The Arcade Fire
Paris [Accor Arena] - jeudi 15 septembre 2022 |
Où en sont Arcade Fire aujourd'hui?
Passé le coup de foudre des débuts, les montréalais ont sorti avec The Suburbs et Reflektor deux albums d'anthologie qui m'ont profondément marqué, et livré des concerts mémorables lors des tournées qui ont suivi. J'ai eu la chance de les voir en concert 4 fois sur cette période, avec à chaque fois des prestations à la hauteur de de leur excellente réputation scénique. Et puis en 2017, premier accident de parcours, avec Everything Now, un album franchement médiocre qui tournait à vide. Ma déception à l'époque a toutefois été atténuée par un autre excellent concert à Primavera Sound Festival. J'ai malheureusement raté la tournée en salles qui a suivi, avec la fameuse scène " ring " au milieu de la salle qui a emballé tout ceux qui les ont vus à ce moment. Et enfin cette année, le groupe est revenu avec un WE de bien meilleure facture, avec certes du fan service un peu facile mais également de bonnes chansons. Au final on regrettera l'absence d'un tube mémorable, qui empêche cet opus d'atteindre le niveau de ses glorieux prédécesseurs.
Où en sont donc Arcade Fire? Difficile à dire, mais j'ai l'impression d'un groupe qui a atteint une sorte de faux plat dans sa carrière, ne sait pas trop vers où aller mais avec un talent indéniable et pour qui je garde toujours une grande affection. C'est donc la fois fébrile et enthousiaste que je débarque à l'Accor Arena. En arrivant, je constate avec plaisir que la mini-scène ring est bien présente.
Après une longue attente marquée par un morceau de piano grandiloquent (et un peu stressant), les montréalais débarquent enfin et démarrent avec "Age of Anxiety I", balancée entre accords de piano délicats et crescendo intense, avant d'enchaîner sur un "Ready to Start" à l'énergie brute et dominé par les guitares. Cette absence de synthétiseurs va marquer un début du concert très rock, où le groupe semble soigneusement éviter les tubes et jouer sur l'effet de surprise, avec notamment deux chansons de l'anecdotique Neon Bible : "Black Wave / Bad Vibrations" (jouée pour la première fois depuis 2008!) et la crépusculaire "My body is a cage", jouée par le couple Régine Chassagne / Win Butler depuis la mini-scène. Sur le principe, cela semble être une excellente idée et dans une plus petite salle cela sûrement aurait fait mouche, mais malheureusement, cela ne suffit pas à réveiller une salle aussi grande que Bercy, qui sonne un peu creux.
Heureusement, le groupe passe la seconde avant qu'un malaise ne s'installe et entame une séquence disco qui va directement enflammer la salle. Un "Afterlife" fougueux suscite les premiers " Ooooh oh oh oh " du public, suivi par "Reflektor" et "Age of Anxiety II (Rabbit Hole)", surpuissants mais au volume assourdissant. La prochaine fois à Bercy, je n'oublierai pas mes boules quies, car il était difficile de ne pas entendre autre chose qu'un magma sonore indéfini sur ces chansons très produites - heureusement que je les connaissais par coeur pour savoir où m'accrocher.
La suite du concert sera de bonne facture et dévoilera les multiples facettes du groupe en explorant un catalogue désormais bien fourni. Les passages obligés tels que "Rebellion (Lies)" ou la toujours sublime "The Suburbs" côtoient les morceaux plus inattendus comme "Month of May" ou "Haïti". Le volume sonore m'a malheureusement gâché "Sprawl II", mais la générosité et l'énergie du groupe rendent les morceaux les plus rock irrésistibles, notamment "Everything Now", que j'écoute très rarement en temps normal mais qui conclut de très belle manière le set principal.
A ce moment j'ai un sentiment un peu bizarre. Les gros tubes ont été d'excellents moments comme d'habitude, mais cela était presque trop attendu. Le groupe a tenté de surprendre avec le début du concert mais cela est un peu tombé à plat, comme s'ils ne maitrisaient pas totalement leur statut, perdu entre Indie et Stadium rock. D'où une impression un peu contrastée.
Et c'est à ce moment que le miracle a lieu. Arcade Fire vont sublimer l'exercice un peu convenu du rappel et livrer un final d'anthologie, absolument mémorable.
Regroupé sur la mini-scène, sans synthétiseurs, le groupe entame le morceau de bravoure de leur dernier album, l'excellent " End of the Empire ", ici interprété de façon magistrale. Pendant une dizaine de minutes, on est transportés comme sur des montagnes russes entre glam rock et passages dépouillés et émouvants. Discrets jusqu'ici, les violons et pianos emblématiques du groupe retrouvent leur place pour venir souligner des instants saisissants. Par ailleurs, le groupe réussit l'exploit de créer un sentiment de proximité dans une salle aussi grande, grâce à cette mini-scène.
