Godspeed You Black Emperor !
Paris [Grande Halle De La Villette] - vendredi 14 janvier 2011 |
Après être parti hiberner pendant des années, l'Empereur est de retour. Et même si la mode du post-rock commence à passer, et que le temps a permis de sélectionner les groupes dignes d'être retenus dans ce domaine, l'annonce du come-back des maîtres du genre soulevait beaucoup d'espoirs.
L'espoir d'avoir le concert qui réduise tous ceux qu'on ait pu voir avant aux poussières d'étoiles si chères à Hubert Reeives. Hélas, la montagne n'accouchera que d'un éléphant, ce qui est déjà âs mal me direz-vous, mais tout de même pas la hauteur des espérances.
Plusieurs raisons à cela. La première étant la salle, sorte de mélange du Zenith et de l'Elysée Montmartre, avec la qualité acoustique des 2. Pourtant plus proche de la régie que de la scène, le son donait cette impression que les enceintes étaient recouvertes d'un voile ou autre chose empêchant les décibels envahir pleinement la salle.
Autre cause, toujours lié à la salle, l'absence de places assises, parce que près de 2h30 sans bouger d'un poil (sans compter l'attente précédant le concert), pour une musique dont le rythme éfréiné n'est pas à proprement parler la marque de fabrique du groupe, c'est usant, frustrant, au point de parfois ne plus faire attention à ce qui se passe sur scène. Et ces décrochages font un peu le même effet que les cours de maths sur l'intégration dans un espace à n dimensions : c'est intéressant, mais si on décroche 5 minutes, impossible de rattraper le retard pris. Ce sera mon cas pour "Albanian" et "Dead Metheny", et sur une partie de "Rockets Fall On Rocket Falls". Pas étonnant que personne n'ait envie de bouger.
Pour terminer, les vidéos, bien en deça de l'ambiance de fin du monde si caractéristique du groupe. Fermer les yeux laissait en fait plus de place à l'imaginaire et permettait de mieux apprécier la musique, mais fermer les yeux, en étant debout pendant plusieurs dizaines de minutes n'est pas ce qu'il y a de plus facile, par contre, c'est assez ridicule à voir. Dommage là encore, parce que cette musique serait sans doute capable de sublimer 2012 ou Independance Day.
En imaginant ce concert à l'Olympia, le Bataclan ou la Cigale avec les films des Red Sparowes, le même concert aurait été grandiose, avec 1 guitare en moins, 2/3 cordes en plus, sans doute inoubliable. Comme quoi des fois, ça ne se joue pas à grand chose.
Au final, un bon souvenir tout de même, ce n'est pas tous les jours que les numéros un d'un genre assument leur statut, en essayant de proposer quelque chose d'unique et conséquent tous les soirs.
Les compos de l'Empereur ont toujours ce truc en plus (quels bonheurs que ces "Monheim", "Blaise Bailey Finnegan III" ou les premières minutes de "Gathering Storm"), les musiciens ne sont pas des manchots. Une musique royale, à qui il manquait palais digne de son rang.
L'espoir d'avoir le concert qui réduise tous ceux qu'on ait pu voir avant aux poussières d'étoiles si chères à Hubert Reeives. Hélas, la montagne n'accouchera que d'un éléphant, ce qui est déjà âs mal me direz-vous, mais tout de même pas la hauteur des espérances.
Plusieurs raisons à cela. La première étant la salle, sorte de mélange du Zenith et de l'Elysée Montmartre, avec la qualité acoustique des 2. Pourtant plus proche de la régie que de la scène, le son donait cette impression que les enceintes étaient recouvertes d'un voile ou autre chose empêchant les décibels envahir pleinement la salle.
Autre cause, toujours lié à la salle, l'absence de places assises, parce que près de 2h30 sans bouger d'un poil (sans compter l'attente précédant le concert), pour une musique dont le rythme éfréiné n'est pas à proprement parler la marque de fabrique du groupe, c'est usant, frustrant, au point de parfois ne plus faire attention à ce qui se passe sur scène. Et ces décrochages font un peu le même effet que les cours de maths sur l'intégration dans un espace à n dimensions : c'est intéressant, mais si on décroche 5 minutes, impossible de rattraper le retard pris. Ce sera mon cas pour "Albanian" et "Dead Metheny", et sur une partie de "Rockets Fall On Rocket Falls". Pas étonnant que personne n'ait envie de bouger.
