Baby Shambles
Up The Shambles - Live In Manchester |
Label :
Eagle Rock |
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A l'heure où les Babyshambles rencontrent enfin le succès commercial et critique auprès du grand public et de la plupart des médias et que la désintoxication fait peu à peu son oeuvre, le premier DVD du groupe fait son apparition. Mais il s'agit d'un produit anachronique tant la période semble éloignée de la situation actuelle. En effet, Up The Shambles est un pur concentré des tous débuts du groupe, alors que les Libertines venaient de succomber à ses blessures. On est en 2004 et Peter Doherty se sent véritablement trahi par ses anciens camarades. Il fonde en conséquence son alternative musicale, Babyshambles. On ne cachera pas que ce fut l'occasion de financer une addiction partagée par le chanteur et son guitariste Patrick Walden. Mais les deux hommes ont aussi et avant tout l'envie de créer quelque chose qui puisse leur ressembler et mêler diverses influences. Effectivement, on retrouve aussi bien une essence punk qu'un songwriting plus pop et classique, mais aussi des variations plus ska et reggae. Un beau mélange pas toujours facile à garder cohérent.
Et justement, cela déborde souvent dans tous les sens et c'est un peu le charme du groupe. Le DVD propose une approche musicale et presque intime du premier line-up sur la scène de Manchester. On retrouve donc notre Peter nonchalant et spontané avec Patrick Walden, affublé d'une Stratocaster qui ne sonne vraiment pas comme un banjo. Gemma Clarke (batteuse, qui partira avant l'enregistrement du premier album) et Drew McConnell (bassiste) sont aussi de la partie, toutefois la réalisation les laisse un peu trop à l'écart et le tout se focalise évidemment sur la prestation de Peter et son partenariat avec Pat.
Tout commence par l'arrivée triomphale du groupe et un premier morceau qui met dans l'ambiance, "Man Who Came To Stay". La guitare se fait bien entendre et le jeu des autres membres fait plaisir à attendre. Le seul problème réside dans la voix de Peter. Elle est trop souvent couverte par les instruments durant la première partie du concert. Et Peter est un peu mou du genou, prenant ses aises. Les morceaux s'entrecoupent aussi d'une minute où Peter s'amuse comme un enfant et échange quelques mots avec son public ravi ou s'allume une clope avant de sauter dans la fosse.
Bref, l'ambiance est bonne et "Do You Know Me" continue à charmer malgré les quelques défauts de la prestation. Ce n'est qu'à partir du morceau "Babyshambles" que les choses deviennent beaucoup plus vives et que l'on peut se délecter de la performance du duo Doherty/Walden, ce dernier faisant véritablement vivre sa guitare. Il aurait certainement pu jouer dans un groupe comme Sonic Youth et son jeu très personnel donne une réelle identité au son raw du groupe. Evidemment, on reste ici dans quelque chose de plus basique, punk et mélancolique à la fois.
"Gang Of Gin" est aussi une des meilleures compositions du groupe mais n'a jamais bénéficié de sortie officielle, Peter y dénonçant amèrement les manipulations de Carl Barat et d'Alan McGee qui auraient tout fait pour le virer de son ancien groupe. Une chanson poignante qui est aussi belle qu'elle manifeste la paranoïa qui collait à l'époque à la peau de Peter, les drogues renforçant sûrement cela. S'ensuit un "Fuck Forever" qui réveille un peu plus le public.
Les 6 chansons suivantes voient Peter collaborer avec son amie et amante Dot Allison (de One Dove) qui vient faire redescendre la pression et proposer des interprétations douces et sentimentales de classiques des Libertines et de compositions solos de Peter. "Sheepskin Tearaway" est superbe, et l'enchaînement "Don't Look Back Into The Sun"/"Time For Heroes" en acoustique réjouit au plus haut point, le public entrant dans une transe de fanatisme compréhensible vu le succès de tels hymnes en Angleterre. Les musiciens du groupe sont en coulisse pendant ce temps-là, Pat n'aimant pas reprendre ces chansons. De plus, la magie s'opère parfaitement entre Peter et Dot, bien que celle-ci soit légèrement amorphe et que Peter ne cesse de faire quelques erreurs et de les rattraper in extremis. Dot utilise aussi un xylophone, ce qui rend la prestation parfois très originale et drôle. Cette partie se conclue sur "Albion" et "I Wanna Break Your Heart" qui se fait à l'arrache et provoque les rires et sourires des musiciens.
