Weezer

The Red Album

The Red Album

 Label :     Geffen 
 Sortie :    lundi 16 juin 2008 
 Format :  Album / CD   

Après une série d'albums globalement décevants, ce Red Album était un peu le disque de la dernière chance pour un groupe qui semblait en perte d'inspiration depuis quelques années.

Cela commence ici par "Troublemaker", un titre "à la Weezer", simple, efficace et qui vous colle un sourire aux lèvres, le genre de morceau que Rivers Cuomo semble pouvoir écrire à l'infini. Quelques titres restent dans ce style très weezerien comme le single "Pork & Beans" ou encore "Dreamin'", des chansons classiques mais efficaces et dotées de quelques petites trouvailles sympathiques.
Un peu plus loin Rivers Cuomo laisse sa place à Brian Bell sur "Thought I Knew" et à Patrick Wilson sur "Automatic", deux titres légers mais agréables.
Là ou le bât blesse, c'est peut être sur "Heart Songs" et sur "Everybody Get Dangerous". Le premier est trop mielleux à mon goût, l'autre sonne comme du U2 qui essaye de sonner rock, et pour couronner le tout, la production de Rick Rubin (qui ne s'est pas chargé de l'ensemble du disque) est beaucoup trop lisse. Des morceaux efficaces certes, mais qui à mon avis auraient pu se contenter d'être des b-sides correctes...
Ceci étant, le principal intérêt de ce disque se situe autours de 3 titres qui justifient presque à eux seuls son achat. Le premier est "The Greatest Man That Ever Lived" : toute proportion gardée, c'est un peu leur "Bohemian Rapsody" à eux. Ce morceau de plus de 6 minutes ne propose pas une structure conventionnelle mais évolue perpétuellement, oscillant entre piano, choeurs dignes de l'armée rouge (j'exagère à peine) et rock dans la veine habituelle. Innovant et très efficace, "The Greatest Man..." est pour moi un des tout meilleurs du groupe, tous albums confondus !
"Cold Dark World" surprend également par le chant presque rapé de Cuomo et par l'ambiance assez glaciale de la musique. Pour le coup, on peine à reconnaître Weezer, mais on ne va pas s'en plaindre, tant on a pu leur reprocher de tourner en rond ces dernières années.
Enfin, "The Angel And The One" vient cloturer l'album. Cette ballade monte doucement mais sûrement en puissance le long des 6 minutes 30 qu'elle dure. Un titre bouleversant, rarement Weezer aura sonné si dramatique. D'une grande puissance tant émotionnelle que musicale, ce morceau final est, à l'instar de "The Greatest Man...", un de mes titres préférés du groupe, et ce sur l'ensemble de leur discographie.

Notons qu'il existe plusieurs versions de l'album contenant des bonus tracks, la mienne propose "The Weight", ballade légère assez folk, tout à fait agréable.

On désespérait un peu de voir Weezer nous surprendre, ce Red Album marque enfin une prise de risque de la part du groupe, et le résultat est très convaincant. Certes, il y a encore pas mal de titres classiques, mais ces derniers sont souvent suffisamment bons pour que l'on ne boude pas notre plaisir.
Si ce Red Album n'est certes pas parfait, il est sans aucun doute le meilleur disque de Weezer depuis Pinkerton...


Très bon   16/20
par Billyjoe


 Moyenne 12.80/20 

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Posté le 07 juillet 2008 à 17 h 09

Etonnant parcours que celui de Weezer. Après avoir été promis au statut de groupe culte après un premier album de power pop idéale en 1994, le groupe surpris ensuite par un Pinkerton sale et plus mélancolique ; leur chef d'oeuvre pour certains... Mais un échec commercial patent.
Suit une longue période de doute pour son leader Cuomo, le départ du bassiste originel Matt Sharp, puis un retour inespéré 5 ans plus tard, qui vit le groupe prendre une dimension commerciale qu'il n'avait finalement qu'effleurée (le Blue Album ne s'est jamais si bien vendu que cela).
Il faut dire que toutes les conditions avaient été réunies pour réussir cet événement : clin d'oeil appuyé à la pochette du Blue Album, compositions pop ultra efficaces... The Green Album n'est sans doute pas aussi ambitieux et magique que le petit premier mais brille d'intelligence mélodique.
C'est en surfant sur la vague de ce succès que Weezer sortit Maladroit seulement quelques mois plus tard : puissant, varié et plus rock, l'album confirma l'état de forme de son leader, en dépit du départ précoce du remplaçant de Sharp après le Green Album.

C'est en 2005 que les choses se gâtèrent réellement : aujourd'hui encore, Make Believe est décrié, reconnu comme un TRES mauvais disque, tant par les fans que par la critique, Cuomo y faisant preuve d'un mauvais goût certain (mélodies soit tire-larmes, soit décharnées de toute efficacité). Paradoxalement, le groupe n'a jamais aussi bien vendu qu'à cette période...

