Nits
Paris [Le Trianon] - lundi 06 mars 2006 |
Ce soir, les Nits nous avaient donné rendez-vous au Trianon, ce petit théâtre de Montmartre au charme désuet. C'est, paraît-il, dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes ? N'empêche que ce grandissime groupe hollandais propose depuis trente ans une pop luxueuse qui s'est toujours maintenue à des années-lumières de la soupe musicale habituellement servie sur les ondes. Et ce n'est pas leur dernier album, le cosmique Les Nuits, qui déroge à la règle, marquant même un retour de flamme après quelques opus un peu décevants.
Pour commencer, une bonne surprise: la première partie est assurée par le sympathique Joseph d'Anvers, qui interprète seul sur scène des chansons où il est beaucoup question d'amours agonisantes et de ruptures douloureuses. S'accompagnant à la guitare acoustique puis électrique, il me fait un peu penser à Dominique A, autant par son style hypertendu que par son timbre de voix à la fois doux et lancinant. Même que dans ma grande imbécillité, je me suis demandé, avant qu'il ne se présente, s'il ne s'appelait pas ‘Dominique B', par hasard. Mais toute espèce d'ironie mise à part, sa prestation est plus qu'estimable.
Puis vient le tour de mes p'tits poux préférés. Ils ne sont que trois sur scène, trois amis de trente ans qui constituent l'ossature historique du groupe: Henk Hofstede (chant et guitare acoustique), Robert Jan Stips (piano) et Rob Kloet (batterie). Concernant ce dernier, il faut préciser que son instrument est réduit au strict minimum: un tambour et une caisse, pas de cymbales. Henk Hofstede est assis au milieu, avec ses deux compères tout près de lui. Le récital commence avec "Sketches of Spain", tandis que défilent sur un écran les célèbres photos que Robert Capa avaient prises lors de la guerre civile espagnole. C'est ensuite "Cars & Cars", envoûtante, avec un impressionnant crescendo final. Malgré le minimalisme de leur instrumentation, les Nits nous délivrent une musique d'une intensité incroyable. Leur magie est à l'œuvre, qui continue d'opérer avec deux superbes versions de "A Touch Of Henry Moore" et "Giant Normal Dwarf". En plus, ils ne semblent pas se prendre au sérieux, et concluent leurs chansons en se regardant d'un air complice, tandis qu'ils chantent en chœur ou gesticulent comme des automates avant de s'esclaffer comme des collégiens. Nous avons droit à "The Milkman", avec sa mélodie tendre et mélancolique, puis à une chanson en hollandais dont le titre signifie "Le Vase Rouge", d'après ce que nous explique Henk Hofstede. Il confirme son humour et sa modestie en s'excusant des accents un peu rêches de son chant: "Ha oui, il y a beaucoup de ‘rrssh' ! But don't be afraid, it's just our language...". C'est à ce moment que le concert atteint son apogée avec la sublime "Nescio", évocation élégiaque de la dolce vita, suivi de "The Long Song", petit chef d'œuvre tiré de leur dernier album.
Et puis, après un "J.O.S. Days" plein de fraîcheur, changement de décor. Robert Jan Stips remplace par un synthé le piano dont il tirait des trilles cristallines. Quant à Rob Kloet, il hérite d'une batterie taille XXL, avec une bonne dizaine de cymbales parmi lesquelles il semble se dissimuler, tel un lutin au milieu d'une forêt de champignons. Un peu dommage, car il perd ainsi une partie de la frappe subtile, précise et inventive, digne des meilleurs batteurs de jazz, avec laquelle il usait de son unique caisse claire, soutenant si bien ces mélodies rêveuses. La seconde partie du concert, plus ‘électrique', commence. Elle sera cependant un peu moins électrisante. Il y aura tout de même "The Eiffel Tower", bel hommage à Paris, " Adieu Sweet Bahnhof", leur grand classique, "Walter And Conny", un instrumental sifflotant, et "Les Nuits", très planant. Mais le charme est légèrement rompu, le minimalisme initial était plus magnétique.
