Magma
Attahk |
Label :
Seventh |
||||
Que s'est-il passé en 1977 ? Difficile de vous dire, j'étions pô né. Mais musicalement, quelques infos quand même: Queen sort son fabuleux News Of The World avec les désormais classiques "We Will Rock You" et "We Are The Champions" (mais c'est pas les meilleures de l'album, loin de là...). Du côté des Floyd, Waters commence à virer aliéné mégalo sur le cynique Animals...
Bref, une année pas vide concernant la scène musicale. Surtout pour le combo de Chrisitan Vander : finis les délires expérimentaux de plus de vingt minutes: Magma "vulgarise" ses sonorités et ouvre ses portes à un plus large public, en enregistrant un nouvel opus dans le château d'Hérouville de septembre à novembre 77. Bien évidemment, beaucoup d'oreilles prudes se sont offusquées devant cette ‘entartete musik' au langage incompréhensible (mais tu peux pas comprendre-euh, c'est du kobaïen!).
Tant pis pour eux... Parce que cet album-là est un vrai petit bijou.
Sept morceaux constituant un concept album des plus nobles qui soient. Voilà comment il commence: "The Last Seven Minutes" entre en fanfare avec une batterie déchaînée et un riff de guitare assassin. Ce morceau semble retracer tout ce qui fut produit par le combo depuis la sortie de Kobaïa en 1970. Chaque minute serait donc la rétrospective d'une année? En tout cas, la voix de Vander subit une véritable métamorphose entre le début et la fin de ce morceau. Passer d'un vrombissement fantomatique à des cris suraigus propre à la transe de Joliet Jack dans les Blues Brothers; on dira ce qu'on voudra, mais 'faut le faire!
Puis vient "Spiritual", sorte de gospel toujours aussi allumé. Le début semble prévoir une plage assez calme. Que nenni, mes amis! Vous êtes chez Magma, pas chez Delerm! Vander part encore une fois dans des délires vocaux aux accointances Klaus-Nomiennes, avec derrière lui des choeurs tout aussi enthousiastes. Avec son piano au gimmick implacable, Vander signe ici peut-être le plus beau morceau d'Attahk.
"Rind/ë" sert d'intro à la chanson suivante, où les arpèges lyriques du piano se fondent avec des mélismes de Vander dignes de la Castafiore... "Liriïk Necronomicus Kanht" lui enboîte vite le pas, avec une ligne de basse bien disco, et les plusieurs voix comme chantées avec le nez. Dans l'histoire, c'est apparemment les retrouvailles des deux personnages, Ourgön et Görgo, dessinés par HR Giger sur la pochette; qui sont célébrées dans cette chanson.
La face B commence avec le morceau "'Maahnt", qu'on peut qualifier d'assez effrayant. On croit entendre au début une alarme jouée à la basse, puis qui part en atonal. La batterie installe une énorme tension, qui ne tarde pas à éclater avec ses bruits de monstre répondant au petit Christian tout apeuré. N'empêche que c'est lui qui vainquera le "Diable" (comme c'est stipulé dans l'annotation du morceau). On entend alors des voix bizarres chantonner "Pöôoõm Pooööõm Piiiïdômmmh"... Tout va mieux désormais, on vous assure!
"Dondaï" est un morceau qu'on pourrait qualifier d'hommage à la Motown. Les rythmiques apaisées de la basse et du piano laissent libre champ à la voix toujours aussi délirante de Vander, accompagné de sa femme Stella et de Klaus Blasquiz aux choeurs.
L'album se clôture sur "Nono", au gimmick de basse hypnotique, sorte de marche funèbre et mystique, qui dévoile bien le désir de Magma d'accéder à une musique "céleste". C'est l'aboutissement de plus d'une demi-heure de musique inclassable, parfois un peu kitsch, parfois un peu altérée par l'âge, mais qui confirme et scelle l'avant-gardisme du groupe pour son époque. Puisant ses sources dans le jazz de John Coltrane et Stravinsky, s'apparentant aux tarés des Mothers of Invention de Zappa; Vander entraîne l'auditeur dans des sphères insoupçonnées, parfois un peu bâclées sur cet album, mais profondément jouissives dans l'ensemble.
Un véritable chef-d'oeuvre, que beaucoup considèrent comme le dernier véritable Magma. Les amateurs de Godspeed! + A Silver Mt. Zion, du premier Sigur Ròs, de Mùm ou encore de Mogwai y trouveront certainement leur compte... Alors Hür!
