The Arcade Fire

Anvers - Belgique [Palais Des Sports] - jeudi 19 avril 2018

The Arcade Fire
Quand je suis amené à réfléchir aux cinq concerts qui m'ont le plus marqué, celui d'Arcade Fire en 2007 au Pukkelpop a naturellement tendance à émerger au milieu des autres. À l'époque, le groupe était encore la sensation qui agitait presse et public (principalement étudiant) avec sa musique indie baroque. Peut-être qu'avec le temps, mes souvenirs ne sont plus tout à fait fiables, mais je garde en mémoire ces morceaux grandiloquents et fédérateurs et tous ces jeunes gens autour de moi qui chantaient les chansons avec ferveur. Du coup, avant la sortie d'Everything Now, je me suis dit que je voulais retrouver ces Canadiens qui m'avaient fait passer un si bon moment. La déception suscitée par le dernier album ne me fera pas changer d'avis : j'achète ma place dès la mise en vente.

À mon arrivée en salle, je suis surpris par la configuration avec cette scène centrale à 360° tel un ring de boxe. Deux boules à facettes géantes sont également bien visibles. Pour faire patienter avant la première partie, une playlist disco/new wave résonne dans l'énorme arène du Palais des Sports : Blondie, Bowie, Talking Heads, Roxy Music, Jacksons Five, etc. Sur les quatre écrans qui surplombent le carré de la scène, des fausses pubs sont diffusées de temps en temps. Vers 19h30, Preservation Hall Jazz Band, groupe originaire de la Nouvelle-Orléans, grimpe sur scène. Pourtant plutôt amateur de jazz, je ne parviens pas à me passionner pour cette première partie. De plus, de là où je suis je ne vois que le groupe jouer de dos : Arcade Fire utilisera (heureusement) bien mieux les possibilités qu'offre la scène à 360°.

Vers 21h, les lumières s'éteignent et l'instrumental disco "A Fifth of Beethoven" de Walter Murphy annonce l'arrivée imminente du groupe. À l'arrière de la salle se pressent les différents membres et une voix, telle celle d'un commentateur sportif, annonce : "And now ladies and gentlemen..." Après l'introduction qui mime parfaitement le début d'un match de boxe, l'équipe "représentant le Canada, les Etats-Unis et Haïti" traverse le public comme des boxeurs obstinés et rejoint le ring central. Honnêtement, je trouve cette montée sur scène géniale : idéale pour créer une ambiance de feu. À plusieurs reprises pendant le concert, le groupe se confrontera d'ailleurs au public : sur "Afterlife", "We Don't Deserve Love" où Win débutera la chanson seul au milieu de la fosse les yeux fixés sur l'écran géant qui projette les paroles (au cas où les spectateurs auraient envie de chanter avec lui), ou encore à la fin sur "Wake Up" où le groupe, rejoint par Preservation Hall Jazz Band, repartira d'où il est venu non sans avoir zigzagué dans la fosse.

Mais revenons au début du concert... Arcade Fire le débute par "Everything Now", qui fonctionne très bien, et enchaîne avec "Rebellion (Lies)" et "Here Comes the Night Time", qui captivent également. À la fin du troisième titre, les cordes autour de la scène-ring tombent afin d'assurer plus de proximité avec le public. Le groupe joue ensuite "Peter Pan", qui casse la dynamique installée par les premiers titres. À l'exception d'ailleurs de "Everything Now" et de "Creature Comfort" – un morceau que je n'apprécie pourtant pas beaucoup sur album, mais qui sera très réussi en live – les chansons extraites du dernier album sont souvent celles qui fonctionnent le moins bien. Par exemple, "Electric Blue", très sympa sur disque, est disons-le vraiment raté en live : voix de Régine suraiguë et bouillie sonore (le groupe n'est sur ce point peut-être pas l'unique responsable) rendent le moment absolument pas heureux. Le constat n'est pas bien plus positif pour "Put Your Money on Me" ou pour "Afterlife" (ce dernier extrait de Reflektor). "Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)", pourtant dans un registre synthpop plus ou moins similaire, sera bien mieux géré.

À l'exception de ces quelques imperfections, les bons moments sont nombreux lors de ce concert. "Neon Bible", notamment, que je suis aussi surpris que content de retrouver ce soir-là : son beaucoup plus dépouillé, et donc beaucoup plus clair. Win demande à chacun d'allumer son téléphone portable : des milliers de tâches lumineuses parsèment l'obscurité de la salle pour un très beau moment visuel et sonore. Les désormais classiques "No Cars Go" et "The Suburbs" sont d'autres points culminants du concert.

Ce qui marque également lors de ce concert, c'est le traitement accordé à chaque morceau et à leur mise en scène : il ne s'agit pas d'une simple superposition de chansons ; chaque titre, au contraire, apporte son atmosphère et/ou des idées nouvelles (le jeu de Win avec le public, le final carnavalesque sur "Wake Up", les bouteilles de vin qui servent d'instruments à Régine sur "We Don't Deserve Love", l'insertion d'un extrait de "Smells Like Teen Spirit" sur "Rococo" ou de "Temptation" de New Order sur "Afterlife", la mini-reprise acoustique de "Linger" des Cranberries en intro de "Everything Now (Continued)", et j'en passe).

Ce concert au Palais Des Sports d'Anvers, sans égaler le concert au Pukkelpop en 2007 – mais comment le pourrait-il vu que ce dernier fait désormais partie d'un passé très certainement sublimé – a tout à fait comblé mes attentes et m'a donné l'envie de réécouter toute leur discographie. Je ne me laisserai probablement pas dix ans à nouveau avant d'assister à un prochain concert d'Arcade Fire.


Très bon   16/20
par Rebecca Carlson


  Setlist
Everything Now
Rebellion (Lies)
Here Comes the Night Time
Peter Pan
No Cars Go
Electric Blue
Put Your Money on Me
Neon Bible
Rococo
Suburban War
Neighborhood #1 (Tunnels)
The Suburbs
The Suburbs (Continued)
Ready to Start
Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)
Reflektor
Afterlife
Creature Comfort
Neighborhood #3 (Power Out)
>>>
We Don't Deserve Love
Linger/Everything Now (Continued)
Wake Up


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