Depeche Mode
Saint-Denis [Le Stade De France] - samedi 27 juin 2009 |
Après une telle débâcle, on ne sait même pas à qui s'en prendre, et c'est horriblement frustrant.
Faut-il accuser celui qui a eu la géniale idée de faire cette tournée des stades ?
Faut-il blâmer le groupe, qui a accepté cette aventure mégalomaniaque (et lucrative) sans se soucier de son public ?
Faut-il assassiner l'ingé son des 3 de Basildon ?
Faut-il se suicider, pour avoir été assez con de tomber dans le panneau de la grande messe ?
19H30: arrivée pile-poil à l'heure pour assister aux premières notes de M83, qui assurait ce soir la première partie de Depeche Mode.
Stupeur (eh ouais je suis naïf moi): même au quasi premier rang de la catégorie Pelouse (à ne pas confondre avec Pelouse Or, 5€ de plus, mais possibilité d'être à deux mètres de la scène), on ne voit que dalle. Quand je dis que dalle, ça veut dire qu'on ne distingue aucun visage (c'est un grand avec 10/10 à chaque oeil qui vous fait le rapport). Ma voisine est plus maligne que moi, elle a pensé aux jumelles.
On est tellement loin, en fait, que chaque mouvement du batteur est en décalage avec les sons de percussion que l'on entend. Véridique. Comme un mauvais playback.
On se dit pas de panique, on se dit que les grands écrans situés de part et d'autre de la scène sauront nous transmettre un petit peu de l'énergie et de la complicité que développeront tout à l'heure Dave Gahan et cie.
M83 n'a pas le privilège de cette high technology, et balance un set plutôt furieux dont on ne retiendra qu'un mot. Bouuuuuuuuuuuuuuuh.
Bouh (en prolongé, donc), c'est cette espèce d'ignoble parasite qui annihilait toute fréquence au delà du médium (comprenez par là toute mélodie) et qui sortait de ces tours d'enceinte situées à 50 m (un peu moins, un peu plus ?) de mes oreilles.
Chose amusante, malgré le bouh, on entendait les moindres détails des remarques professées par ses voisins (parlant sans hausser la voix).
Marrant: la première phrase distincte que j'entendis vint d'un adolescent bagué de 13 ans, me demandant tranquillement de ne pas le doubler (en me tutoyant). Après lui avoir sagement conseillé de manger plus de soupe, et/ou de profiter de sa petite taille pour se faufiler, et/ou de demander à sa mère d'allonger un billet de plus pour tâter de l'or massif, j'essaye de me concentrer sur la musique.
Bouuuuuuh. Impossible. Je vois Gonzales qui s'excite sur sa guitare, et moi j'entends bouuuuh. Agacé, presque résigné (déjà), j'essaye de me faire une raison pour ne pas me barrer direct: tout à l'heure ça va être plus fort. Tout à l'heure, le son sera meilleur, tout à l'heure on verra les mouvements de Gahan et Gore retransmis (en direct, quelle classe !) sur ces deux pauvres écrans latéraux.
Une heure d'attente après la performance d'M83 (très faiblement applaudi, m'enfin en même temps, il faut reconnaître que bouuuuuuuh, c'est sympa deux minutes mais après...), pendant laquelle on nous passe de la techno minimale. Je vous laisse imaginer le rendu général, qui tiendra également en un mot.
Le groupe arrive sur scène, les écrans latéraux s'allument. Pas de bol, en guise d'une retransmission de ce qui se passe sur scène, on nous inflige un film. Plutôt joli, par ailleurs, mais dont on a totalement rien à foutre, étant donné que nous on vient voir un putain de groupe de scène bordel et pas du clip arty qu'on peut regarder sur M6 ou sur le prochain DVD live.
Au niveau du son c'est mieux. Le bouh est moins fort, les voisins doivent hausser le ton pour qu'on les entende (ce qu'ils font), la voix de Gahan ressort. Mais ça reste catastrophique. Une sorte de bouillabaisse dégueulasse rappelant du Micropoint sous Prozac.
