Ani DiFranco
Canon |
Label :
Righteous Babe |
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Suite à un problème de tendinite survenu en 2005, la talentueuse Ani DiFranco se voit mise au repos durant neuf mois. Une aparté exceptionnelle dans une carrière sans aucun temps-mort depuis la fin des années 80, soit quinze albums en quinze ans, et un paquet d'à-côtés et de concerts. Neuf mois d'arrêt... Logique que la belle accouche de Reprieve en fin de convalescence, puis s'accorde une nouvelle parenthèse pour goûter aux joies de la véritable maternité. Et lorsqu'un événement pareil vient bouleverser une vie, rien de mieux pour jeter un petit regard nostalgique sur le passé.
L'élégance de la dame nous offre donc, non pas un best of, mais une rétrospective de son oeuvre gigantesque. Canon est une compilation de 36 des baisers d'Ani DiFranco, sélectionnés par la miss elle-même, autant à l'intention de ses prétendants de longue date que des novices. Il s'agit-là d'un bon nombre des morceaux les plus marquants de son répertoire, à quelques exceptions près bien entendu, peut être légèrement nettoyés pour les plus vieux. La qualité étant en quantité, la songwriteuse a préféré favoriser une vue panoramique de son talent qu'un strict greatest hits dès plus objectif. D'où la présence d'une plage à l'allure aussi anecdotique que le court instrumental "This Box Contains", à la guitare électrique : elle veut faire profiter de tous ses charmes. Folk, rock, jazz... même des titres du live mortel Living In Clip, qui était déjà un vrai petit best-of en soi... Et au bout du disque, on se surprend à ne même pas avoir gueulé des choses du genre "Où est "Willing To Fight" ?" ou "T'as oublié "Out Of Range" !", etc. Car sur pas loin de deux heures vingts, croyez-moi, notre subjectivité disparaît, et on se régale. C'est comme si on lui demandait de décrire sa personnalité à un premier rendez-vous galant, et qu'elle nous répondait en nous offrant une playlist de ses chansons compilées sur cassette... On laisse la bande couler, elle l'a d'ailleurs voulue comme tel, et l'ordre chronologique des chansons de nous faire voyager dans son petit monde. Les années s'égrainent petit à petit dans nos oreilles, affinant les traits d'Ani au fur-et-à-mesure. Ses fringues, ses coupes de cheveux, ses sautes d'humeurs, sa maturité, on a l'impression de mieux la connaître. Tous ces souvenirs viennent glisser leurs mélodies pour nous rappeler à quel point elle a du talent. Et à quel point ce talent est polymorphe et subtil. Dans les mauvais jours, on aurait tendance à penser qu'à côté d'elle, Will Oldham, c'est Linkin Park...
Si un ou plusieurs titres sont à chaque fois prélevés des opus, pour ses tout premiers titres intimistes, toutefois, rien n'est pris des trois premiers albums. Tout d'abord parce qu'un seul suffit à se faire une idée de ses premières années, et donc "Fire Door" n'est ici pas pioché du tout premier disque, mais de l'excellent album révisionniste Like I Said. Ensuite, parce que la sortie de cette rétrospective est pour Ani une trop belle occasion de revisiter à nouveau une bonne petite poignée d'anciens morceaux. "Napoleon" et "Shameless" en fin de premier disque. Le premier bien plus kiffant que l'original de Dilate, aussi énergique que sur Living In Clip, avec le son du claquement du médiator, enregistré pour donner ce petit charme roots que la gratteuse affectionne. Le second, plus expérimental, en solo mais la guitare folk branchée à un ampli pour encrasser la chanson de wah-wah. Quant à la fin du second disque, c'est d'abord l'absolument magique "Your Next Bold Move" qui passe du simple chant/guitare à une petite enluminure d'arrangement délicat. Puis vient le tout premier titre du tout premier album, "Both Hands", dans ce qui est probablement la plus stimulante de ses versions. Sa bonne humeur est décuplée. Et enfin, un discret réarrangement du sensuel "Overlap", plus funky, vient gracieusement poser le point final de la mixtape d'Ani. Quelques petites touches de clavier au son de xylophone s'amusent, jusqu'à l'arrêt de la galette... Un point final en forme de cœur.
