Nick Cave And The Bad Seeds
Skeleton Tree |
Label :
Bad Seed Ltd. |
||||
Nick Cave est sans aucun doute un grand songwriter, mais pas un artiste solo. Il a toujours été entouré de ses Bad Seeds et minimiser leur rôle dans sa musique serait une erreur. Le jour où le grand Blixa Bargled est parti pour se consacrer à Einstürzende Neubauten a du être un coup dur pour l'Australien. Mais le plus dur a sans doute été quand Mick Harvey (co-fondateur du groupe et multi-instrumentiste de talent) à son tour a décidé de quitter le navire. Il a du se sentir seul le Nicky, plus personne pour arranger et peaufiner ses belles chansons. Plus personne ? Non pas exactement, au sein des Bad Seeds lui reste le fidèle compagnon Warren Ellis, avec qui il a déjà écrit quelques B.O. et partagé l'aventure Grinderman. Les Bad Seeds ne sont pas morts, loin de là. Il faut juste s'habituer à cette nouvelle formule, cette monture épurée, qu'ils se rodent. C'est un peu ce que fait ressentir l'album Push The Sky Away. L'album est loin d'être mauvais et contient quelques très bonnes chansons mais il manque d'homogénéité, d'un petit quelque chose pour convaincre complétement. L'écriture des deux lascars n'est pas encore en osmose parfaite.
Est-ce la tragédie qu'a connu Nick Cave qui a encore davantage rapproché les deux hommes? En tout cas, sur cet album Skeleton Tree, ils sont complétement en phase et accouchent d'un grand disque, un disque crépusculaire qui marquera la longue discographie de Nick Cave. Huit chansons à la beauté sombre qui nous plongent dans un océan de noirceur pour venir nous repêcher sur le dernier morceau avec une note plus optimiste. Après plus de 30 ans de carrière Nick Cave et ses Bad Seeds continuent de sortir des disques essentiels. Qui peut en dire autant?
Est-ce la tragédie qu'a connu Nick Cave qui a encore davantage rapproché les deux hommes? En tout cas, sur cet album Skeleton Tree, ils sont complétement en phase et accouchent d'un grand disque, un disque crépusculaire qui marquera la longue discographie de Nick Cave. Huit chansons à la beauté sombre qui nous plongent dans un océan de noirceur pour venir nous repêcher sur le dernier morceau avec une note plus optimiste. Après plus de 30 ans de carrière Nick Cave et ses Bad Seeds continuent de sortir des disques essentiels. Qui peut en dire autant?
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Papagui |
Posté le 27 septembre 2019 à 13 h 21 |
Le départ est obscur. Une pochette entièrement noire, une police verte années 80, la pochette intérieure similaire sur le recto, au verso Nick Cave au piano avec un éclairage à la fois sombre et éblouissant.
Cette photo résume les huit titres de ce très court Skeleton Tree.
Le premier titre nous happe, nous entraîne dans un tunnel sonore synthétique où surnagent une lointaine caisse claire et quelques coups de cymbales, de courtes phrases de piano. La voix grave de Nick Cave par dessus, à laquelle s'ajoute un bourdon aigu lancinant que l'on retrouvera plus tard sur d'autres morceaux. Vers la fin, il double lui-même sa voix avec une tonalité plaintive. Et ça s'arrête net.
Le suivant, est là pour nous rassurer un petit peu, tout n'est pas perdu. Toujours ce fond sonore traité comme une pâte qui s'étire, se rétracte, redevient compacte ; les instruments sont lointainement de retour. La voix est un peu plus claire, plus vivante.
L'album progresse dans cette ambiance sombre, sourde. La structure des morceaux est très libre, ne cherchez pas de couplets ou de refrains, il n'y en a pas.
Le travail en commun effectué avec Warren Ellis sur les BO est très influent sur les sonorités et le climat de ce disque. La différence essentielle vient des voix. Tout d'abord Nick Cave lui-même : toujours sa voix caverneuse, sombre, avec une tristesse que l'on ressent physiquement. Les chœurs ensuite. Soit un doublage par sa propre voix transformée, malaxée, déformée par la douleur et/ou par la technique. Soit des choeurs très aériens, éthérés, quasi religieux. Qui passent comme des anges.
