Shellac

Paris [La Maroquinerie] - lundi 29 mars 2004

 Shellac
La Maroquinerie est pleine à craquer pour l'événement exceptionnel de ce mois de Mars. Shellac se déplace à Paris ! Tous les aficionados du groupe se devaient donc de se trouver là. Sans aucune publicité, les trois Chicagoans ont su faire venir à eux leurs connaisseurs. En résulte un public parfait et conscient de la chance qu'il a de pouvoir enfin faire face à Steve Albini, Todd Trainer et Bob Weston. Après le set d'Uzeda, les trois grimpent sur la scène pour installer eux mêmes comme ils en ont l'habitude leur matériel. Steve a revêtu sa combinaison rouge de l'Electrical Audio Studio de Chicago, Bob affiche sa bonhomie et son embonpoint, Todd le filiforme s'agite pour installer fûts et cymbales. Très vite le groupe est prêt. Steve Albini crachote dans son micro des "Is this thing ok ?". La balance se fait en direct sur scène en pas moins de 5 min ; on pense à une chanson. Et le groupe démarre véritablement avec "My Black Ass". Son énorme. La basse est ronde comme le ventre de Weston, la batterie sèche comme Trainer, la guitare grinçante comme les dents d'Albini. Les têtes d'amplis semblent venir du futur. Un seul réglage, celui du volume. Todd smashe ses cymbales avec une puissance ahurissante. Ses bras semblent montés sur ressorts se tendant derrière son dos, se distendant d'un coup sec après un regard fou en direction des disques brillants. Bob, lui, semble stoïque, alors que sa basse fait trembler les murs, Steve quant à lui malmène son manche à grands coups de poignet, donnant à ses bends un parfum sadique et distordu. Le groupe s'aventure dans ses trois albums. Les chansons s'enchaînent vite. Le matraquage est précis. On retiendra un "A Minute" absolument écrasant, "Mouthpiece" où Trainer s'amuse seul durant un moment derrière son kit, "Copper" à la vitesse folle, un "Prayer To God" ou Albini hurle à la mort, un "Watch Song" qui détruit tout ou encore "Billiard Player Song" où la basse nous propulse contre les murs. Mention très spéciale à "Squirrel Song" où la tension se fait poignante. Albini au micro, complètement ailleurs, laissant surgir de sa bouche des paroles vénéneuses. "This is a sad fucking song"...
Le concert fût magistral. Les titres se sont suivis, tous aussi bouleversants. La communication avec le public n'a pas été en reste. Profitant du hasard des pauses, Bob Weston parle à l'auditoire et lui demande s'il a des questions. Elles ne tardent pas à fuser. Le concert se transforme alors en une foire aux interrogations. Weston dispense son humour caustique en donnant ses réponses, tandis que ses deux comparses restent silencieux. On a même eu le droit à deux nouvelles compositions. Une qui s'appellera peut être "I'm A Plane" où Shellac imite les avions, nous parlent d'Airbus en quelques mots de français.
Ces trois là pourraient facilement avoir la grosse tête au regard de leurs passés musicaux. Il n'en est rien. Bien au contraire. Ils restent frais et disponibles, amusants, touchants. "This isn't some kind of metaphor. Goddamn this is real!"


Excellent !   18/20
par Oneair


  Crédit photo : www.nonewsweb.com (merci à Vincent)


 Moyenne 18.50/20 

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Posté le 30 mars 2004 à 12 h 48

Dans une maroquinerie comble, Shellac fait son apparition, aux alentours de 21h45, après une ouverture mitigée d'Uzeda.
Albini l'écolier, Trainer le zombie et Weston le bûcheron nous regardent à peine avant d'envoyer la sauce. Les débuts sont un peu froids, mais le son est énorme, les sismographes parisiens s'affolent, Weston et Trainer pour principaux responsables. "A Minute" sera le déclic, l'explosion. La salle réagit au quart de tour, et Shellac martèle son auditoire, déroule un set parfait, ahurissant de cohésion rythmique, essouflant, toujours ponctué par des pauses durant lesquelles Steve plonge dans son accordeur, Todd gobe les mouches et Weston se transforme en un animateur type FM à la répartie cinglante, légérement agaçé par les questions d'un public qui ne fait pas dans la finesse.
Et puis ça repart, avec des anciens et des nouveaux morceaux, toujours excellents. Pas de doute, ils sont habités. Albini beugle comme une putois et ravage son manche de guitare, Trainer écrase sa caisse claire comme un sorte de chimpanzé rachitique dans un accès de folie, et Weston crucifie le public du regard. Violent. 1 heure 30 plus tard, le groupe nous laisse transpirant, haletant, sans même un rappel, inutile au vu du choc qu'a constitué -comme prévu- la prestation parisienne du trio de Chicago.
Shellac survole ce soir-là la Maroquinerie, intouchable.

"Look at me, i'm a plane" sussure malicieusement Weston, bras déployés.

Magistral.
Exceptionnel ! !   19/20





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