Et là ça y est, c'est fini: la fougue de Gahan m'indiffère, les nouvelles guitares de Gore tout autant. Je vois rien, j'entends rien, c'est naze. Le plus incroyable, c'est qu'on a l'impression que personne n'est dupe. Tout le monde autour de moi a l'air de se faire chier, se regarde, se parle comme si les gens étaient à un spectacle de Guignol. Pas de communion, pas de chaleur. Juste des spectateurs qui semblent complètement paumés.
La nuit tombe. C'est un peu mieux (d'ailleurs quelle idée d'aller regarder Depeche Mode en plein jour ???), mais enfin la moitié du concert est déjà derrière nous. On se surprend à chanter sur les singles que le groupe commence à enchaîner, histoire de se rappeler la mélodie (ou de faire comme si on l'entendait distinctement). Des bras se lèvent, se balancent de gauche à droite sur "Never Let Me Down Again", se lèvent encore sur "Personal Jesus", c'est sympa.
Et puis, alors là tout à coup, magie. On croit que c'est fini, mais Gore et Gahan se prennent par l'épaule et les premières notes de "Waiting For The Night" retentissent. C'est magnifique, c'est féerique. Les basses synthétiques ont disparu, Christian Eigner est passé derrière un clavier, plus de bouuuuh.
Et une image nous revient: celle d'un Dave Gahan aux cheveux longs, défoncé, seul à s'agiter comme un mort de faim au rez de chaussée, quand trois zombies, à l'étage, ont les yeux rivés sur leurs claviers monstrueux.
C'était il y a quinze ans: c'était plus machinique (à mon sens la batterie a toujours un peu fait du mal aux derniers lives de Depeche Mode), c'était plus fou, ça me foutait des frissons en permanence. Cette tournée je ne l'ai jamais vécue, juste vue en VHS 50 fois. Et c'était mille fois mieux que ce concert au Stade De France.
Faut-il accuser celui qui a eu la géniale idée de faire cette tournée des stades ?
Faut-il blâmer le groupe, qui a accepté cette aventure mégalomaniaque (et lucrative) sans se soucier de son public ?
Faut-il assassiner l'ingé son des 3 de Basildon ?
Faut-il se suicider, pour avoir été assez con de tomber dans le panneau de la grande messe ?
19H30: arrivée pile-poil à l'heure pour assister aux premières notes de M83, qui assurait ce soir la première partie de Depeche Mode.
Stupeur (eh ouais je suis naïf moi): même au quasi premier rang de la catégorie Pelouse (à ne pas confondre avec Pelouse Or, 5€ de plus, mais possibilité d'être à deux mètres de la scène), on ne voit que dalle. Quand je dis que dalle, ça veut dire qu'on ne distingue aucun visage (c'est un grand avec 10/10 à chaque oeil qui vous fait le rapport). Ma voisine est plus maligne que moi, elle a pensé aux jumelles.
On est tellement loin, en fait, que chaque mouvement du batteur est en décalage avec les sons de percussion que l'on entend. Véridique. Comme un mauvais playback.
On se dit pas de panique, on se dit que les grands écrans situés de part et d'autre de la scène sauront nous transmettre un petit peu de l'énergie et de la complicité que développeront tout à l'heure Dave Gahan et cie.
M83 n'a pas le privilège de cette high technology, et balance un set plutôt furieux dont on ne retiendra qu'un mot. Bouuuuuuuuuuuuuuuh.
Bouh (en prolongé, donc), c'est cette espèce d'ignoble parasite qui annihilait toute fréquence au delà du médium (comprenez par là toute mélodie) et qui sortait de ces tours d'enceinte situées à 50 m (un peu moins, un peu plus ?) de mes oreilles.