Se contenter de Canon ferait bien évidemment passer à côté d'un nombre considérable de perles, mais s'avère idéal pour (re)découvrir toute la richesse de l'univers d'Ani DiFranco.
L'élégance de la dame nous offre donc, non pas un best of, mais une rétrospective de son oeuvre gigantesque. Canon est une compilation de 36 des baisers d'Ani DiFranco, sélectionnés par la miss elle-même, autant à l'intention de ses prétendants de longue date que des novices. Il s'agit-là d'un bon nombre des morceaux les plus marquants de son répertoire, à quelques exceptions près bien entendu, peut être légèrement nettoyés pour les plus vieux. La qualité étant en quantité, la songwriteuse a préféré favoriser une vue panoramique de son talent qu'un strict greatest hits dès plus objectif. D'où la présence d'une plage à l'allure aussi anecdotique que le court instrumental "This Box Contains", à la guitare électrique : elle veut faire profiter de tous ses charmes. Folk, rock, jazz... même des titres du live mortel Living In Clip, qui était déjà un vrai petit best-of en soi... Et au bout du disque, on se surprend à ne même pas avoir gueulé des choses du genre "Où est "Willing To Fight" ?" ou "T'as oublié "Out Of Range" !", etc. Car sur pas loin de deux heures vingts, croyez-moi, notre subjectivité disparaît, et on se régale. C'est comme si on lui demandait de décrire sa personnalité à un premier rendez-vous galant, et qu'elle nous répondait en nous offrant une playlist de ses chansons compilées sur cassette... On laisse la bande couler, elle l'a d'ailleurs voulue comme tel, et l'ordre chronologique des chansons de nous faire voyager dans son petit monde. Les années s'égrainent petit à petit dans nos oreilles, affinant les traits d'Ani au fur-et-à-mesure. Ses fringues, ses coupes de cheveux, ses sautes d'humeurs, sa maturité, on a l'impression de mieux la connaître. Tous ces souvenirs viennent glisser leurs mélodies pour nous rappeler à quel point elle a du talent. Et à quel point ce talent est polymorphe et subtil. Dans les mauvais jours, on aurait tendance à penser qu'à côté d'elle, Will Oldham, c'est Linkin Park...
Si un ou plusieurs titres sont à chaque fois prélevés des opus, pour ses tout premiers titres intimistes, toutefois, rien n'est pris des trois premiers albums. Tout d'abord parce qu'un seul suffit à se faire une idée de ses premières années, et donc "Fire Door" n'est ici pas pioché du tout premier disque, mais de l'excellent album révisionniste Like I Said. Ensuite, parce que la sortie de cette rétrospective est pour Ani une trop belle occasion de revisiter à nouveau une bonne petite poignée d'anciens morceaux. "Napoleon" et "Shameless" en fin de premier disque. Le premier bien plus kiffant que l'original de Dilate, aussi énergique que sur Living In Clip, avec le son du claquement du médiator, enregistré pour donner ce petit charme roots que la gratteuse affectionne. Le second, plus expérimental, en solo mais la guitare folk branchée à un ampli pour encrasser la chanson de wah-wah. Quant à la fin du second disque, c'est d'abord l'absolument magique "Your Next Bold Move" qui passe du simple chant/guitare à une petite enluminure d'arrangement délicat. Puis vient le tout premier titre du tout premier album, "Both Hands", dans ce qui est probablement la plus stimulante de ses versions. Sa bonne humeur est décuplée. Et enfin, un discret réarrangement du sensuel "Overlap", plus funky, vient gracieusement poser le point final de la mixtape d'Ani. Quelques petites touches de clavier au son de xylophone s'amusent, jusqu'à l'arrêt de la galette... Un point final en forme de cœur.
Se contenter de Canon ferait bien évidemment passer à côté d'un nombre considérable de perles, mais s'avère idéal pour (re)découvrir toute la richesse de l'univers d'Ani DiFranco.
Parfait 17/20 | par X_YoB |
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