Le final est quand à lui explosif. "Killamangiro" dégage beaucoup de puissance et rappelle que le single produit par Paul Epworth est bien plus efficace et jouissif que "The Blinding" ou "Delivery". "Blackboy Lane" voit aussi Pat se lâcher complètement avec des solos de guitare bien corrosifs. Le concert se termine sur un "Wolfman" déjanté et décadent avec un Peter torse nu qui se déchaîne avant de partir en backstage alors que le morceau n'est pas encore fini. Les musiciens s'en donnent alors à coeur joie avant de repartir sous les cris hystériques du public.
C'est donc un concert assez représentatif des débuts du groupe avec toutes ses qualités et ses défauts. On observe une augmentation constante de l'intensité du son et de l'électricité qui règne dans la salle. Le jeu est très bon et la prestation parfois hésitante sur certains morceaux mais l'attitude du groupe montre que c'est la musique qui est privilégiée. Bien sûr, on imagine que Peter doit être dans un état second et il a souvent la tête ailleurs mais il réussit à s'approprier l'événement et paradoxalement à donner du charme à sa prestation grâce à sa forte personnalité et son absorption dans son propre petit monde. Il n'est jamais à 100% dans son jeu ou son chant, malgré tout il est en forme sur cette prestation et réussit à montrer ses multiples facettes : à la fois 'rock star' stone, grand naïf généreux et bête de scène maladroite et sentimentale.
Par conséquent, ce DVD s'avère être une bonne surprise et un matériel intéressant pour les fans de la première heure, les nouveaux venus ou tous ceux qui voudraient découvrir le groupe et sa musique sans tomber dans les fausses images car il n'est fait aucune mention des déboires médiatiques et narcotiques de Peter et Pat. Ce n'est que du plaisir et de la musique et c'est tant mieux, d'autant plus qu'en bonus se trouvent quelques vidéos backstage délirantes et 4 chansons interprétées à la même époque (notamment "The Boy Looked at Johnny" et "Can't Stand Me Now").
Néanmoins, et pour conclure, ce DVD risque de ne pas connaître une très grande durée de vie. Il a beau être distribué officiellement, les membres du groupe n'ont jamais été consultés et aucune royalty ne semble leur revenir. Une action en justice est donc envisageable...
Comme quoi avec les 'Shambles c'est toujours un beau bordel.
Et justement, cela déborde souvent dans tous les sens et c'est un peu le charme du groupe. Le DVD propose une approche musicale et presque intime du premier line-up sur la scène de Manchester. On retrouve donc notre Peter nonchalant et spontané avec Patrick Walden, affublé d'une Stratocaster qui ne sonne vraiment pas comme un banjo. Gemma Clarke (batteuse, qui partira avant l'enregistrement du premier album) et Drew McConnell (bassiste) sont aussi de la partie, toutefois la réalisation les laisse un peu trop à l'écart et le tout se focalise évidemment sur la prestation de Peter et son partenariat avec Pat.
Tout commence par l'arrivée triomphale du groupe et un premier morceau qui met dans l'ambiance, "Man Who Came To Stay". La guitare se fait bien entendre et le jeu des autres membres fait plaisir à attendre. Le seul problème réside dans la voix de Peter. Elle est trop souvent couverte par les instruments durant la première partie du concert. Et Peter est un peu mou du genou, prenant ses aises. Les morceaux s'entrecoupent aussi d'une minute où Peter s'amuse comme un enfant et échange quelques mots avec son public ravi ou s'allume une clope avant de sauter dans la fosse.
Bref, l'ambiance est bonne et "Do You Know Me" continue à charmer malgré les quelques défauts de la prestation. Ce n'est qu'à partir du morceau "Babyshambles" que les choses deviennent beaucoup plus vives et que l'on peut se délecter de la performance du duo Doherty/Walden, ce dernier faisant véritablement vivre sa guitare. Il aurait certainement pu jouer dans un groupe comme Sonic Youth et son jeu très personnel donne une réelle identité au son raw du groupe. Evidemment, on reste ici dans quelque chose de plus basique, punk et mélancolique à la fois.
