Serge Gainsbourg
Paris [Cité De La Musique] - jeudi 23 octobre 2008 |
Pendant le spectacle, je me souviens que je m'étais fait la réflexion que ça ne serait vraiment pas évident pour un chroniqueur de faire un article sur la représentation donnée ce soir à la Cité de la Musique à Paris de l'Histoire De Melody Nelson. Mais je ne me doutais pas encore que j'étais le fameux chroniqueur en question qui allait devoir se donner tant de mal pour synthétiser maladroitement un événement faussement modeste et nostalgique. Car si la prestation des musiciens et notamment du bassiste (ancien bassiste de Lou Reed) et du batteur (à l'origine sur le projet de Vannier) s'imposait par la justesse d'un jeu plein de nuances et de modestie, il s'agissait là sans aucun doute d'une soirée majeure et bien actuelle. Il fallait en être Mesdames, Messieurs, je vous le dis.
Jean Claude Vannier, pour commencer, un mec sympa comme tout qui vous parle de son Enfant assassin des mouches comme d'un "truc" dit-il presque gêné avant de l'interpréter.
Je lui accorde, ce n'est pas une œuvre facile à définir, mais ça regorge d'idées, d'expérimentations drôles et surprenantes. En somme, je trouve que son "truc" reste dans le paysage audiovisuel français actuel un ballet résolument moderne et osé. Ce n'est pas un concert qu'on nous a présenté ce soir mais bien un spectacle total qui donnait aussi bien à voir, à entendre et surtout à ressentir. Jean Claude Vannier était le temps d'un soir un réalisateur aux commandes d'une immense réalisation classe et de qualité dont les acteurs principaux étaient composés de chanteurs (un oscar ex æquo pour Mathieu Almarich et Alain Chamfort), d'un batteur, deux guitaristes, un bassiste et pas moins de trois pianistes. Les nombreux seconds rôles n'étaient évidemment pas en reste et servaient magistralement le film avec un orchestre symphonique magnifique et imposant, sans oublier les chœurs et, surtout, cet acteur qui s'efforçait toujours à aller à contre courant mais sans jamais enrayer la pellicule. Je parle d'un protagoniste habillé en gris et cravate rouge qui, tel le clown au cirque, se servait de la scène et de ses multitudes démentielles d'instruments comme d'air de jeu : coups de marteau sur casseroles, sauter à pieds joints dans un bac de gravier équipé d'un micro, faire sonner les cordes d'une Flying-V avec ses fesses, donner des coups de pieds sous un piano qui doit valoir plus cher qu'un appart à Paris dans le 5ème.
Bref, Jean Claude Vannier et son équipe joue sous nos yeux de spectateurs étonnés un film à l'univers singulier et au point de vue affirmé, qui ne recherche pas le beau, le parfait, le formaté ; au contraire il taquine la fausse note, côtoie l'expérimental et la dissonance.
Certes, ce film nous en connaissons la fin : Melody se crashe en avion, mais à chaque écoute il est impossible de ne pas se laisser transporter par ce final dantesque et lyrique du Cargo Culte, joué en live par une cinquantaine de chœurs dont on se demande si ils ne vont pas finir par imploser à tenir la note comme ça sans respirer. Vannier c'est avant tout, selon moi, un grand metteur en scène car il dirige vraiment ses chanteurs et ses musiciens aussi bien d'un point de vue musical, scénique mais aussi émotionnel. Rien de nouveau et comme beaucoup d'autres vous me direz, blasés que vous êtes ! Bah ouai, L'enfant assassin des mouches et Melody Nelson ça date du siècle dernier, 1971 et 1972 respectivement. Mais le constat est là : en presque 40 ans en France on n'a pas encore été foutu de faire plus moderne, ambitieux, cohérent et surtout aussi riche musicalement parlant. On côtoie par moments l'Atom Heart Mother des flamants roses outre-atlantique, alors oui ça fleure bon le rock psyché des 70's, mais personnellement je suis loin de trouver qu'il faille ouvrir les fenêtres pour aérer tout ça. En revanche, appelez de toute urgence le service d'hygiène parce que ça commence à craindre dangereusement sur les ondes FM françaises.
