meat ne tient pas seulement à leurs pochettes semblables (un modèle du genre Dada), mais surtout à leur parti pris artistique commun : Un grand patchwork de free jazz, de rock et de musique d'avant garde, dans lequel les éléments purement pops se font plus rares. L'orchestration s'y veut diversifiée et est emprunte, pour une partie, à la musique classique : cor, vents, piano, percussions, violon, orgue, synthétiseur et guitare ; le tout assuré par dix musiciens plus que compétents.
La part belle est donc faite aux instrumentaux où l'improvisation reste bienvenue. A ce titre, le solo de piano de Ian Underwood passe pour l'un des véritables sommets du disque, tout en subtilité et en profondeur ; l'introduction parfaite à "Little House I Used To Live In", pièce de vingt minutes variant les ambiances à l'envie et qui doit à Sugar Cane Harris une partie de violon épique, s'aventurant sur les territoires du blues le plus dur. Cet esprit, libre, sans concessions, beaucoup plus orienté vers une certaine vision de la musique classique et du jazz que du rock, rapproche évidemment Burnt Weeny Sandwich de ce qu'à déjà fait Zappa à l'époque en solo, que ce soit pour Lumpy Gravy ou Hot Rats.
Zappa, en homme de studio avisé, modèle les bandes comme il l'entend et offre au disque une cohérence toute particulière, qui fait de ce Burnt Weeny Sandwich une oeuvre aussi aboutie que pouvait l'être les premiers essais des Mothers. Mais sa courte durée ayant surement jouée en sa défaveur, il n'est pas rare qu'il soit encore un peu oublié dans sa discographie; bien que certains de ses thèmes soient repris dans quelques albums plus connus, tels que Fillmore East: June 1971 ou encore la bande originale de 200 Motels. Mésestimé donc, mais cet ultime témoignage de la première grande époque de The Mothers Of Invention est pourtant indispensable. De la très grande musique.

Il pourrait être intéressant de comparer cette oeuvre à "L'Agon" de Stravinsky. Une des pièces préférées de Zappa, qui a la particularité d'être composée comme... un sandwich justement!


Exceptionnel ! !   19/20
par Judas


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