Depeche Mode
Never Let Me Down Again |
Label :
Mute |
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Depeche Mode représente l'évolution la plus surprenante de l'histoire du rock de ces vingt dernières années. Alors qu'ils semblaient promis à jouer les agitateurs des boites de nuits avec leur chansons sautillantes, naïves et débiles, représentant tout ce que la new-wave pouvait avoir d'abject, la formation de Dave Gahan et Martin Gore allait s'enfoncer petit à petit vers un sombre désespoir existentialiste.
Les pop-stars virent alors mécènes d'une mélancolie insondable et surtout incurable. Le sublime et le tortueux se partageront alors les faveurs des albums du groupe de plus en plus méditatif, violent et moins dansant. Et le pire, chose inexplicable, hormis par le fait que le groupe écrivait quelques unes des plus grandes chansons des années 80, c'est que le succès grandissait à mesure que les albums devenaient d'un noir gothique absolu.
Comme si la meilleure réponse au succès que pouvait apporter la formation anglaise était un art fragile et une lutte intérieure avec les questions de Dieu, du sexe, de la drogue et de la mort. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que le groupe fera appel à Anton Corbijn pour se débarrasser de l'image tête à claque qui leur colle à la peau. Au lieu de ça, ce sera carte blanche à l'évasion et l'intellectualisme à l'outrance. En témoigne le cryptique et magnifique clip de "Never Let Me Down Again".
A force, Depeche Mode détournera les modes synthétiques new-wave pour en faire l'expression d'une astreinte instrumentale : la boite à rythme sera réduite à trois fois rien pour donner une impression de flottement, les claviers serviront à dépeindre une atmosphère mélancolique et la voix froide de Dave Gahan collera au mieux aux murmures désabusées d'un être déshumanisé.
Se superposant au mieux aux attentes adolescentes, en proie au rejet et victimes de leur propre inutilité, Depeche Mode aura réussi mieux que quiconque à monter une dramaturgie de plus en plus métaphysique. Malgré un boite à rythme rudimentaire, les guitares hypnotisant de "Pleasure, Little Treasure" arrivent à créer une transe inquiétante et névrosée, que reprend la voix robotique de Dave Gahan. Une sorte d'hymne de la nuit pour zombie. Depeche Mode mélange en même temps l'hédonisme enivrant et la futilité de la musique artificielle, sans y prendre part et en affichant un cynisme blasé impressionnant.
Recouvert de claviers lyriques, symphonie du troisième millénaire, musique classique de science-fiction, la complainte "Never Let Me Down Again" s'égare volontiers vers un refrain éthéré, d'une sophistication gothique qui se drapera d'atouts luxueux, cuivres, percussions, chœurs Wagneriens, le tout pour une envolée vers l'emphase. Une ode au désoeuvrement. Le spleen y est ici magnifié. Tout le monde s'y est reconnu un jour.
Malgré un détachement évident, quitte à se replier carrément sur eux-mêmes et vivre en autarcie avec leurs drogues et leurs délires, Depeche Mode ne manquera pourtant pas d'influencer la majeure partie de l'Angleterre de la techno au rock alternatif (Billy Corgan reprendra avec ses citrouilles "Never Let Me Down Again" pour en faire un sommet remarquable) en passant même par le metal.
Ce single historique est la preuve qu'il était tout à fait possible de concilier renommé planétaire et exigence esthétique. Qui leur arrive aux chevilles aujourd'hui ?
Les pop-stars virent alors mécènes d'une mélancolie insondable et surtout incurable. Le sublime et le tortueux se partageront alors les faveurs des albums du groupe de plus en plus méditatif, violent et moins dansant. Et le pire, chose inexplicable, hormis par le fait que le groupe écrivait quelques unes des plus grandes chansons des années 80, c'est que le succès grandissait à mesure que les albums devenaient d'un noir gothique absolu.
Comme si la meilleure réponse au succès que pouvait apporter la formation anglaise était un art fragile et une lutte intérieure avec les questions de Dieu, du sexe, de la drogue et de la mort. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que le groupe fera appel à Anton Corbijn pour se débarrasser de l'image tête à claque qui leur colle à la peau. Au lieu de ça, ce sera carte blanche à l'évasion et l'intellectualisme à l'outrance. En témoigne le cryptique et magnifique clip de "Never Let Me Down Again".
A force, Depeche Mode détournera les modes synthétiques new-wave pour en faire l'expression d'une astreinte instrumentale : la boite à rythme sera réduite à trois fois rien pour donner une impression de flottement, les claviers serviront à dépeindre une atmosphère mélancolique et la voix froide de Dave Gahan collera au mieux aux murmures désabusées d'un être déshumanisé.
Se superposant au mieux aux attentes adolescentes, en proie au rejet et victimes de leur propre inutilité, Depeche Mode aura réussi mieux que quiconque à monter une dramaturgie de plus en plus métaphysique. Malgré un boite à rythme rudimentaire, les guitares hypnotisant de "Pleasure, Little Treasure" arrivent à créer une transe inquiétante et névrosée, que reprend la voix robotique de Dave Gahan. Une sorte d'hymne de la nuit pour zombie. Depeche Mode mélange en même temps l'hédonisme enivrant et la futilité de la musique artificielle, sans y prendre part et en affichant un cynisme blasé impressionnant.
Recouvert de claviers lyriques, symphonie du troisième millénaire, musique classique de science-fiction, la complainte "Never Let Me Down Again" s'égare volontiers vers un refrain éthéré, d'une sophistication gothique qui se drapera d'atouts luxueux, cuivres, percussions, chœurs Wagneriens, le tout pour une envolée vers l'emphase. Une ode au désoeuvrement. Le spleen y est ici magnifié. Tout le monde s'y est reconnu un jour.
Malgré un détachement évident, quitte à se replier carrément sur eux-mêmes et vivre en autarcie avec leurs drogues et leurs délires, Depeche Mode ne manquera pourtant pas d'influencer la majeure partie de l'Angleterre de la techno au rock alternatif (Billy Corgan reprendra avec ses citrouilles "Never Let Me Down Again" pour en faire un sommet remarquable) en passant même par le metal.
Ce single historique est la preuve qu'il était tout à fait possible de concilier renommé planétaire et exigence esthétique. Qui leur arrive aux chevilles aujourd'hui ?
Parfait 17/20 | par Vic |
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