Je m'attends ensuite à entendre "Neigborhood #1 (Tunnels)", mais non, je distingue un groove aguicheur à la guitare...Régine commence à chanter... " Des arbres se penchent, c'est plus fort, plus fort que tout...". Clameur dans la salle, c'est bien une reprise du tube de Niagara, "Pendant que les champs brûlent"! La surprise est totale, le public est emballé par ce clin d'oeil espiègle, et on se dit que les "tou-tou-tou"et les violons de cette chanson vont comme un gant à Arcade Fire. Tendre et séduisant. Et alors que la boule disco au milieu de la salle brille de mille feux, les membres du groupe échangent leur instruments comme au bon vieux temps avant de nous achever avec un "Wake Up" qui donnera lieu à la communion euphorique habituelle.
Quel final inoubliable! Au final ça tient à peu de choses. Un morceau récent sublimé, une surprise, un grand classique. De la simplicité, avec un groupe recentré sur ses instruments, sur une petite scène sans fioriture. Et tout simplement le bonheur de voir un groupe qu'on a tant aimé renouer avec la magie des débuts, alors qu'on craignait qu'il n'en soit plus capable. Si le set principal était bon mais un peu trop prévisible, ce rappel exceptionnel restera gravé dans ma mémoire. Un très très grand moment, de la part d'un groupe qui a toujours ce supplément d'âme, ce truc lyrique et généreux en plus.
Où en sont Arcade Fire aujourd'hui? Je n'ai pas le sentiment d'être plus avancé qu'en arrivant, en revanche, je sais que, si j'étais effectivement arrivé légèrement blasé, je repars fan de nouveau transi, au point d'avoir depuis acheté une place pour retourner les voir à Nantes dans une semaine!
Passé le coup de foudre des débuts, les montréalais ont sorti avec The Suburbs et Reflektor deux albums d'anthologie qui m'ont profondément marqué, et livré des concerts mémorables lors des tournées qui ont suivi. J'ai eu la chance de les voir en concert 4 fois sur cette période, avec à chaque fois des prestations à la hauteur de de leur excellente réputation scénique. Et puis en 2017, premier accident de parcours, avec Everything Now, un album franchement médiocre qui tournait à vide. Ma déception à l'époque a toutefois été atténuée par un autre excellent concert à Primavera Sound Festival. J'ai malheureusement raté la tournée en salles qui a suivi, avec la fameuse scène " ring " au milieu de la salle qui a emballé tout ceux qui les ont vus à ce moment. Et enfin cette année, le groupe est revenu avec un WE de bien meilleure facture, avec certes du fan service un peu facile mais également de bonnes chansons. Au final on regrettera l'absence d'un tube mémorable, qui empêche cet opus d'atteindre le niveau de ses glorieux prédécesseurs.
Où en sont donc Arcade Fire? Difficile à dire, mais j'ai l'impression d'un groupe qui a atteint une sorte de faux plat dans sa carrière, ne sait pas trop vers où aller mais avec un talent indéniable et pour qui je garde toujours une grande affection. C'est donc la fois fébrile et enthousiaste que je débarque à l'Accor Arena. En arrivant, je constate avec plaisir que la mini-scène ring est bien présente.
Après une longue attente marquée par un morceau de piano grandiloquent (et un peu stressant), les montréalais débarquent enfin et démarrent avec "Age of Anxiety I", balancée entre accords de piano délicats et crescendo intense, avant d'enchaîner sur un "Ready to Start" à l'énergie brute et dominé par les guitares. Cette absence de synthétiseurs va marquer un début du concert très rock, où le groupe semble soigneusement éviter les tubes et jouer sur l'effet de surprise, avec notamment deux chansons de l'anecdotique Neon Bible : "Black Wave / Bad Vibrations" (jouée pour la première fois depuis 2008!) et la crépusculaire "My body is a cage", jouée par le couple Régine Chassagne / Win Butler depuis la mini-scène. Sur le principe, cela semble être une excellente idée et dans une plus petite salle cela sûrement aurait fait mouche, mais malheureusement, cela ne suffit pas à réveiller une salle aussi grande que Bercy, qui sonne un peu creux.
Heureusement, le groupe passe la seconde avant qu'un malaise ne s'installe et entame une séquence disco qui va directement enflammer la salle. Un "Afterlife" fougueux suscite les premiers " Ooooh oh oh oh " du public, suivi par "Reflektor" et "Age of Anxiety II (Rabbit Hole)", surpuissants mais au volume assourdissant. La prochaine fois à Bercy, je n'oublierai pas mes boules quies, car il était difficile de ne pas entendre autre chose qu'un magma sonore indéfini sur ces chansons très produites - heureusement que je les connaissais par coeur pour savoir où m'accrocher.