Et c'est pour cela qu'on se doit de saluer la démarche de Cuomo, qui signe ici un album plutôt ambitieux. On le sent dès le départ : le sleeve est un nouveau clin d'oeil nostalgique à la grâce passée, voulant certainement signifier que, les conneries, c'est terminé.
Pas de bol : tout commence très mal avec un "Troublemaker" en forme d'insulte à ce que Weezer a toujours fait de mieux : la chanson burnée et ensoleillée qu'on a toujours eu envie de chanter en choeur avec le groupe. Les américains, qui ont souvent joué la carte de la fraîcheur jeuniste, sombrent ici dans les travers d'une power pop affligeante de médiocrité. Sale impression retrouvée à diverses occasions tout le long de ce Red Album, avec "Everybody Get Dangerous", "Dreamin" et autre "Automatic".
Quant au fameux (?) "The Greatest Man That Ever Lived", ce n'est que la confirmation que Cuomo a pris de sacrées rides. Véritable auberge espagnole eighties du pauvre, foutraque, mais surtout jamais entraînante, le titre marque cette volonté de Cuomo de sortir le grand jeu... Sans aucun succès.
Passons sur les interventions surprises et insipides de ses deux collègues, Brian Bell et Pat Wilson : ils n'ont jamais été meilleurs que quand ils étaient muets. Ne doutons pas que cette grâce accordée n'est que passagère...

Heureusement, "Pork And Beans", lourd comme il faut, gonfle les pecs, et nous ressort la tête hors de l'eau. Il est, avec les beaux "Heart Songs", "Cold Dark World" et "The Angel And The One" (qui n'est pas sans rappeler la structure du génial "Only In Dreams"), l'une des preuves que Weezer peut encore faire de la musique puissante et rayonnante. Mais l'enchaînement de ces deux albums, l'un mauvais et l'autre seulement médiocre, installent le doute chez le public, et ce de manière durable...

Ahhhhhhhh, dur métier que celui d'écrire des pop songs qui tapent toujours dans le mille !!
Passable   11/20



Posté le 10 juillet 2008 à 20 h 22

Tout d'abord une précision : le morceau en bonus n'est pas seulement une agréable ballade folk, c'est une reprise du plus grand groupe de rock canadien de l'Histoire. C'est un choix assez surprenant, mais qui donne peut-être quelques indices quant à l'insondable (et beau) mystère Cuomo.
Oui, "The Greatest Man That Ever Lived" est bien le "Bohemian Raphsody" de Weezer ; sauf que là où la bande à Farrokh Bulsara, consciente qu'il était impossible de caser quoi que ce soit derrière pareil tour de force, plaçait son tube en fin de galette, le Cuomo Crew pose fièrement le sien... piste 2. Comme si de rien n'était.
Il y a une étrange modestie chez Cuomo, qu'on sait fan de Kiss, et parfaitement apte à conduire, si l'envie l'en prenait, le même type d'entreprise. On se souvient également d'avoir surpris l'homme à fricoter avec Limp Bizkit, dont l'arrogance est à quinze mille borne de son attitude. Tout Weezer est peut-être dans cette contradiction, ces grosses guitares plaquées sur des mélodies discrètes. Comme si pièce montée hard épique et ballade épurée était, au fond, la même chose : juste des chansons, et c'est la seule chose qui importe vraiment. Et c'est ce que dit parfaitement cette reprise profil bas de "The Weight".
Mais ce qui déstabilise à ce point dans ce nouveau Weezer, c'est qu'il n'est pas Cuomocentré. Il y a dans un premier temps ce curieux machin sur le net, "Faisons-une-chanson-tous-ensemble", et puis ces morceaux chantés par Brian Bell, Scott Shriner et Patrick Wilson (ces gens à qui on n'avait pas forcément prêté attention auparavant), incongrus et déroutants - du rock MTV, soyons francs. Pour la première fois peut-être, Weezer est un groupe, au sens où on l'entendait dans les années 70-80 : une entité multicéphale prête à conquérir le monde, qui peut se permettre de singer le logo de Van Halen et d'enregistrer un truc aussi outrageusement FM que ce "Everybody Gets Dangerous" qu'on croirait volé à Linkin Park. C'est à la fois la limite de cet album, cette vulgarité et cette facilité qui pointaient le nez sur les albums précédents ("Beverly Hills", "Dope Nose", ce genre de perles hédonistes) mais sans oser s'afficher pleinement, et sa force : laisser enfin une large place à la jouissance simple et bête. Un peu comme si on avait affaire à une grosse star pop (Elton John, mettons), qui viendrait jouer ses quatre accords au coin du feu, apportant les marshmallows en prime. Ou l'inverse, plutôt.
Alors certes cet album déstabilise (ce qui est aussi une bonne chose) et ses options esthétiques douteuses ne convainquent pas tout à fait, mais elles ouvrent la porte à dix mille possibilités fascinantes. Gageons que ce disque gagnera en beauté avec le temps (je l'aime à chaque écoute un peu plus), et que la suite sera encore plus formidable.
Bon   15/20



Posté le 10 juillet 2008 à 22 h 45

Je me sens réellement contraint de poster ma chronique au vu de la précèdente qui flingue Weezer pour ce Red Album.

