Yo La Tengo
Paris [Trabendo] - mardi 11 septembre 2007 |
Il y a des 11 septembre comme ça, où vous poursuivez tranquillement votre routine de concerts parisiens avec un chouette vieux groupe ricain découvert récemment, et où vous vous retrouvez avec deux boeings dans la face. Qu'est-ce qui a changé depuis leur passage au Café de la Danse un an auparavant ? Certes, j'ai eu le temps de m'ennivrer jusqu'à plus soif de leur subtil rock noisy et mélodique, imprégné d'influences country, folk, jazz et soul. Mais ce soir-là, ils ont joué dans le rouge, et plus jamais je n'écouterai leurs albums de la même manière.
La soirée commence avec une première partie étonnante: un trio de hip-hop avec un batteur et un aboyeur à grosse présence et aux accents de James Brown. Ca manque un peu de guitare à mon goût, mais ça met bien en jambes en attendant la suite. Qui sera royale.
En entrée, un premier passage de noise mélodique mid tempo - 4 morceaux sans temps mort - clôturé par un "Pass The Hatchet" éléphantesque: 10 minutes en lévitation, arraché du sol par les envolées de batterie et les rugissements de guitare, en se cramponnant à 6 petites notes de basse martelées inlassablement par un James McNew imperturbable. On dirait du Jimi Hendrix concassé à la moulinette bruitiste et répétitive du Velvet Underground.
Atterrissage en douceur, dans la foulée, sur une sublime ballade mélancolique chantée par Georgia-la-batteuse-punchy-à-la-voix-de-Nico ("Tears Are In Your Eyes"). Un petit laïus humoristique de Ira-le-gratteux-fou sur l'amitié Sarkozy-Bush, et nous voilà embringués dans une séquence jazzy bien ficelée et rafraichissante.
Puis vient le moment d'attaquer la montée finale apocalyptique. Les morceaux s'enchainent à une telle vitesse que je perds le fil: du noise planant, de la surf music cradingue, du punk déglingué, des expérimentations indus, pour finir sur un morceau de bravoure qui m'a collé au plafond comme aucun depuis ma découverte de "Diamond sea", un soir de 1995, lors du mythique concert de Sonic Youth à l'Elysée-Montmartre: "The Story Of", une montée noise d'une dizaine de minutes, qui n'avait pas particulièrement retenu mon attention à la fin du dernier album. Tout l'art de Yo la Tengo tient dans ce final: qualité d'enchaînement des morceaux, capacité à faire surgir une mélodie d'un chaos apparent, puis à laisser le chaos reprendre le dessus, symbiose entre les trois musiciens, don de soi, plaisir de jouer...
Et alors que le public peine à reprendre son souffle pour demander un rappel, et attend une petite série de ballades country pour finir en douceur, le trio nous revient avec une cover bien troussée des bouillants Flamin' Groovies, puis avec une reprise débridée du "Nuclear War" de Sun Ra, avec en guest improvisé l'aboyeur de la première partie.
Et ce n'est toujours pas fini: priés de s'arrêter par les organisateurs, ils parviennent encore à placer la très jolie ballade country pop sucrée ("My Little Corner Of The World") qui clôture habituellement leurs concerts, sans oublier un bon gros plantage et plusieurs fou-rires en plein milieu.
Il existe donc encore des groupes de rock qui prennent leur pied à nous faire prendre le nôtre, même après plus de 20 ans de carrière...
La soirée commence avec une première partie étonnante: un trio de hip-hop avec un batteur et un aboyeur à grosse présence et aux accents de James Brown. Ca manque un peu de guitare à mon goût, mais ça met bien en jambes en attendant la suite. Qui sera royale.
En entrée, un premier passage de noise mélodique mid tempo - 4 morceaux sans temps mort - clôturé par un "Pass The Hatchet" éléphantesque: 10 minutes en lévitation, arraché du sol par les envolées de batterie et les rugissements de guitare, en se cramponnant à 6 petites notes de basse martelées inlassablement par un James McNew imperturbable. On dirait du Jimi Hendrix concassé à la moulinette bruitiste et répétitive du Velvet Underground.
Atterrissage en douceur, dans la foulée, sur une sublime ballade mélancolique chantée par Georgia-la-batteuse-punchy-à-la-voix-de-Nico ("Tears Are In Your Eyes"). Un petit laïus humoristique de Ira-le-gratteux-fou sur l'amitié Sarkozy-Bush, et nous voilà embringués dans une séquence jazzy bien ficelée et rafraichissante.