Pour terminer, les vidéos, bien en deça de l'ambiance de fin du monde si caractéristique du groupe. Fermer les yeux laissait en fait plus de place à l'imaginaire et permettait de mieux apprécier la musique, mais fermer les yeux, en étant debout pendant plusieurs dizaines de minutes n'est pas ce qu'il y a de plus facile, par contre, c'est assez ridicule à voir. Dommage là encore, parce que cette musique serait sans doute capable de sublimer 2012 ou Independance Day.
En imaginant ce concert à l'Olympia, le Bataclan ou la Cigale avec les films des Red Sparowes, le même concert aurait été grandiose, avec 1 guitare en moins, 2/3 cordes en plus, sans doute inoubliable. Comme quoi des fois, ça ne se joue pas à grand chose.
Au final, un bon souvenir tout de même, ce n'est pas tous les jours que les numéros un d'un genre assument leur statut, en essayant de proposer quelque chose d'unique et conséquent tous les soirs.
Les compos de l'Empereur ont toujours ce truc en plus (quels bonheurs que ces "Monheim", "Blaise Bailey Finnegan III" ou les premières minutes de "Gathering Storm"), les musiciens ne sont pas des manchots. Une musique royale, à qui il manquait palais digne de son rang.
Sympa 14/20 | par Francislalanne |
Setlist
Hope Drone
Gathering Storm
Monheim
Albanian
Chart #3
World Police And Friendly Fire
Dead Metheny
Rockets Fall on Rocket Falls
Blaise Bailey Finnegan III
Hope Drone
Gathering Storm
Monheim
Albanian
Chart #3
World Police And Friendly Fire
Dead Metheny
Rockets Fall on Rocket Falls
Blaise Bailey Finnegan III
Posté le 18 janvier 2011 à 02 h 00 |
Vendredi 14 janvier 2011, 19H30. On ne sait pas trop ce qui se passe. Ben Ali aurait quitté le pays. Sur scène, c'est une première partie, inattendue, qui prend timidement le pouvoir. Des nappes d'electro bruitiste se dressent, menaçantes, face à la foule. Informations contradictoires, pistes incohérentes superposées, personne ne voit bien où vont les choses. La libération promise n'est pas encore au rendez-vous, quelques passages évocateurs se noient dans une mer de noise fatiguée. Ainsi, quand 30 minutes plus tard, l'artiste, qui restera anonyme jusqu'au bout, abandonne le combat et nous adresse un salut gêné, le public sort frémissant de sa torpeur, et ne laisse échapper que quelques maigres applaudissements. Se penchant à nouveau sur sa console, le mec réinvesti alors l'espace sonore par de lourdes infrabasses. Moment de flottement : quoi, c'est pas fini ? Un second morceau débarque ? Il peut encore revenir ? Non, il quitte la scène pour de bon, laissant la foule à sa longue attente, encore écrasée par ce drone immobile, mais le coeur plus fiévreux que jamais. Le mot s'affiche bientôt sur l'écran, tremblotant, avec les premières notes.
Hope.
20h30. Le hope drone s'installe, s'étire sur vingt longues minutes. Encore du bruit massif, sans pitié, mais cette fois on y distingue un chemin, il est difficile mais on le suit de bonne grâce, il mène à un monde meilleur. Le groupe s'est installé, certains assis, d'autres nous tournant le dos, fidèles jusqu'au bout à leurs personnages d'humble messagers de l'apocalypse. Un ami me dira "Dans A Silver Mount Zion, il faisait pas si maigre, Efrim, si ?". A côté, une fille s'évanouit, première d'une série affolante. Au bout de l'ascension, le paysage se dévoile avec les notes emblématiques du premier hymne de la soirée. On y est, on n'ose pas y croire. "Gathering Storm", dans une version sublimée, surtout sur la dernière partie. Le son est irréprochable, sur l'écran, les projections saccadées poussent l'envoûtement un peu plus loin. Des images mystérieuses, des textes, des croquis, des scènes furtives défilent. Bientôt c'est "Coney Island" qui apparaît, illustrant un morceau nommé d'après un bled allemand, allez comprendre. "Monheim" donc, qui tourne comme ces manèges fantômes qu'on aperçoit, et offre à nos oreilles les mêmes paysages nostalgiques. Les titres continuent à s'enchaîner comme dans un rêve. "Albanian", plus hallucinée que jamais. Le couple "Chart#3"/"World Police And Friendly Fire", fiévreux et infernal. "Dead Metheny", bordel, son intro réarrangée, son nouveau final à couper le souffle, ces lumières au bout du tunnel qui s'éloignent, ahurissant. "Rockets Fall On Rocket Falls", incontournable. "BBF3" enfin, en apothéose inespérée. Là encore, on découvre de nouvelles mélodies souterraines, magnifiant toujours un peu plus ces élucubrations qu'on récite du bout des lèvres, religieusement.