Chose amusante, malgré le bouh, on entendait les moindres détails des remarques professées par ses voisins (parlant sans hausser la voix).
Marrant: la première phrase distincte que j'entendis vint d'un adolescent bagué de 13 ans, me demandant tranquillement de ne pas le doubler (en me tutoyant). Après lui avoir sagement conseillé de manger plus de soupe, et/ou de profiter de sa petite taille pour se faufiler, et/ou de demander à sa mère d'allonger un billet de plus pour tâter de l'or massif, j'essaye de me concentrer sur la musique.
Bouuuuuuh. Impossible. Je vois Gonzales qui s'excite sur sa guitare, et moi j'entends bouuuuh. Agacé, presque résigné (déjà), j'essaye de me faire une raison pour ne pas me barrer direct: tout à l'heure ça va être plus fort. Tout à l'heure, le son sera meilleur, tout à l'heure on verra les mouvements de Gahan et Gore retransmis (en direct, quelle classe !) sur ces deux pauvres écrans latéraux.
Une heure d'attente après la performance d'M83 (très faiblement applaudi, m'enfin en même temps, il faut reconnaître que bouuuuuuuh, c'est sympa deux minutes mais après...), pendant laquelle on nous passe de la techno minimale. Je vous laisse imaginer le rendu général, qui tiendra également en un mot.
Le groupe arrive sur scène, les écrans latéraux s'allument. Pas de bol, en guise d'une retransmission de ce qui se passe sur scène, on nous inflige un film. Plutôt joli, par ailleurs, mais dont on a totalement rien à foutre, étant donné que nous on vient voir un putain de groupe de scène bordel et pas du clip arty qu'on peut regarder sur M6 ou sur le prochain DVD live.
Au niveau du son c'est mieux. Le bouh est moins fort, les voisins doivent hausser le ton pour qu'on les entende (ce qu'ils font), la voix de Gahan ressort. Mais ça reste catastrophique. Une sorte de bouillabaisse dégueulasse rappelant du Micropoint sous Prozac.
Et là ça y est, c'est fini: la fougue de Gahan m'indiffère, les nouvelles guitares de Gore tout autant. Je vois rien, j'entends rien, c'est naze. Le plus incroyable, c'est qu'on a l'impression que personne n'est dupe. Tout le monde autour de moi a l'air de se faire chier, se regarde, se parle comme si les gens étaient à un spectacle de Guignol. Pas de communion, pas de chaleur. Juste des spectateurs qui semblent complètement paumés.
La nuit tombe. C'est un peu mieux (d'ailleurs quelle idée d'aller regarder Depeche Mode en plein jour ???), mais enfin la moitié du concert est déjà derrière nous. On se surprend à chanter sur les singles que le groupe commence à enchaîner, histoire de se rappeler la mélodie (ou de faire comme si on l'entendait distinctement). Des bras se lèvent, se balancent de gauche à droite sur "Never Let Me Down Again", se lèvent encore sur "Personal Jesus", c'est sympa.
Et puis, alors là tout à coup, magie. On croit que c'est fini, mais Gore et Gahan se prennent par l'épaule et les premières notes de "Waiting For The Night" retentissent. C'est magnifique, c'est féerique. Les basses synthétiques ont disparu, Christian Eigner est passé derrière un clavier, plus de bouuuuh.
Et une image nous revient: celle d'un Dave Gahan aux cheveux longs, défoncé, seul à s'agiter comme un mort de faim au rez de chaussée, quand trois zombies, à l'étage, ont les yeux rivés sur leurs claviers monstrueux.
C'était il y a quinze ans: c'était plus machinique (à mon sens la batterie a toujours un peu fait du mal aux derniers lives de Depeche Mode), c'était plus fou, ça me foutait des frissons en permanence. Cette tournée je ne l'ai jamais vécue, juste vue en VHS 50 fois. Et c'était mille fois mieux que ce concert au Stade De France.
A éviter 6/20 | par Jekyll |
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