Thee Silver Mount Zion

Colmar [Le Grillen] - dimanche 22 avril 2007

Dimanche 22 avril, plutôt que d'attendre le triomphe prévu de Sarkozy et se faire une soirée électorale chiante, je me suis fait un petit concert avec mon frangin et son pote. Bon, j'ai voté, pas pour quelqu'un (enfin si, Royal, en fait) mais surtout contre Le Pen et Sarkozy. Alors, gros soulagement à 20h à la radio quand le leader frontiste était hors course. Plus qu'à prendre les places au guichet du Grillen à Colmar pour assister à mon deuxième concert dans cette minuscule salle qui accueille à nouveau les immenses canadiens de Thee Silver Mount Zion Memorial Orchestra and Tra-la-la Band. Et là, comment l'expliquer? Comme la première fois, la magie a opérée. Dans un silence presque religieux, le groupe a hypnotisé le public pendant presque deux heures, délivrant une prestation... mystique. Tour à tour puissamment lyrique, silencieusement sombre, désespéré, mais aussi cataclysmique, la musique des canadiens est une expérience sensorielle unique. Physique, quand on essaye de résister à ses lentes vagues de crescendo qui enflent inlassablement, quand on subit les effets de ses tempêtes électriques. Emotionnelle quand on se laisse aller à la mélancolie fragile des cordes de ses muses (le trio de cordes, toujours sublime...), ou qu'on fond littéralement sous les complaintes désespérées des choeurs et de Efrim, un chanteur littéralement habité par sa musique. Mais içi, point d'égo surdimensionné et de pose rock'n'roll. Les canadiens sont humbles, jusque dans leur comportement scénique. Quand presque tous les groupes font face à leur public, batterie au centre et chanteur devant, les canadiens offrent une formation originale. De profil au public, les uns face aux autres (la batterie est en retrait), comme pour se renvoyer cette énergie, la concentrer, la transmettre à la salle et ainsi laisser se déclencher ces explosions qui auront ébranlé le public durant tout le concert. Autre qualité: le son. Loin d'être noyés sous l'electricité ou les coup de boutoir de la section rythmique (batterie-contrebasse), les cordes embellissent l'ensemble, accentuent la tension, participent de l'ambiance "This is the end of the world but we're still full of hope" de la musique de ces génies canadiens. Oui, j'ose. Pendant toute la durée du concert, je suis resté "connecté", sous l'emprise de cette musique. Et pourtant, chaque morceau est une épreuve de longue haleine (en général au moins une dizaine de minutes). Mais je fus ébranlé par ces envolées lyriques, ces crescendos héroïques, ces grondements telluriques. Et touché, ému par ces chants habités, ces silences mélancoliques, ce désespoir magnifique. Un moment unique. Dans un monde où l'on fait rimer vente de disque ou audimat avec crédibilité artistique, c'est un cinglant démenti que ce groupe a offert aux privilégiés (peu nombreux, tant pis pour les autres) présents qui auront en guise de remerciement chaudement applaudi le groupe plusieurs minutes durant, espérant un deuxième rappel. La musique n'est pas morte, non, les génies existent encore!

Une fleur qui renait sur les ruines fumantes du monde.


Exceptionnel ! !   19/20
par Sonicdragao


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