Bref, une année pas vide concernant la scène musicale. Surtout pour le combo de Chrisitan Vander : finis les délires expérimentaux de plus de vingt minutes: Magma "vulgarise" ses sonorités et ouvre ses portes à un plus large public, en enregistrant un nouvel opus dans le château d'Hérouville de septembre à novembre 77. Bien évidemment, beaucoup d'oreilles prudes se sont offusquées devant cette ‘entartete musik' au langage incompréhensible (mais tu peux pas comprendre-euh, c'est du kobaïen!).
Tant pis pour eux... Parce que cet album-là est un vrai petit bijou.
Sept morceaux constituant un concept album des plus nobles qui soient. Voilà comment il commence: "The Last Seven Minutes" entre en fanfare avec une batterie déchaînée et un riff de guitare assassin. Ce morceau semble retracer tout ce qui fut produit par le combo depuis la sortie de Kobaïa en 1970. Chaque minute serait donc la rétrospective d'une année? En tout cas, la voix de Vander subit une véritable métamorphose entre le début et la fin de ce morceau. Passer d'un vrombissement fantomatique à des cris suraigus propre à la transe de Joliet Jack dans les Blues Brothers; on dira ce qu'on voudra, mais 'faut le faire!
Puis vient "Spiritual", sorte de gospel toujours aussi allumé. Le début semble prévoir une plage assez calme. Que nenni, mes amis! Vous êtes chez Magma, pas chez Delerm! Vander part encore une fois dans des délires vocaux aux accointances Klaus-Nomiennes, avec derrière lui des choeurs tout aussi enthousiastes. Avec son piano au gimmick implacable, Vander signe ici peut-être le plus beau morceau d'Attahk.
"Rind/ë" sert d'intro à la chanson suivante, où les arpèges lyriques du piano se fondent avec des mélismes de Vander dignes de la Castafiore... "Liriïk Necronomicus Kanht" lui enboîte vite le pas, avec une ligne de basse bien disco, et les plusieurs voix comme chantées avec le nez. Dans l'histoire, c'est apparemment les retrouvailles des deux personnages, Ourgön et Görgo, dessinés par HR Giger sur la pochette; qui sont célébrées dans cette chanson.
La face B commence avec le morceau "'Maahnt", qu'on peut qualifier d'assez effrayant. On croit entendre au début une alarme jouée à la basse, puis qui part en atonal. La batterie installe une énorme tension, qui ne tarde pas à éclater avec ses bruits de monstre répondant au petit Christian tout apeuré. N'empêche que c'est lui qui vainquera le "Diable" (comme c'est stipulé dans l'annotation du morceau). On entend alors des voix bizarres chantonner "Pöôoõm Pooööõm Piiiïdômmmh"... Tout va mieux désormais, on vous assure!
"Dondaï" est un morceau qu'on pourrait qualifier d'hommage à la Motown. Les rythmiques apaisées de la basse et du piano laissent libre champ à la voix toujours aussi délirante de Vander, accompagné de sa femme Stella et de Klaus Blasquiz aux choeurs.
L'album se clôture sur "Nono", au gimmick de basse hypnotique, sorte de marche funèbre et mystique, qui dévoile bien le désir de Magma d'accéder à une musique "céleste". C'est l'aboutissement de plus d'une demi-heure de musique inclassable, parfois un peu kitsch, parfois un peu altérée par l'âge, mais qui confirme et scelle l'avant-gardisme du groupe pour son époque. Puisant ses sources dans le jazz de John Coltrane et Stravinsky, s'apparentant aux tarés des Mothers of Invention de Zappa; Vander entraîne l'auditeur dans des sphères insoupçonnées, parfois un peu bâclées sur cet album, mais profondément jouissives dans l'ensemble.
Un véritable chef-d'oeuvre, que beaucoup considèrent comme le dernier véritable Magma. Les amateurs de Godspeed! + A Silver Mt. Zion, du premier Sigur Ròs, de Mùm ou encore de Mogwai y trouveront certainement leur compte... Alors Hür!
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Nimaro |
Posté le 22 juillet 2009 à 08 h 19 |
La contribution des français à la musique pop/rock, au sens le plus large, aura été minimale. Même les québécois, pourtant une poignée de coureurs de bois, auront fait davantage. Souvent pitoyables ou grotesques, quand ce n'est pas pire (et ce n'est pas le pire qui manque), les Français auront été au mieux bénins. Magma est le groupe qui fait exception (il y a toujours des exceptions à ce genre de règles). Pourtant ce n'est pas pour entonner un hymne patriotique que j'entame cette chronique. Pour une excellente raison : durant des années, j'ai écouté cette musique sans même soupçonner qu'elle pouvait venir de France, et comble de l'ironie, fruit d'un natif du département où j'écris ces lignes.