Ce nouvel album contient ses faiblesses et ses qualités... Mais beaucoup plus de qualités! Weezer est de nouveau au plus de sa forme avec des chansons comme "The Greatest Man That Ever Lived", sorte de mini opéra rock qui est incroyablement réussie. Chaque morceau est une réussite, s'enchaînant à merveille. On passe par différentes émotions tout au long de ce morceau de 6 minutes qui restera à jamais comme l'un des chefs d'oeuvre de Weezer au même titre que "Only In Dreams". En parlant de chefs d'oeuvre, comment oublier "Dreamin'" dans ce nouvel album. Comment peut on dénigrer ce que Rivers Cuomo sait faire de mieux? Mélodie énorme et entêtante avec son côté sunshine, harmonies vocales dignes des beach boys, changements de rythmes... Le meilleur de Weezer assurément!

Ensuite, après les chefs d'oeuvre, nous avons droit aux excellentes chansons. "Pork and Beans" bien sûr, un hymme que seul Rivers sait faire... Ajoutons "Troublemaker" qui est frais et très efficace. Ajoutons y ce fameux "The Angel And The One" qui possède un des moments les plus magiques de Weezer lorsque la chanson est dans le dur avec beaucoup d'émotions. Pour ceux ayant la version deluxe du Red Album, ajoutez y "Miss Sweeney" et "Pig" qui auraient dû figurer sur l'original. Mais pour des raisons commerciales, elles sont sur la version collector.

Venons en aux bonnes chansons, sympas, qui restent efficaces : "Heart Songs" qui rend hommage à ses idoles, "Everybody Get Dangerous" qui est un modèle d'efficacité ROCK !! On peut ne pas aimer les couplets rapés mais le reste de la chanson est démentiel. Les changements de rythme aussi sont supers. Weezer est enfin moins structuré dans ses chansons et y gagne en charme. "Thought I Knew" de Brian fait partie de celles ci même si il aurait dû garder la version originale de The Relationship.

Quant à "Cold Dark World", il y a une faute de mauvais goût même si le refrain est excellent.

Weezer est bien de retour, même si le fait de faire chanter les autres membres n'est pas un gage de sécurité. Quoi qu'il en soit, et c'est bien le principal, Rivers est en très grande forme et si il faut faire participer les autres pour que Weezer continue à exister, je signe de suite.

Ce groupe fait partie du panthéon de la power pop. Eternel.
Très bon   16/20



Posté le 12 juillet 2008 à 11 h 39

On annonçait à droite et à gauche le grand retour de Weezer avec cet album rouge. Rivers Cuomo serait donc enfin revenu à la raison après une phase de presque dix ans plombée par une inspiration plus que moisie ?
Bon après quelques écoutes, les bons titres sont toujours introuvables dans ce fouillis peu ragoûtant. Weezer a même franchi une limite inquiétante : celle du mauvais goût. Car au milieu des titres plats tentant difficilement de renouer avec la gloire passée ("Pork & Beans", "Automatic" ou "Heart Songs"), on trouve des tentatives navrantes de s'immiscer dans les clichés actuellement en vigueur dans le rock. Arrangements electros sans saveur, beat technoïdes, voix mélos et sans émotions... Tout cela est utilisé sans style, en passant d'une tentative à une autre sans aucune cohérence pour un résultat plus que bancal.
Mais, non contents de se ridiculiser sur ces titres anecdotiques, le groupe pond une aberration d'un rare mauvais goût: "The Greatest Man That Ever Lived". Ce titre contient tous les ingrédients pour un cocktail anti-rock'n'roll parfait : des voix grandiloquentes et pompeuses (chantées, parlées, rapées...), des choeurs ignobles, une propension à se vautrer dans les travers les plus affreux de la musique (heavy-metal, rock progressif, r'n'b, new wave, mauvais hip-hop...), des paroles niaises... Grand prix haut la main du morceau le plus pourri de l'année!
Les paroles de la plupart des morceaux relatent le passage à l'âge adulte, la maturité et c'est peut-être là où il faut chercher l'explication de ce déclin d'inspiration. Weezer faisait partie d'une vague qualifiée de ‘college rock' par les journaleux maniaques et adeptes des étiquettes. Comme d'autres groupes du même acabit (Nada Surf par exemple) ou d'autres scènes (le Washington hardcore), le groupe a perdu son jus en grandissant. Il a perdu la motivation, les frustrations et la rébellion qui bouillonnaient et rejaillissaient sur ses compos. Et même si Weezer tente de colmater les brèches à coups de grosses guitares et de balades mélos, il est temps de se rendre à l'évidence, de tourner la page et de passer à autre chose. Trêve de nostalgie...
A éviter   6/20







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