Current 93
Horsey |
Label :
Durtro |
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Tibet est un homme qui ne sait probablement pas rester sur place un seul instant. Une qualité (car chez un homme aussi créatif, c'est une qualité), qui le pousse, 2 ans seulement après le monument Earth Covers Earth, à nous pondre un nouvel opus qui ne fera que confirmer la grandeur artistique d'un des artistes contemporains les plus méconnus au vu de son immense talent.
Dès les premières notes, il ne fait aucun doute que cet album sera grandiose. Il n'y a définitivement aucun autre terme. Six morceaux, ce qui peut paraître peu. Juste ce qu'il faut, en fait, pour dire tout ce qu'il y avait à dire, exactement comme il le fallait. La recette semble fondamentalement la même : des instruments classiques ; un son folkisant ; une structure toujours aussi efficace, trahissant l'indus des premières heures ; une rythmique hypnotique ; des propos sombres comme l'enfer. Mais l'enfer ne semble pas être les flammes et les braises que notre société occidentale s'est plu à imprimer dans notre subconscient collectif. L'enfer de Tibet est noir, brumeux. C'est une forêt perdue, où la vie semble épouser et se confondre avec l'odeur de la mort, les arbres sont menaçants, la faune se terre, ricanant de voir cette âme en peine. Car les termes qui caractériseraient au mieux cet album seraient probablement "noir", "tension" mais surtout "torture". Car c'est un véritable orchestre à la souffrance qui est déployé. Chaque titre est un véritable expiatoire, une sorte de brebis galeuse, sur laquelle serait lancées toutes les pierres, tous les maux du monde et qui crierait à la mort dans un dernier effort. Merci à ces saturations, un trait marqué d'Horsey, ainsi que ces nappes systématiquement stridentes et malsaines, reflétant non seulement une déprime et un désespoir profond mais, et pour la première fois, de manière aussi probante dans l'oeuvre de Tibet, un sens évident de la destruction interne.
Violon nerveux et tendu (les premières notes de cet album) ; une voix féminine déclamant un texte étrange en français, presque surréaliste ; un piano lourd et profond, un chant inspiré, des guitares saturées, crispantes, blessantes, tranchantes, et une fin tout en puissance, le tout respirant un malaise profond contrastant avant tout avec une beauté déconcertante : c'est le premier titre du disque, "Diana", un des morceaux les plus à fleur de peau des Current 93. Les mélodies s'enchaînent sans relâche, douces, nous berçant, comme en témoigne le magnifique "The Death Of The Corn". Encore une fois, la tension est palpable, plaintive, sur le titre suivant, "Tree". Le diptyque "Broken Birds Fly" se voit être la longue montée d'une puissance noire sur la première partie, se poursuivant et s'estompant peu à peu dans la seconde. Mis là, entre les deux pistes jumelles, le morceau titre s'avère être le plus rock de tous, guitare bien lourde et batterie martelée.
Et le temps de rien, on arrive déjà à la fin, laissant l'auditeur sonné après une écoute aussi imprégnante. Il serait presque de mauvaise foi de déclarer que cet Horsey est l'œuvre ultime de Current 93, comme le laisserais transparaître ma chronique passionnée, mais il le serait tout autant de ne pas admettre l'évidence du talent, de la maîtrise et de la sensibilité profonde qui se dégage de cette pièce. Loin d'être leur meilleur, manquant légèrement, peut-être, de variété, cette production est d'une telle beauté et profondeur, assurément l'une de mes préférés. Mes amis, quel artiste !
PS : L'édition CD comprend l'EP original Horse (pistes 1 à 3), des lives japonais (4-6) dont un tout à fait inédit (4) et un titre inédit apparaissant originellement sur un sample 7" du magazine Ptolemic Terrascope.
Dès les premières notes, il ne fait aucun doute que cet album sera grandiose. Il n'y a définitivement aucun autre terme. Six morceaux, ce qui peut paraître peu. Juste ce qu'il faut, en fait, pour dire tout ce qu'il y avait à dire, exactement comme il le fallait. La recette semble fondamentalement la même : des instruments classiques ; un son folkisant ; une structure toujours aussi efficace, trahissant l'indus des premières heures ; une rythmique hypnotique ; des propos sombres comme l'enfer. Mais l'enfer ne semble pas être les flammes et les braises que notre société occidentale s'est plu à imprimer dans notre subconscient collectif. L'enfer de Tibet est noir, brumeux. C'est une forêt perdue, où la vie semble épouser et se confondre avec l'odeur de la mort, les arbres sont menaçants, la faune se terre, ricanant de voir cette âme en peine. Car les termes qui caractériseraient au mieux cet album seraient probablement "noir", "tension" mais surtout "torture". Car c'est un véritable orchestre à la souffrance qui est déployé. Chaque titre est un véritable expiatoire, une sorte de brebis galeuse, sur laquelle serait lancées toutes les pierres, tous les maux du monde et qui crierait à la mort dans un dernier effort. Merci à ces saturations, un trait marqué d'Horsey, ainsi que ces nappes systématiquement stridentes et malsaines, reflétant non seulement une déprime et un désespoir profond mais, et pour la première fois, de manière aussi probante dans l'oeuvre de Tibet, un sens évident de la destruction interne.
Violon nerveux et tendu (les premières notes de cet album) ; une voix féminine déclamant un texte étrange en français, presque surréaliste ; un piano lourd et profond, un chant inspiré, des guitares saturées, crispantes, blessantes, tranchantes, et une fin tout en puissance, le tout respirant un malaise profond contrastant avant tout avec une beauté déconcertante : c'est le premier titre du disque, "Diana", un des morceaux les plus à fleur de peau des Current 93. Les mélodies s'enchaînent sans relâche, douces, nous berçant, comme en témoigne le magnifique "The Death Of The Corn". Encore une fois, la tension est palpable, plaintive, sur le titre suivant, "Tree". Le diptyque "Broken Birds Fly" se voit être la longue montée d'une puissance noire sur la première partie, se poursuivant et s'estompant peu à peu dans la seconde. Mis là, entre les deux pistes jumelles, le morceau titre s'avère être le plus rock de tous, guitare bien lourde et batterie martelée.
Et le temps de rien, on arrive déjà à la fin, laissant l'auditeur sonné après une écoute aussi imprégnante. Il serait presque de mauvaise foi de déclarer que cet Horsey est l'œuvre ultime de Current 93, comme le laisserais transparaître ma chronique passionnée, mais il le serait tout autant de ne pas admettre l'évidence du talent, de la maîtrise et de la sensibilité profonde qui se dégage de cette pièce. Loin d'être leur meilleur, manquant légèrement, peut-être, de variété, cette production est d'une telle beauté et profondeur, assurément l'une de mes préférés. Mes amis, quel artiste !
PS : L'édition CD comprend l'EP original Horse (pistes 1 à 3), des lives japonais (4-6) dont un tout à fait inédit (4) et un titre inédit apparaissant originellement sur un sample 7" du magazine Ptolemic Terrascope.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Mr.dante |
En écoute : https://current931.bandcamp.com/album/horsey
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