La suite du concert sera de bonne facture et dévoilera les multiples facettes du groupe en explorant un catalogue désormais bien fourni. Les passages obligés tels que "Rebellion (Lies)" ou la toujours sublime "The Suburbs" côtoient les morceaux plus inattendus comme "Month of May" ou "Haïti". Le volume sonore m'a malheureusement gâché "Sprawl II", mais la générosité et l'énergie du groupe rendent les morceaux les plus rock irrésistibles, notamment "Everything Now", que j'écoute très rarement en temps normal mais qui conclut de très belle manière le set principal.
A ce moment j'ai un sentiment un peu bizarre. Les gros tubes ont été d'excellents moments comme d'habitude, mais cela était presque trop attendu. Le groupe a tenté de surprendre avec le début du concert mais cela est un peu tombé à plat, comme s'ils ne maitrisaient pas totalement leur statut, perdu entre Indie et Stadium rock. D'où une impression un peu contrastée.
Et c'est à ce moment que le miracle a lieu. Arcade Fire vont sublimer l'exercice un peu convenu du rappel et livrer un final d'anthologie, absolument mémorable.
Regroupé sur la mini-scène, sans synthétiseurs, le groupe entame le morceau de bravoure de leur dernier album, l'excellent " End of the Empire ", ici interprété de façon magistrale. Pendant une dizaine de minutes, on est transportés comme sur des montagnes russes entre glam rock et passages dépouillés et émouvants. Discrets jusqu'ici, les violons et pianos emblématiques du groupe retrouvent leur place pour venir souligner des instants saisissants. Par ailleurs, le groupe réussit l'exploit de créer un sentiment de proximité dans une salle aussi grande, grâce à cette mini-scène.
Je m'attends ensuite à entendre "Neigborhood #1 (Tunnels)", mais non, je distingue un groove aguicheur à la guitare...Régine commence à chanter... " Des arbres se penchent, c'est plus fort, plus fort que tout...". Clameur dans la salle, c'est bien une reprise du tube de Niagara, "Pendant que les champs brûlent"! La surprise est totale, le public est emballé par ce clin d'oeil espiègle, et on se dit que les "tou-tou-tou"et les violons de cette chanson vont comme un gant à Arcade Fire. Tendre et séduisant. Et alors que la boule disco au milieu de la salle brille de mille feux, les membres du groupe échangent leur instruments comme au bon vieux temps avant de nous achever avec un "Wake Up" qui donnera lieu à la communion euphorique habituelle.
Quel final inoubliable! Au final ça tient à peu de choses. Un morceau récent sublimé, une surprise, un grand classique. De la simplicité, avec un groupe recentré sur ses instruments, sur une petite scène sans fioriture. Et tout simplement le bonheur de voir un groupe qu'on a tant aimé renouer avec la magie des débuts, alors qu'on craignait qu'il n'en soit plus capable. Si le set principal était bon mais un peu trop prévisible, ce rappel exceptionnel restera gravé dans ma mémoire. Un très très grand moment, de la part d'un groupe qui a toujours ce supplément d'âme, ce truc lyrique et généreux en plus.
Où en sont Arcade Fire aujourd'hui? Je n'ai pas le sentiment d'être plus avancé qu'en arrivant, en revanche, je sais que, si j'étais effectivement arrivé légèrement blasé, je repars fan de nouveau transi, au point d'avoir depuis acheté une place pour retourner les voir à Nantes dans une semaine!
Excellent ! 18/20 | par Vamos |
Setlist:
Age of Anxiety I
Ready to start
Black wave / Bad vibrations
It's never over (Hey Orpheus)
My body is a cage
Afterlife
Reflektor
Age of anxiety II (Rabbit hole)
The lightning I
The lightning II
Rebellion (Lies)
Month of May
The suburbs
The suburbs (Continued)
Unconditional I (Lookout kid)
Haïti
Sprawl II (Mountain beyond mountains)
Everything now
>>>>>
End of the Empire I-III
End of the Empire IV (Sagittarius A*)
Pendant que les champs brûlent
Wake up
Age of Anxiety I
Ready to start
Black wave / Bad vibrations
It's never over (Hey Orpheus)
My body is a cage
Afterlife
Reflektor
Age of anxiety II (Rabbit hole)
The lightning I
The lightning II
Rebellion (Lies)
Month of May
The suburbs
The suburbs (Continued)
Unconditional I (Lookout kid)
Haïti
Sprawl II (Mountain beyond mountains)
Everything now
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End of the Empire I-III
End of the Empire IV (Sagittarius A*)
Pendant que les champs brûlent
Wake up
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