Ce disque, Attahk (il faudrait que je vérifie l'orthographe : le kobaïen n'est pas ma spécialité) est peut-être la plus belle histoire qui me soit arrivée en musique : vous savez, le genre d'histoires où vous cherchez très longtemps quelque chose, ou quelqu'un, et où vous finissez par trouver. Il faut que je vous la raconte. Mon enquête a commencé longtemps après la parution du disque en question, et en fait longtemps après que le groupe ait disparu, lorsque j'ai entendu pour la première fois la musique de ce groupe. C'était à la radio. Et, distraction de ma part, ou absence d'information du "disc-jockey" (encore un mot à vérifier), le nom du groupe ou de l'artiste m'est resté inconnu. Heureusement, j'avais eu la présence d'esprit d'appuyer sur le bouton "enregistrer".
Ma première impression a été extraordinaire : une musique qui ne ressemblait à rien, originale en diable, alliant la froide puissance du boa constrictor et la grâce folle d'un derviche tourneur en pleine crise. Le langage utilisé n'était pas clair. Je croyais entendre quelques mots d'anglais perdus au milieu de ce baragouin, mais j'en entendais aussi quelques autres mal identifiables, peut-être du néerlandais ou du javanais. Diable ! D'où est-ce qu'ils sortaient ces gars-là ? (je dis "ils" car j'avais repéré les 2 voix solistes masculines contrastées, grave/aiguë, me faisant supposer qu'il s'agissait d'un groupe). Ou bien des extraterrestres qui avaient parasité ma radio, ce qui aurait expliqué l'absence d'annonce ? Cela y ressemblait en tout cas.
Durant encore des années, je suis resté avec mon mauvais enregistrement, cherchant vainement à apprendre le nom de ce groupe mystérieux. En fait, mes recherches étaient biaisées dès le départ car j'avais éliminé d'office les groupes français, suivant la règle indiquée plus haut. Le nom de Magma ne m'était pas inconnu mais leur musique oui, et je supposais, au vu de leur pedigree, qu'il s'agissait d'un de ces innombrables groupes hippies alliant l'amateurisme à la franchouillardise ordinaire. Pas mon genre. Finalement, je tombai par hasard sur un article parlant de ce groupe et j'appris qu'ils avaient inventé leur propre langage, le kobaïen. Tiens, tiens, me dis-je. J'allai donc chez mon disquaire et farfouillai dans les M. Sur mon enregistrement ne figuraient que 2 titres tronqués, peut-être fortement. Néanmoins certaines syllabes répétées m'avaient marqué : "don daï", que je croyais être alors "don't die". Et voilà que l'un des titres de l'album que je tenais entre les mains s'appelait justement : "Dondaï (To An Eternal Love"). Du kobaïen + de l'anglais. Le sous-titre convenait parfaitement car l'écoute de cette musique me procurait à chaque fois le sentiment que j'étais immortel, ou éternel, sentiment dangereux mais très agréable.
J'achetai le disque, le posai sur la platine et... bingo, en plein dans le mille ! J'avais enfin trouvé. Ma longue quête avait pris fin. "Seven Minutes" était en effet l'un des 2 morceaux enregistrés.
Voilà.
Avec le recul, était-ce vraiment aussi bon ? Réponse : Oui pour les 2 titres dont j'ai parlé. "Gospel" est également de ce tonneau (miraculeux, divin, bachique, etc). En revanche, comme toujours avec Vander, il y a de fortes inégalités : du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas. "Maahnt" présente certaines petites incongruités que je vous laisse découvrir - des vulgarités comme l'admet lui-même Vander - rendant l'écoute un peu pénible. Et "Nono", après un début excellent offre le plus laid solo de guitare qu'on ait jamais osé posé sur de la bonne musique (le pire étant néanmoins la pochette, hideuse : personnellement, je l'ai retournée pour ne plus la voir). "Lirik Necronomicus Kant" et l'instrumental "Rindë" sont eux plutôt bons, mais sans atteindre le niveau des 3 précités.
Néanmoins il y a là 3 véritables joyaux qui entreront probablement au panthéon du rock, un jour ou l'autre. "Dondaï", toute nostalgie mise de côté, est certainement ce que Vander a fait de mieux, et donc, pour l'heure ce que ce pays a produit de mieux en la matière.
