Shannon Wright

Paris [Le Café De La Danse] - samedi 04 mai 2002

Shannon Wright me pose un problème, et ce n'est pas cette prestation peu convaincante qui a pu le régler. La demoiselle à l'apparente forte personnalité pratique, pour moi, une musique à mi chemin entre la PJ Harvey de Rid Of Me et Cat Power période Myra Lee, l'émotion en moins. Ce n'est pas que ce concert fût mauvais, mais à aucun moment elle n'a su me faire sortir de cette vision que j'ai d'elle. Accompagnée par un batteur, elle a offert seulement quatre morceaux à guitares vraiment bons. Le reste du concert était composé de titres au clavier, franchement peu intéressants et creux en émotions. Shannon Wright a beau se rouler par terre, rien n'y fait, on a l'impression d'avoir déjà vu tout ça ailleurs, et en mieux. On notera tout de même une excellente reprise des Smiths en rappel.


Moyen   10/20
par X_Elmo


  Ce concert avait lieu dans le cadre du festival Les Femmes S'en Mêlent. Shannon Wright partageait l'affiche avec Cat Power, Elm, et Muriel Moreno en mix.


 Moyenne 15.67/20 

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Posté le 24 février 2004 à 09 h 28

J'ai moi aussi assisté à ce concert mais avec une vision complètement différente. J'étais venu voir Cat Power (dont j'étais un grand fan) et c'est finalement Shannon Wright qui m'a retourné. J'ai été parcouru de frissons pendant tout le set.
Aujourd'hui, je n'arrive pas à écouter "You Are Free", j'attendais un album à la hauteur de "Moon Pix" et j'ai tous les albums de Shannon Wirght que je considère réellement comme une artiste majeure !
Excellent !   18/20



Posté le 20 juillet 2006 à 13 h 00

Quant à moi, voici ce que j'écrivais quelques jours après ce concert. Il va de soi que j'en étais tout tourneboulé :

Alors voilà, elle arrive, toute de discrétion et de jeans vêtue, tandis que DJ Muriel Moreno interlude du haut de son perchoir aux fleurs électrifiées. Elle branche trois wah-wah, ajuste son micro, fait ses derniers réglages.

Côté cour, la batterie, côté jardin, un petit orgue électrique où on espère qu'elle jouera "Hinterland" (ce qu'elle fera) et "Method Of Sleeping" (ce qu'elle ne fera pas).

Et puis le noir se fait, et la voici qui revient sous des applaudissements qui laissent deviner qu'on est quelques-uns à être venus rien que pour elle. Ni présentation ni avertissement, les âmes sensibles qui pensaient s'endormir au son soporifique de la très très ennuyeuse chanteuse de Cat Power, sorte de Phoebe en pire (Friends, vous connaissez ?) en seront pour leurs frais.

Toute en fureur carnassière, Shannon Wright et son jeu de guitare exceptionnel (fermez les yeux et demandez vous où est caché le bassiste) emporte tout sur son passage, les oreilles et les coeurs. A côté d'elle, Ani Di Franco et PJ Harvey, soyons charitables, ne parlons pas de Björk, font figure de biens inoffensives collégiennes. La veste tombe après deux titres fougueux lorsqu'elle se dirige vers l'orgue.

On croit la brûlure éteinte, on se trompe. Shannon enchaîne d'abord deux morceaux au goût amer et on se dit qu'on est bien loin de la chanteuse de Rich Hum Of Air, surtout quand "Heavy Crown" s'achève brusquement par un coup de tête on ne peut plus volontaire dans le micro. Arrive Hinterland, morceau de bravoure vocal soutenu par une batterie sans faille, métronomique autant qu'apocalyptique. Mais rien pourtant n'arrive à couvrir cette voix revenue du diable vauvert, des enfers jopliniens, Frehel du rock, Piaf à la sauce Sonic Youth.

Shannon de retour à la guitare criant sa rage devant un batteur déchaîné et un public médusé ne cesse de nous envoûter. Plus endiablée que jamais, elle s'agenouille, hendrixienne à souhait, délivrant riffs déchirants et poses masturbatoires... Elle hurle, prouvant du même coup qu'elle n'a pas besoin de micro pour se faire entendre. Puis sa bouche dévoratrice se ferme lentement pour un dernier passage à l'orgue pour une version de Vessel For A Minor Malady 'There's no cure, so why should I care ?' sensible et dérangeante.

Elle se lève, on n'entend pas son timide "Thank You" sous les applaudissements et les cris. On la rappelle, on en redemande, alors la revoici, ultime démonstration, douce vocalise où il est question d'aller au lit et de sombrer dans un profond sommeil. Un petit salut, deux timides sourires et la voilà qui disparaît pour de bon.

Les lumières se rallument et D.J. Muriel Moreno enchaîne sur la version de "'97 Bonnie and Clyde" d'Eminem par Tori Amos dont le seul mérite à ce moment est de rester dans le ton. Noir, très noir.
Exceptionnel ! !   19/20





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