My Bloody Valentine
Ecstasy And Wine |
Label :
Lazy |
||||
Ça a commencé tout à fait banalement : vers le milieu des années 80, le groupe My Bloody Valentine, qui végétait dans une sorte de rock pastiche de The Birthay Parties ou des Cramps, décide de se rendre à Londres. La cause ? Parait que là-bas, c'est le feu, le bordel partout : un jeune groupe écossais ferait des ravages partout où il passe, branchant les guitares à fond, cassant les oreilles de tout le monde et déclenchant des bagarres entre poirots. Désireux d'aller directement sur place, au centre névralgique de ce qu'il semblait être le lieu d'une nouvelle révolution punk.
Seulement voilà, le groupe en question ne fait pas dans le punk, mais dans la pop ! Pour Kevin Shield, ce sera la révélation. Torturer à ce point les guitares, jouer de façon brouillonne, tout en créant un son tout bonnement génial, voilà de quoi donner des envies au jeune irlandais. Se déclarant alors fan jusqu'à la mort des Jesus and Mary Chain, il cherche à se rapprocher par tous les moyens de cette scène bruyante. Il signe sur Lazy Records car c'est le label des Primitives et s'essayent à des chansons plus noisy (le single "Sunday Sunny Smile") mais sans vraiment y aboutir. C'est la rencontre avec Belinda Butcher qui sera déterminante.
Sans faire de tapage, la jeune femme se présente auprès du groupe, qui cherchait une chanteuse pour sonner comme les Primitives, et leur chante "Barging Store" de Dolly Parton. L'air de rien, elle bluffe son monde. Alors qu'ils s'attendaient tous à tomber sur une fille blonde et sexy comme Tracy Tracy, les voilà face à une brune un peu timide et mystérieuse. Pour Kevin, ce sera immédiatement le coup de foudre.
Fou amoureux, elle sera sa muse et lui inspirera une nouvelle façon de voir la musique : refondre la définition de la féminité. S'appuyant sur la voix douce et légère, sur laquelle il superposera sa propre voix, qu'il fera tout aussi douce, de manière à confondre à casser l'imagerie virile, il mettra un point d'honneur à conserver le son brut des guitares, voire même à les rendre plus crispantes. Avec elle, il rendra terriblement sexy, la langueur, la nonchalance et la timidité.
Malgré la pression du label de sortir très vite un album, Kevin préfère prendre son temps pour expérimenter. Enfermés dans leur chambre ou dans les studios, le couple amoureux passera tout son temps à faire l'amour et à gober toute sorte de drogues, orgie sans fin de sexe, de jams et de folie pure. Ils découvrent notamment une nouvelle pilule à la mode et débarquant dans Londres en 1987 : l'ecstasy. L'effet est fulgurant.
Les premières ébauches seront immédiatement jetées en pâture, sans travailler plus que ça le son, ce qui donne un résultat rudimentaire assez touchant, sous la forme d'un single : "Stawberry Wine", aussitôt suivi d'un mini-LP "Ecstasy", plus tard regroupés sur Lazy.
Des voix mirifiques comme l'irréel, douces, angéliques, sublimées par l'écho, une pluie de carillons, des couplets sucrés et mielleux, des guitares et une basse noisy sales et crispantes (directement inspirés des Jesus And Mary Chain), des couches sonores empilées, des mélodies faussement innocentes, un air béa et désintéressé, des réverbérations vertigineuses, des crissements d'aciérie sadiques, une magnificence exaltée et encensée: on n'avait jamais fait un tel alliage auparavant !
Certes, comme le reconnaissait Kevin, il s'agissait de leur "C-86" à eux, encore très pop et basique, mais bon sang que de maltraitances faites à cette musique ! Nul doute que c'est avec ces enregistrements que prit naissance le shoegazing. Par la suite, le groupe allait rencontrer Alan Mc Gee lors d'un concert, et celui-ci leur propose de signer. Alléché de rejoindre la structure qui avait hébergé les Jesus and Mary Chain mais soucieux de ne pas froisser Lazy Records, Kevin hésite. Mais Alan Mc Gee leur dit de ne pas s'inquiéter et leur promet deux choses : tous les moyens de studios possibles et imaginables d'une part, et d'autre part, les mêmes promesses en matière de drogues.
Dans ces nouvelles conditions, Kevin commencera à façonner un son encore plus dur, encore plus expérimental, encore plus rêche et radical, pour produire les albums les plus fascinants dans l'histoire de la pop. A rebours et au regard de la carrière suivie, on ne peut s'empêcher de regarder ces enregistrements sur Lazy avec émerveillement, en se disant : c'est là que tout à commencé !
Et déjà, un chef-d'oeuvre...
Seulement voilà, le groupe en question ne fait pas dans le punk, mais dans la pop ! Pour Kevin Shield, ce sera la révélation. Torturer à ce point les guitares, jouer de façon brouillonne, tout en créant un son tout bonnement génial, voilà de quoi donner des envies au jeune irlandais. Se déclarant alors fan jusqu'à la mort des Jesus and Mary Chain, il cherche à se rapprocher par tous les moyens de cette scène bruyante. Il signe sur Lazy Records car c'est le label des Primitives et s'essayent à des chansons plus noisy (le single "Sunday Sunny Smile") mais sans vraiment y aboutir. C'est la rencontre avec Belinda Butcher qui sera déterminante.
Sans faire de tapage, la jeune femme se présente auprès du groupe, qui cherchait une chanteuse pour sonner comme les Primitives, et leur chante "Barging Store" de Dolly Parton. L'air de rien, elle bluffe son monde. Alors qu'ils s'attendaient tous à tomber sur une fille blonde et sexy comme Tracy Tracy, les voilà face à une brune un peu timide et mystérieuse. Pour Kevin, ce sera immédiatement le coup de foudre.