Puis vient le moment d'attaquer la montée finale apocalyptique. Les morceaux s'enchainent à une telle vitesse que je perds le fil: du noise planant, de la surf music cradingue, du punk déglingué, des expérimentations indus, pour finir sur un morceau de bravoure qui m'a collé au plafond comme aucun depuis ma découverte de "Diamond sea", un soir de 1995, lors du mythique concert de Sonic Youth à l'Elysée-Montmartre: "The Story Of", une montée noise d'une dizaine de minutes, qui n'avait pas particulièrement retenu mon attention à la fin du dernier album. Tout l'art de Yo la Tengo tient dans ce final: qualité d'enchaînement des morceaux, capacité à faire surgir une mélodie d'un chaos apparent, puis à laisser le chaos reprendre le dessus, symbiose entre les trois musiciens, don de soi, plaisir de jouer...
Et alors que le public peine à reprendre son souffle pour demander un rappel, et attend une petite série de ballades country pour finir en douceur, le trio nous revient avec une cover bien troussée des bouillants Flamin' Groovies, puis avec une reprise débridée du "Nuclear War" de Sun Ra, avec en guest improvisé l'aboyeur de la première partie.
Et ce n'est toujours pas fini: priés de s'arrêter par les organisateurs, ils parviennent encore à placer la très jolie ballade country pop sucrée ("My Little Corner Of The World") qui clôture habituellement leurs concerts, sans oublier un bon gros plantage et plusieurs fou-rires en plein milieu.
Il existe donc encore des groupes de rock qui prennent leur pied à nous faire prendre le nôtre, même après plus de 20 ans de carrière...
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Myfriendgoo |
Posté le 12 septembre 2007 à 23 h 44 |
Bravo MyfriendGoo ! J'ai jamais vu une chronique de concert arriver aussi vite sur X silence !... Ca c'est de la réactivité ! J'étais aussi aux 2 derniers concerts... Perso je n'ai pas trouvé ca mieux que l'an passé.
Pour moi:
*Le son était moins net qu'au Café de la Danse, enfin ca m'a semblé plus brouillon au début...
*J'ai trouvé Ira un peu trop lyrique au début (genre guitariste poseur quoi)... On avait l'impression qu'il cherchait quelque chose en étirant toujours le même solo noise sur un peu sur tous les morceaux... Peut-être aussi la pitié de voir ce pauvre James s'accrocher sur ses 3 notes pendant 10 minutes ???
C'est avec "Tears Are In Your Eyes" que, pour moi, ça a vraiment decollé... Un meilleur équilibre entre tous, des ambiances incroyables, des morceaux terriblement variés dans les styles. Deux heures de concerts où tout s'enchaîne comme à la parade. Outre les morceaux cités par MFGoo (mention spéciale pour la reprise de Sun Ra), j'ajouterai en plus "From A Motel 6" de Painful et "False Alarm" d'Electr O Pura tous deux réhabillés des plus beaux effets plus pour l'occasion...
Et puis à la fin on devient gourmand: l'an passé on avait eu, si ma mémoire est bonne "Story Of Yo La Tengo" en final, certes moins abouti que la version du Trabendo, mais en plus un "Blue Line Swinger" pour clore un des bis...
Bref, la je mets 19 parce que j'ai pas eu mes 2 desserts puis retrospectivement et en passant: 21 pour le Café de la Danse de l'an dernier...
Pour moi:
*Le son était moins net qu'au Café de la Danse, enfin ca m'a semblé plus brouillon au début...
*J'ai trouvé Ira un peu trop lyrique au début (genre guitariste poseur quoi)... On avait l'impression qu'il cherchait quelque chose en étirant toujours le même solo noise sur un peu sur tous les morceaux... Peut-être aussi la pitié de voir ce pauvre James s'accrocher sur ses 3 notes pendant 10 minutes ???
C'est avec "Tears Are In Your Eyes" que, pour moi, ça a vraiment decollé... Un meilleur équilibre entre tous, des ambiances incroyables, des morceaux terriblement variés dans les styles. Deux heures de concerts où tout s'enchaîne comme à la parade. Outre les morceaux cités par MFGoo (mention spéciale pour la reprise de Sun Ra), j'ajouterai en plus "From A Motel 6" de Painful et "False Alarm" d'Electr O Pura tous deux réhabillés des plus beaux effets plus pour l'occasion...
Et puis à la fin on devient gourmand: l'an passé on avait eu, si ma mémoire est bonne "Story Of Yo La Tengo" en final, certes moins abouti que la version du Trabendo, mais en plus un "Blue Line Swinger" pour clore un des bis...
Bref, la je mets 19 parce que j'ai pas eu mes 2 desserts puis retrospectivement et en passant: 21 pour le Café de la Danse de l'an dernier...
Exceptionnel ! ! 19/20
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