Serge Gainsbourg

Vu De L'Extérieur

Vu De L'Extérieur

 Label :     Philips 
 Sortie :    mardi 10 avril 1973 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

1973 : Le choc Melody Nelson est digéré, le fabuleux et révolutionnaire concept-album n'a pas encore généré les vocations qui vont faire de lui un album clé de la chanson française, quand Serge Gainsbourg amorce (encore) un virage artistique inattendu.

Vu De L'Extérieur est un album qui, planqué derrière les vannes et les jeux de mots, dévoile une partie cachée de l'iceberg Gainsbourg.
1973, c'est l'année du premier infarctus de Serge, tandis que Birkin sa muse, et compagne de son côté livre son premier album Di Dooh-Dah, que Gainsbourg a écrit pour elle, le couple déjà mythique défraye la chronique, mais Gainsbourg déjà va mal et ses angoisses et son mal de vivre donnent naissance à un chef-d'oeuvre "Je Suis Venu Te Dire Que Je M'en Vais", sublime chanson qui va étouffer toutes les autres de cet album décalé, désinvolte, un peu cradingue mais jamais vulgaire.
Fâché avec Jean-Claude Vannier, Gainsbourg confie les arrangements aux deux British Alan Hawkshaw et Alan Parker, qui vont apporter un son nouveau à la musique de Serge.
Les titres parlent d'eux-mêmes : "La Poupée Qui Fait", "Pamela Popo", "Des Vents, Des Pets, Des Poums", "L'Hippopodame", "Titicaca", "Panpan Culcul", pour un résultat déroutant qui va diviser public et critiques, qui plus tard consacreront Vu De L'Extérieur comme l'un des albums essentiels de l'artiste.


Très bon   16/20
par Jimbo


 Moyenne 14.67/20 

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Posté le 11 octobre 2005 à 15 h 56

Les années sombres de Gainsbourg, album 1.

Histoire de Melody Nelson avait révélé un artiste sans égal, hors du temps, nous proposant une oeuvre d'une finesse inouïe, tant au niveau musical que littéraire.

Deux ans plus tard, on en est loin. Finit le dandysme rock de Melody, les textes huysmaniens et les orchestrations sublimes de Jean-Claude Vannier.

On a souvent parlé à propos de cet album d'un album domestique. Il nous parle en effet de sa famille, de Charlotte encore bébé ("La Poupée Qui Fait"), de sa laideur ("Vu De l'Exterieur") et de caca.

En effet, c'est son album scato, nous préparant à son livre Evguenie Sokolhov, parut 7 ans plus tard.
Sur des musiques folk-boogie plan-plan sans originalité et interpretées par des requins de studio fonctionnaires, voilà notre Serge qui nous propose ses variations en pet mineur, déclinées en 10 titres ou le graveleux se dispute au sans intérêt.

Alors bien sûr, ça part bien, "Je Suis Venu Te Dire..." et "Vu De l'Extérieur" augurent d'un grand album. ça aurait pu s'arrêter là. ça aurait dû s'arrêter là.

Gainsbourg se transforme petit à petit en Gainsbarre... Et le pire reste à venir.
Correct   12/20



Posté le 29 juillet 2007 à 19 h 54

Que j'aime cet album! Pas seulement pour ses qualités musicales (pourtant certaines) mais aussi parce que Vu De L'Extérieur se situe chronologiquement entre les deux chefs d'oeuvres adulés par les bobos et les critiques opportunistes : Histoire De Melody Nelson et L'Homme A La Tête De Chou et qu'il fait tache. Serge Gainsbourg passe ici par une période pipi-caca (comme tout bon génie qui se respecte) et ça emmerde sérieusement cette meute affamée!! Difficile pour eux de porter aux nues un auteur ayant composé un album scato. Du coup, ce disque, entre autres choses graveleuses, le sauve des récupérations tardives dont il pourrait faire l'objet aujourd'hui décédé. Et c'est tant mieux!

Pourtant, Vu De L'Extérieur possède une valeur inestimable : il remet Gainsbourg au niveau d'homme après un coup de génie. Là où Histoire De Melody Nelson aurait pu le catapulter (plusieurs années après sa mort) artiste génial, incontournable et inestimable par une élite avide d'icône, Vu De L'Extérieur le replace à notre niveau et grandit par la même occasion la stature du personnage une fois la peinture idéaliste craquelée. On se rend alors mieux compte du talent incroyable de Serge Gainsbourg ainsi que de son immense et rare humilité.

Pour comprendre ce disque, il faut le replacer dans son contexte de l'époque. C'est le premier de l'artiste père et de l'artiste déchu. C'est cette nouvelle position qui le rend plus humain. Après la naissance de Charlotte et la gamelle critique subie par son autre bébé (Melody), Serge Gainsbourg revient à quelque chose de plus terre à terre, de plus simple. L'absence de Jean Claude Vannier et un premier infarctus viennent en plus alourdir l'ambiance. Mais malgré tout, Gainsbourg reste un artiste divinement doué. Et même s'il envisage un disque bas de plafond, le résultat tutoie néanmoins les étoiles.

Face aux cordes majestueuses d'Histoire De Melody Nelson, Gainsbourg pose des mélodies toutes simples et des arrangements minimalistes. Un résultat intimiste et plus que jamais émouvant. "Je Suis Venu Te Dire Que Je M'en Vais" est une de ses chansons les plus touchantes et tristes, "Par Hasard Et Pas Rasé", "Vu De L'extérieur" sous une apparente simplicité cachent également ce sentiment de mélancolie. Il progresse également dans la déclamation ‘parlée' de ses textes et déclare d'une manière naïve et attendrissante son amour à sa fille. La pochette met la touche finale à cette oeuvre introspective : Gainsbourg se dévalorise une nouvelle fois en s'affichant au milieu d'un portfolio simiesque. Mais, même s'il en doute, on sait très bien que ce type à la classe totale en plus de ses talents multiples.

Gainsbourg ne planifiait sûrement pas ses oeuvres. Elles apparaissaient au gré de son inspiration. Mais, dans sa discographie, malheureusement définitive, Vu De L'extérieur possède une valeur unique, une tache sur un costard et un caillou dans la godasse de ses anciens détracteurs devenus depuis intarissables sur son génie.
Très bon   16/20







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