Ce disque, Attahk (il faudrait que je vérifie l'orthographe : le kobaïen n'est pas ma spécialité) est peut-être la plus belle histoire qui me soit arrivée en musique : vous savez, le genre d'histoires où vous cherchez très longtemps quelque chose, ou quelqu'un, et où vous finissez par trouver. Il faut que je vous la raconte. Mon enquête a commencé longtemps après la parution du disque en question, et en fait longtemps après que le groupe ait disparu, lorsque j'ai entendu pour la première fois la musique de ce groupe. C'était à la radio. Et, distraction de ma part, ou absence d'information du "disc-jockey" (encore un mot à vérifier), le nom du groupe ou de l'artiste m'est resté inconnu. Heureusement, j'avais eu la présence d'esprit d'appuyer sur le bouton "enregistrer".
Ma première impression a été extraordinaire : une musique qui ne ressemblait à rien, originale en diable, alliant la froide puissance du boa constrictor et la grâce folle d'un derviche tourneur en pleine crise. Le langage utilisé n'était pas clair. Je croyais entendre quelques mots d'anglais perdus au milieu de ce baragouin, mais j'en entendais aussi quelques autres mal identifiables, peut-être du néerlandais ou du javanais. Diable ! D'où est-ce qu'ils sortaient ces gars-là ? (je dis "ils" car j'avais repéré les 2 voix solistes masculines contrastées, grave/aiguë, me faisant supposer qu'il s'agissait d'un groupe). Ou bien des extraterrestres qui avaient parasité ma radio, ce qui aurait expliqué l'absence d'annonce ? Cela y ressemblait en tout cas.
Durant encore des années, je suis resté avec mon mauvais enregistrement, cherchant vainement à apprendre le nom de ce groupe mystérieux. En fait, mes recherches étaient biaisées dès le départ car j'avais éliminé d'office les groupes français, suivant la règle indiquée plus haut. Le nom de Magma ne m'était pas inconnu mais leur musique oui, et je supposais, au vu de leur pedigree, qu'il s'agissait d'un de ces innombrables groupes hippies alliant l'amateurisme à la franchouillardise ordinaire. Pas mon genre. Finalement, je tombai par hasard sur un article parlant de ce groupe et j'appris qu'ils avaient inventé leur propre langage, le kobaïen. Tiens, tiens, me dis-je. J'allai donc chez mon disquaire et farfouillai dans les M. Sur mon enregistrement ne figuraient que 2 titres tronqués, peut-être fortement. Néanmoins certaines syllabes répétées m'avaient marqué : "don daï", que je croyais être alors "don't die". Et voilà que l'un des titres de l'album que je tenais entre les mains s'appelait justement : "Dondaï (To An Eternal Love"). Du kobaïen + de l'anglais. Le sous-titre convenait parfaitement car l'écoute de cette musique me procurait à chaque fois le sentiment que j'étais immortel, ou éternel, sentiment dangereux mais très agréable.
J'achetai le disque, le posai sur la platine et... bingo, en plein dans le mille ! J'avais enfin trouvé. Ma longue quête avait pris fin. "Seven Minutes" était en effet l'un des 2 morceaux enregistrés.
Voilà.
Avec le recul, était-ce vraiment aussi bon ? Réponse : Oui pour les 2 titres dont j'ai parlé. "Gospel" est également de ce tonneau (miraculeux, divin, bachique, etc). En revanche, comme toujours avec Vander, il y a de fortes inégalités : du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas. "Maahnt" présente certaines petites incongruités que je vous laisse découvrir - des vulgarités comme l'admet lui-même Vander - rendant l'écoute un peu pénible. Et "Nono", après un début excellent offre le plus laid solo de guitare qu'on ait jamais osé posé sur de la bonne musique (le pire étant néanmoins la pochette, hideuse : personnellement, je l'ai retournée pour ne plus la voir). "Lirik Necronomicus Kant" et l'instrumental "Rindë" sont eux plutôt bons, mais sans atteindre le niveau des 3 précités.
Néanmoins il y a là 3 véritables joyaux qui entreront probablement au panthéon du rock, un jour ou l'autre. "Dondaï", toute nostalgie mise de côté, est certainement ce que Vander a fait de mieux, et donc, pour l'heure ce que ce pays a produit de mieux en la matière.
Exceptionnel ! ! 19/20
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