Alors si cette représentation exceptionnelle (au sens où vous voulez bien l'entendre) s'inscrit dans le cadre de l'expo spéciale Gainsbourg, Vannier remet poliment les pendules à l'heure et surtout jamais bien définies ; à savoir que si la paternité et le scénario reviennent de droit à Gainsbourg, le compositeur-réalisateur n'est pas l'homme à la tête de chou. Pour sa défense (à Gainsbourg), sa voix et son phrasé de pompiste faisaient, il faut l'admettre, terriblement défaut. Certains vous diront que cela donne une autre "saveur". À vous de voir. Je vous le disais, fallait en être Mesdames, Messieurs, fallait en être.
Jean Claude Vannier, pour commencer, un mec sympa comme tout qui vous parle de son Enfant assassin des mouches comme d'un "truc" dit-il presque gêné avant de l'interpréter.
Je lui accorde, ce n'est pas une œuvre facile à définir, mais ça regorge d'idées, d'expérimentations drôles et surprenantes. En somme, je trouve que son "truc" reste dans le paysage audiovisuel français actuel un ballet résolument moderne et osé. Ce n'est pas un concert qu'on nous a présenté ce soir mais bien un spectacle total qui donnait aussi bien à voir, à entendre et surtout à ressentir. Jean Claude Vannier était le temps d'un soir un réalisateur aux commandes d'une immense réalisation classe et de qualité dont les acteurs principaux étaient composés de chanteurs (un oscar ex æquo pour Mathieu Almarich et Alain Chamfort), d'un batteur, deux guitaristes, un bassiste et pas moins de trois pianistes. Les nombreux seconds rôles n'étaient évidemment pas en reste et servaient magistralement le film avec un orchestre symphonique magnifique et imposant, sans oublier les chœurs et, surtout, cet acteur qui s'efforçait toujours à aller à contre courant mais sans jamais enrayer la pellicule. Je parle d'un protagoniste habillé en gris et cravate rouge qui, tel le clown au cirque, se servait de la scène et de ses multitudes démentielles d'instruments comme d'air de jeu : coups de marteau sur casseroles, sauter à pieds joints dans un bac de gravier équipé d'un micro, faire sonner les cordes d'une Flying-V avec ses fesses, donner des coups de pieds sous un piano qui doit valoir plus cher qu'un appart à Paris dans le 5ème.
Bref, Jean Claude Vannier et son équipe joue sous nos yeux de spectateurs étonnés un film à l'univers singulier et au point de vue affirmé, qui ne recherche pas le beau, le parfait, le formaté ; au contraire il taquine la fausse note, côtoie l'expérimental et la dissonance.
Certes, ce film nous en connaissons la fin : Melody se crashe en avion, mais à chaque écoute il est impossible de ne pas se laisser transporter par ce final dantesque et lyrique du Cargo Culte, joué en live par une cinquantaine de chœurs dont on se demande si ils ne vont pas finir par imploser à tenir la note comme ça sans respirer. Vannier c'est avant tout, selon moi, un grand metteur en scène car il dirige vraiment ses chanteurs et ses musiciens aussi bien d'un point de vue musical, scénique mais aussi émotionnel. Rien de nouveau et comme beaucoup d'autres vous me direz, blasés que vous êtes ! Bah ouai, L'enfant assassin des mouches et Melody Nelson ça date du siècle dernier, 1971 et 1972 respectivement. Mais le constat est là : en presque 40 ans en France on n'a pas encore été foutu de faire plus moderne, ambitieux, cohérent et surtout aussi riche musicalement parlant. On côtoie par moments l'Atom Heart Mother des flamants roses outre-atlantique, alors oui ça fleure bon le rock psyché des 70's, mais personnellement je suis loin de trouver qu'il faille ouvrir les fenêtres pour aérer tout ça. En revanche, appelez de toute urgence le service d'hygiène parce que ça commence à craindre dangereusement sur les ondes FM françaises.
Alors si cette représentation exceptionnelle (au sens où vous voulez bien l'entendre) s'inscrit dans le cadre de l'expo spéciale Gainsbourg, Vannier remet poliment les pendules à l'heure et surtout jamais bien définies ; à savoir que si la paternité et le scénario reviennent de droit à Gainsbourg, le compositeur-réalisateur n'est pas l'homme à la tête de chou. Pour sa défense (à Gainsbourg), sa voix et son phrasé de pompiste faisaient, il faut l'admettre, terriblement défaut. Certains vous diront que cela donne une autre "saveur". À vous de voir. Je vous le disais, fallait en être Mesdames, Messieurs, fallait en être.
Parfait 17/20 | par JG |
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