La fin du concert n'en sera pas moins enthousiasmante, avec deux rappels qui nous permettront d'apprécier "In The Dutch Mountains" (l'autre ‘tube' des Hollandais) et "The Dream". Les meilleurs rêves ayant une fin, le concert se terminera sur cette dernière chanson, avec une ovation plus que méritée pour saluer ce très grand groupe.
Pour commencer, une bonne surprise: la première partie est assurée par le sympathique Joseph d'Anvers, qui interprète seul sur scène des chansons où il est beaucoup question d'amours agonisantes et de ruptures douloureuses. S'accompagnant à la guitare acoustique puis électrique, il me fait un peu penser à Dominique A, autant par son style hypertendu que par son timbre de voix à la fois doux et lancinant. Même que dans ma grande imbécillité, je me suis demandé, avant qu'il ne se présente, s'il ne s'appelait pas ‘Dominique B', par hasard. Mais toute espèce d'ironie mise à part, sa prestation est plus qu'estimable.
Puis vient le tour de mes p'tits poux préférés. Ils ne sont que trois sur scène, trois amis de trente ans qui constituent l'ossature historique du groupe: Henk Hofstede (chant et guitare acoustique), Robert Jan Stips (piano) et Rob Kloet (batterie). Concernant ce dernier, il faut préciser que son instrument est réduit au strict minimum: un tambour et une caisse, pas de cymbales. Henk Hofstede est assis au milieu, avec ses deux compères tout près de lui. Le récital commence avec "Sketches of Spain", tandis que défilent sur un écran les célèbres photos que Robert Capa avaient prises lors de la guerre civile espagnole. C'est ensuite "Cars & Cars", envoûtante, avec un impressionnant crescendo final. Malgré le minimalisme de leur instrumentation, les Nits nous délivrent une musique d'une intensité incroyable. Leur magie est à l'œuvre, qui continue d'opérer avec deux superbes versions de "A Touch Of Henry Moore" et "Giant Normal Dwarf". En plus, ils ne semblent pas se prendre au sérieux, et concluent leurs chansons en se regardant d'un air complice, tandis qu'ils chantent en chœur ou gesticulent comme des automates avant de s'esclaffer comme des collégiens. Nous avons droit à "The Milkman", avec sa mélodie tendre et mélancolique, puis à une chanson en hollandais dont le titre signifie "Le Vase Rouge", d'après ce que nous explique Henk Hofstede. Il confirme son humour et sa modestie en s'excusant des accents un peu rêches de son chant: "Ha oui, il y a beaucoup de ‘rrssh' ! But don't be afraid, it's just our language...". C'est à ce moment que le concert atteint son apogée avec la sublime "Nescio", évocation élégiaque de la dolce vita, suivi de "The Long Song", petit chef d'œuvre tiré de leur dernier album.
Et puis, après un "J.O.S. Days" plein de fraîcheur, changement de décor. Robert Jan Stips remplace par un synthé le piano dont il tirait des trilles cristallines. Quant à Rob Kloet, il hérite d'une batterie taille XXL, avec une bonne dizaine de cymbales parmi lesquelles il semble se dissimuler, tel un lutin au milieu d'une forêt de champignons. Un peu dommage, car il perd ainsi une partie de la frappe subtile, précise et inventive, digne des meilleurs batteurs de jazz, avec laquelle il usait de son unique caisse claire, soutenant si bien ces mélodies rêveuses. La seconde partie du concert, plus ‘électrique', commence. Elle sera cependant un peu moins électrisante. Il y aura tout de même "The Eiffel Tower", bel hommage à Paris, " Adieu Sweet Bahnhof", leur grand classique, "Walter And Conny", un instrumental sifflotant, et "Les Nuits", très planant. Mais le charme est légèrement rompu, le minimalisme initial était plus magnétique.
La fin du concert n'en sera pas moins enthousiasmante, avec deux rappels qui nous permettront d'apprécier "In The Dutch Mountains" (l'autre ‘tube' des Hollandais) et "The Dream". Les meilleurs rêves ayant une fin, le concert se terminera sur cette dernière chanson, avec une ovation plus que méritée pour saluer ce très grand groupe.
Parfait 17/20 | par Oddie |
Photo par Oddie.
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