Le concert n'était pas parfait. Avec honnêteté, on pense au final de ce "BBF3", un peu brouillon pour un morceau de cette trempe. Dans "Albanian" aussi, des passages bordéliques. Le break de "Monheim", un peu trop gentil. L'essai, louable dans l'intention, de changer la signature rythmique au milieu de "Rockets Fall...", qui casse plus la dynamique qu'autre chose en pratique. Le violoncelle absent nous manque, aussi. On pourrait même trouver à râler contre une partie du public. Contre l'absence de places assises, qui ont été regrettées par de nombreuses paires de jambes. Mais ce ne sont là que des questions de confort. L'essentiel était là. L'empereur est de retour, digne de sa légende.
Hope.
20h30. Le hope drone s'installe, s'étire sur vingt longues minutes. Encore du bruit massif, sans pitié, mais cette fois on y distingue un chemin, il est difficile mais on le suit de bonne grâce, il mène à un monde meilleur. Le groupe s'est installé, certains assis, d'autres nous tournant le dos, fidèles jusqu'au bout à leurs personnages d'humble messagers de l'apocalypse. Un ami me dira "Dans A Silver Mount Zion, il faisait pas si maigre, Efrim, si ?". A côté, une fille s'évanouit, première d'une série affolante. Au bout de l'ascension, le paysage se dévoile avec les notes emblématiques du premier hymne de la soirée. On y est, on n'ose pas y croire. "Gathering Storm", dans une version sublimée, surtout sur la dernière partie. Le son est irréprochable, sur l'écran, les projections saccadées poussent l'envoûtement un peu plus loin. Des images mystérieuses, des textes, des croquis, des scènes furtives défilent. Bientôt c'est "Coney Island" qui apparaît, illustrant un morceau nommé d'après un bled allemand, allez comprendre. "Monheim" donc, qui tourne comme ces manèges fantômes qu'on aperçoit, et offre à nos oreilles les mêmes paysages nostalgiques. Les titres continuent à s'enchaîner comme dans un rêve. "Albanian", plus hallucinée que jamais. Le couple "Chart#3"/"World Police And Friendly Fire", fiévreux et infernal. "Dead Metheny", bordel, son intro réarrangée, son nouveau final à couper le souffle, ces lumières au bout du tunnel qui s'éloignent, ahurissant. "Rockets Fall On Rocket Falls", incontournable. "BBF3" enfin, en apothéose inespérée. Là encore, on découvre de nouvelles mélodies souterraines, magnifiant toujours un peu plus ces élucubrations qu'on récite du bout des lèvres, religieusement.
Le concert n'était pas parfait. Avec honnêteté, on pense au final de ce "BBF3", un peu brouillon pour un morceau de cette trempe. Dans "Albanian" aussi, des passages bordéliques. Le break de "Monheim", un peu trop gentil. L'essai, louable dans l'intention, de changer la signature rythmique au milieu de "Rockets Fall...", qui casse plus la dynamique qu'autre chose en pratique. Le violoncelle absent nous manque, aussi. On pourrait même trouver à râler contre une partie du public. Contre l'absence de places assises, qui ont été regrettées par de nombreuses paires de jambes. Mais ce ne sont là que des questions de confort. L'essentiel était là. L'empereur est de retour, digne de sa légende.
Exceptionnel ! ! 19/20
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