Fou amoureux, elle sera sa muse et lui inspirera une nouvelle façon de voir la musique : refondre la définition de la féminité. S'appuyant sur la voix douce et légère, sur laquelle il superposera sa propre voix, qu'il fera tout aussi douce, de manière à confondre à casser l'imagerie virile, il mettra un point d'honneur à conserver le son brut des guitares, voire même à les rendre plus crispantes. Avec elle, il rendra terriblement sexy, la langueur, la nonchalance et la timidité.
Malgré la pression du label de sortir très vite un album, Kevin préfère prendre son temps pour expérimenter. Enfermés dans leur chambre ou dans les studios, le couple amoureux passera tout son temps à faire l'amour et à gober toute sorte de drogues, orgie sans fin de sexe, de jams et de folie pure. Ils découvrent notamment une nouvelle pilule à la mode et débarquant dans Londres en 1987 : l'ecstasy. L'effet est fulgurant.
Les premières ébauches seront immédiatement jetées en pâture, sans travailler plus que ça le son, ce qui donne un résultat rudimentaire assez touchant, sous la forme d'un single : "Stawberry Wine", aussitôt suivi d'un mini-LP "Ecstasy", plus tard regroupés sur Lazy.
Des voix mirifiques comme l'irréel, douces, angéliques, sublimées par l'écho, une pluie de carillons, des couplets sucrés et mielleux, des guitares et une basse noisy sales et crispantes (directement inspirés des Jesus And Mary Chain), des couches sonores empilées, des mélodies faussement innocentes, un air béa et désintéressé, des réverbérations vertigineuses, des crissements d'aciérie sadiques, une magnificence exaltée et encensée: on n'avait jamais fait un tel alliage auparavant !
Certes, comme le reconnaissait Kevin, il s'agissait de leur "C-86" à eux, encore très pop et basique, mais bon sang que de maltraitances faites à cette musique ! Nul doute que c'est avec ces enregistrements que prit naissance le shoegazing. Par la suite, le groupe allait rencontrer Alan Mc Gee lors d'un concert, et celui-ci leur propose de signer. Alléché de rejoindre la structure qui avait hébergé les Jesus and Mary Chain mais soucieux de ne pas froisser Lazy Records, Kevin hésite. Mais Alan Mc Gee leur dit de ne pas s'inquiéter et leur promet deux choses : tous les moyens de studios possibles et imaginables d'une part, et d'autre part, les mêmes promesses en matière de drogues.
Dans ces nouvelles conditions, Kevin commencera à façonner un son encore plus dur, encore plus expérimental, encore plus rêche et radical, pour produire les albums les plus fascinants dans l'histoire de la pop. A rebours et au regard de la carrière suivie, on ne peut s'empêcher de regarder ces enregistrements sur Lazy avec émerveillement, en se disant : c'est là que tout à commencé !
Et déjà, un chef-d'oeuvre...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Vic |
Posté le 18 octobre 2005 à 22 h 09 |
En prélude au merveilleux Isn't Anything sort ce Ecstasy And Wine, réunissant le Strawberry Wine EP et le Ecstacy LP. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la troupe de Kevin Shields réussit son coup, offrant une jolie collection de perles noisy-pop préfigurant ce que sera Isn't Anything, de manière toutefois plus acoustique et plus lumineuse que sur l'album à suivre.
Certes, les guitares crades sont bien présentes, mais les mélodies vocales sont très nettes et le son se fait plus résolument pop. Et l'effet n'en est que meilleur: "Strawberry Wine", premier titre, charme immédiatement par son chant à deux voix, son rythme assez rapide et ses guitares claires. "Say Goodbye" réitère avec toujours autant de succès l'expérience du chant à deux mais cette fois, le rythme accélère encore un peu et les grattes donnent dans le noise. "Touch You" laisse Kevin seul au micro, sur des guitares cette fois revenant à plus de clarté, pour un titre de pop à guitares magistral. On sent l'influence des Jesus And Mary Chain, une sorte de compromis entre "Psychocandy" et "Darklands", en peut-être moins sombre, moins souterrain, avec une sorte de sensibilité pop amenant sa dose de "lumière".
La suite ne faiblit pas du tout, noisy ou plus acoustique, en tout cas digne d'interêt et maintenant sans problème notre attention tout en régalant nos écoutilles.
Une sorte de Isn't Anything avant l'heure, sur lequel éclate tout le talent de ce groupe peu prolifique mais dont chaque production est plus qu'attendue.
Certes, les guitares crades sont bien présentes, mais les mélodies vocales sont très nettes et le son se fait plus résolument pop. Et l'effet n'en est que meilleur: "Strawberry Wine", premier titre, charme immédiatement par son chant à deux voix, son rythme assez rapide et ses guitares claires. "Say Goodbye" réitère avec toujours autant de succès l'expérience du chant à deux mais cette fois, le rythme accélère encore un peu et les grattes donnent dans le noise. "Touch You" laisse Kevin seul au micro, sur des guitares cette fois revenant à plus de clarté, pour un titre de pop à guitares magistral. On sent l'influence des Jesus And Mary Chain, une sorte de compromis entre "Psychocandy" et "Darklands", en peut-être moins sombre, moins souterrain, avec une sorte de sensibilité pop amenant sa dose de "lumière".
La suite ne faiblit pas du tout, noisy ou plus acoustique, en tout cas digne d'interêt et maintenant sans problème notre attention tout en régalant nos écoutilles.
Une sorte de Isn't Anything avant l'heure, sur lequel éclate tout le talent de ce groupe peu prolifique mais dont chaque production est plus qu'attendue.
Parfait 17/20
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