"Gang Of Gin" est aussi une des meilleures compositions du groupe mais n'a jamais bénéficié de sortie officielle, Peter y dénonçant amèrement les manipulations de Carl Barat et d'Alan McGee qui auraient tout fait pour le virer de son ancien groupe. Une chanson poignante qui est aussi belle qu'elle manifeste la paranoïa qui collait à l'époque à la peau de Peter, les drogues renforçant sûrement cela. S'ensuit un "Fuck Forever" qui réveille un peu plus le public.
Les 6 chansons suivantes voient Peter collaborer avec son amie et amante Dot Allison (de One Dove) qui vient faire redescendre la pression et proposer des interprétations douces et sentimentales de classiques des Libertines et de compositions solos de Peter. "Sheepskin Tearaway" est superbe, et l'enchaînement "Don't Look Back Into The Sun"/"Time For Heroes" en acoustique réjouit au plus haut point, le public entrant dans une transe de fanatisme compréhensible vu le succès de tels hymnes en Angleterre. Les musiciens du groupe sont en coulisse pendant ce temps-là, Pat n'aimant pas reprendre ces chansons. De plus, la magie s'opère parfaitement entre Peter et Dot, bien que celle-ci soit légèrement amorphe et que Peter ne cesse de faire quelques erreurs et de les rattraper in extremis. Dot utilise aussi un xylophone, ce qui rend la prestation parfois très originale et drôle. Cette partie se conclue sur "Albion" et "I Wanna Break Your Heart" qui se fait à l'arrache et provoque les rires et sourires des musiciens.
Le final est quand à lui explosif. "Killamangiro" dégage beaucoup de puissance et rappelle que le single produit par Paul Epworth est bien plus efficace et jouissif que "The Blinding" ou "Delivery". "Blackboy Lane" voit aussi Pat se lâcher complètement avec des solos de guitare bien corrosifs. Le concert se termine sur un "Wolfman" déjanté et décadent avec un Peter torse nu qui se déchaîne avant de partir en backstage alors que le morceau n'est pas encore fini. Les musiciens s'en donnent alors à coeur joie avant de repartir sous les cris hystériques du public.
C'est donc un concert assez représentatif des débuts du groupe avec toutes ses qualités et ses défauts. On observe une augmentation constante de l'intensité du son et de l'électricité qui règne dans la salle. Le jeu est très bon et la prestation parfois hésitante sur certains morceaux mais l'attitude du groupe montre que c'est la musique qui est privilégiée. Bien sûr, on imagine que Peter doit être dans un état second et il a souvent la tête ailleurs mais il réussit à s'approprier l'événement et paradoxalement à donner du charme à sa prestation grâce à sa forte personnalité et son absorption dans son propre petit monde. Il n'est jamais à 100% dans son jeu ou son chant, malgré tout il est en forme sur cette prestation et réussit à montrer ses multiples facettes : à la fois 'rock star' stone, grand naïf généreux et bête de scène maladroite et sentimentale.
Par conséquent, ce DVD s'avère être une bonne surprise et un matériel intéressant pour les fans de la première heure, les nouveaux venus ou tous ceux qui voudraient découvrir le groupe et sa musique sans tomber dans les fausses images car il n'est fait aucune mention des déboires médiatiques et narcotiques de Peter et Pat. Ce n'est que du plaisir et de la musique et c'est tant mieux, d'autant plus qu'en bonus se trouvent quelques vidéos backstage délirantes et 4 chansons interprétées à la même époque (notamment "The Boy Looked at Johnny" et "Can't Stand Me Now").
Néanmoins, et pour conclure, ce DVD risque de ne pas connaître une très grande durée de vie. Il a beau être distribué officiellement, les membres du groupe n'ont jamais été consultés et aucune royalty ne semble leur revenir. Une action en justice est donc envisageable...
Comme quoi avec les 'Shambles c'est toujours un beau bordel.
Parfait 17/20 | par UpToTheSkies |
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