Yo La Tengo
There's A Riot Going On |
Label :
Matador |
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De l'ennui au rêve : Yo Lounge Tengo.
Les Yo La Tengo sont à un point de leur carrière où n'importe qui étant un tant soit peu familier avec le groupe du New Jersey est capable de les reconnaître sans faute au bout de dix secondes. Ce n'est pas un mince exploit étant donné qu'ils versent dans un style d'indie rock cotonneux qu'ils ont aidé à façonner et qui a été émulé par moult suiveurs moins doués. Il y a ce "son" Yo La Tengo, ce quelque chose indéfinissable qui leur appartient. Ils sont aussi à ce point où ils peuvent se permettre d'être simplement Yo La Tengo, sans avoir besoin de se mettre en danger outre mesure, de prendre des risques inconsidérés ou de sortir un orteil effronté hors de leur zone de confort, et quand même sortir un bon album.
Prenez ce There's A Riot Going On au titre énigmatique (on imagine difficilement le moindre rapport entre l'album de Sly & the Family Stone et celui-ci), il ne serait pas tout à fait exagéré de postuler qu'il ne s'y passe pas grand chose en soi. Si l'on excepte quelques pistes qui imposent un tempo plus soutenu (comme les friandises motorik "She May, She Might" et "For You Too"), on a affaire à des morceaux qui errent et se complaisent dans l'errance - que ce soit le long d'expérimentations drones planantes ou de bluettes lounge easy listening. Et pourtant... ça marche. Et pourtant elle tourne, la galette. Le vortex opère, et comme sur tout bon album du trio on se retrouve englouti dans une mare douce et accueillante de son et de mélodies qui viennent d'autant plus caresser le creux de nos tympans qu'ici le travail sur le son lui-même constitue toute la moelle du disque. Le groupe parvient presque à nous tenir accroché pendant une heure entière rien qu'avec du sound-design, avec des détails dans les arrangements qui viennent chatouiller exactement au bon endroit tandis que la maîtrise des nappes cotonneuses lo-fi s'occupent d'engourdir nos sens. Je dis presque car d'une part "accroché" n'est peut-être pas un terme très adapté vu comme ils nous laissent l'espace de vaquer à notre guise dans un ennui léger, et d'autre part s'il est vrai qu'une bonne partie du disque s'attèle à nous bercer dans la face la plus posée (voire quasi-ambient par moment) de YLT, il ne serait pas juste de passer sous silence les quelques trouvailles de songwriting qui parsèment la tracklist.
Mais voilà, les "stars" de ce spectacle fort éthéré, ce sont plutôt les "Dream Dream Away" (superbe méditation qui construit un monde avec de simples accords grattés sereinement dans le vide alentour, avant de nous emmener dans une caverne abstraite où l'on peut entendre des choeurs Bon-Iveresques lointains...), les "Shortwave" (drone languide qui regarde les étoiles) et les "Above the Sound" (qui met en scène un plancher rythmique fuyant et fourni, en constant déséquilibre maîtrisé), un trio qui amène There's A Riot en terrain planant, abstrait, expérimental pourrait-on même dire, capitalisant sur la seule atmosphère de compositions plus centrées sur le son que sur la mélodie. Après cela, c'est le côté "lounge" du groupe qui s'exprime davantage. Moins fascinant forcément, mais plus aisé et charmant, le trio ayant toujours eu son chic pour mettre en forme de petites bluettes inconséquentes mais qui font du bien à l'humeur.
Serein, le visage détendu et un sourire aux lèvres, on ressort de cette nouvelle fournée avec un regard nouveau sur ce fameux titre... There's A Riot Going On. Nous vivons certes une époque troublée et pessimiste... et si Georgia Hubley, Ira Kaplan et James McNew s'étaient proposés avec ce disque de coller un pansement sur nos angoisses en nous murmurant des mots rassurants à l'oreille et en nous donnant l'espace... de s'ennuyer diront certains, de rêver rétorquerai-je.