Sur "I Need You", le chant et les choeurs sont très en avant, Nick Cave implore, déclame un amour incroyable. C'est le temps fort du disque.
Le morceau suivant, "Distant Sky", est presque serein, il a trouvé la tranquillité, le repos. Il est accompagné par la chanteuse lyrique Else Torp, sa voix est l'ange retrouvé. Il faut l'écouter sur "My Heart In The Highland" d'Arvo Pärt, c'est féerique, et c'est aussi la raison pour laquelle Nick Cave l'a sollicitée.
Pour finir ce disque, le morceau titre, le seul où l'on entend très clairement chaque instrument. Nick Cave chante d'une façon plus relâchée. C'est la fin, ou un commencement, on revient sur Terre.
Push The Sky Away me semblait être le sommet de sa discographie, Skeleton Tree le surpasse, de très loin.
Durant l'enregistrement de ce disque, le plus jeune fils de Nick Cave est décédé. A priori, cela n'a pas modifié l'orientation musicale déjà très avancée, par contre, les textes, enregistrés en dernier sont très influencés par ce malheur. Cet album est sublime, mais le prix payé par Nick Cave est tragique.
Cette photo résume les huit titres de ce très court Skeleton Tree.
Le premier titre nous happe, nous entraîne dans un tunnel sonore synthétique où surnagent une lointaine caisse claire et quelques coups de cymbales, de courtes phrases de piano. La voix grave de Nick Cave par dessus, à laquelle s'ajoute un bourdon aigu lancinant que l'on retrouvera plus tard sur d'autres morceaux. Vers la fin, il double lui-même sa voix avec une tonalité plaintive. Et ça s'arrête net.
Le suivant, est là pour nous rassurer un petit peu, tout n'est pas perdu. Toujours ce fond sonore traité comme une pâte qui s'étire, se rétracte, redevient compacte ; les instruments sont lointainement de retour. La voix est un peu plus claire, plus vivante.
L'album progresse dans cette ambiance sombre, sourde. La structure des morceaux est très libre, ne cherchez pas de couplets ou de refrains, il n'y en a pas.
Le travail en commun effectué avec Warren Ellis sur les BO est très influent sur les sonorités et le climat de ce disque. La différence essentielle vient des voix. Tout d'abord Nick Cave lui-même : toujours sa voix caverneuse, sombre, avec une tristesse que l'on ressent physiquement. Les chœurs ensuite. Soit un doublage par sa propre voix transformée, malaxée, déformée par la douleur et/ou par la technique. Soit des choeurs très aériens, éthérés, quasi religieux. Qui passent comme des anges.
Sur "I Need You", le chant et les choeurs sont très en avant, Nick Cave implore, déclame un amour incroyable. C'est le temps fort du disque.
Le morceau suivant, "Distant Sky", est presque serein, il a trouvé la tranquillité, le repos. Il est accompagné par la chanteuse lyrique Else Torp, sa voix est l'ange retrouvé. Il faut l'écouter sur "My Heart In The Highland" d'Arvo Pärt, c'est féerique, et c'est aussi la raison pour laquelle Nick Cave l'a sollicitée.
Pour finir ce disque, le morceau titre, le seul où l'on entend très clairement chaque instrument. Nick Cave chante d'une façon plus relâchée. C'est la fin, ou un commencement, on revient sur Terre.
Push The Sky Away me semblait être le sommet de sa discographie, Skeleton Tree le surpasse, de très loin.
Durant l'enregistrement de ce disque, le plus jeune fils de Nick Cave est décédé. A priori, cela n'a pas modifié l'orientation musicale déjà très avancée, par contre, les textes, enregistrés en dernier sont très influencés par ce malheur. Cet album est sublime, mais le prix payé par Nick Cave est tragique.
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