Les Yo La Tengo sont à un point de leur carrière où n'importe qui étant un tant soit peu familier avec le groupe du New Jersey est capable de les reconnaître sans faute au bout de dix secondes. Ce n'est pas un mince exploit étant donné qu'ils versent dans un style d'indie rock cotonneux qu'ils ont aidé à façonner et qui a été émulé par moult suiveurs moins doués. Il y a ce "son" Yo La Tengo, ce quelque chose indéfinissable qui leur appartient. Ils sont aussi à ce point où ils peuvent se permettre d'être simplement Yo La Tengo, sans avoir besoin de se mettre en danger outre mesure, de prendre des risques inconsidérés ou de sortir un orteil effronté hors de leur zone de confort, et quand même sortir un bon album.
Prenez ce There's A Riot Going On au titre énigmatique (on imagine difficilement le moindre rapport entre l'album de Sly & the Family Stone et celui-ci), il ne serait pas tout à fait exagéré de postuler qu'il ne s'y passe pas grand chose en soi. Si l'on excepte quelques pistes qui imposent un tempo plus soutenu (comme les friandises motorik "She May, She Might" et "For You Too"), on a affaire à des morceaux qui errent et se complaisent dans l'errance - que ce soit le long d'expérimentations drones planantes ou de bluettes lounge easy listening. Et pourtant... ça marche. Et pourtant elle tourne, la galette. Le vortex opère, et comme sur tout bon album du trio on se retrouve englouti dans une mare douce et accueillante de son et de mélodies qui viennent d'autant plus caresser le creux de nos tympans qu'ici le travail sur le son lui-même constitue toute la moelle du disque. Le groupe parvient presque à nous tenir accroché pendant une heure entière rien qu'avec du sound-design, avec des détails dans les arrangements qui viennent chatouiller exactement au bon endroit tandis que la maîtrise des nappes cotonneuses lo-fi s'occupent d'engourdir nos sens. Je dis presque car d'une part "accroché" n'est peut-être pas un terme très adapté vu comme ils nous laissent l'espace de vaquer à notre guise dans un ennui léger, et d'autre part s'il est vrai qu'une bonne partie du disque s'attèle à nous bercer dans la face la plus posée (voire quasi-ambient par moment) de YLT, il ne serait pas juste de passer sous silence les quelques trouvailles de songwriting qui parsèment la tracklist.
Mais voilà, les "stars" de ce spectacle fort éthéré, ce sont plutôt les "Dream Dream Away" (superbe méditation qui construit un monde avec de simples accords grattés sereinement dans le vide alentour, avant de nous emmener dans une caverne abstraite où l'on peut entendre des choeurs Bon-Iveresques lointains...), les "Shortwave" (drone languide qui regarde les étoiles) et les "Above the Sound" (qui met en scène un plancher rythmique fuyant et fourni, en constant déséquilibre maîtrisé), un trio qui amène There's A Riot en terrain planant, abstrait, expérimental pourrait-on même dire, capitalisant sur la seule atmosphère de compositions plus centrées sur le son que sur la mélodie. Après cela, c'est le côté "lounge" du groupe qui s'exprime davantage. Moins fascinant forcément, mais plus aisé et charmant, le trio ayant toujours eu son chic pour mettre en forme de petites bluettes inconséquentes mais qui font du bien à l'humeur.
Serein, le visage détendu et un sourire aux lèvres, on ressort de cette nouvelle fournée avec un regard nouveau sur ce fameux titre... There's A Riot Going On. Nous vivons certes une époque troublée et pessimiste... et si Georgia Hubley, Ira Kaplan et James McNew s'étaient proposés avec ce disque de coller un pansement sur nos angoisses en nous murmurant des mots rassurants à l'oreille et en nous donnant l'espace... de s'ennuyer diront certains, de rêver rétorquerai-je.
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
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