Death Cab For Cutie

Something About Airplanes

Something About Airplanes

 Label :     Barsuk - Elsinor 
 Sortie :    mardi 18 août 1998 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

Environ un an après la sortie de la démo You Can Play These Songs With Chords chez Elsinor Records, Death Cab for Cutie prend son envol définitif et sort son premier disque Something About Airplanes en août 1998, une coproduction entre Elsinor et Barsuk Records, un tout jeune label indépendant de Seattle dont ils deviendront le groupe le plus connu avec Nada Surf. Et même après leur signature chez Atlantic en 2004, le logo de Barsuk (un chien avec un vinyle dans la gueule) continuera d'apparaître sur leurs albums suivants, que l'on peut toujours se procurer chez eux, sans doute en vertu d'un accord de distribution quelconque contracté avec la major. Comme ça, tout le monde est content.

Mais revenons un peu en arrière et à ce premier disque. Le groupe n'a alors guère plus d'un an d'existence, mais tous ses membres ont déjà un peu tracé leur chemin dans la jungle touffue de l'indie rock de l'État de Washington de cette fin des années 90 : le batteur Nathan Good et le bassiste Nick Harmer ont joué dans Eureka Farm, le guitariste et producteur Chris Walla dans The Wallflowers et Ben Gibbard dans Pinwheel et ¡All-Time Quarterback!, un de ses nombreux projets personnels. Des expériences certes courtes mais suffisantes pour les rassembler au sein de Death Cab for Cutie grâce à la démo précitée et décrocher un contrat chez Barsuk. Et c'est cette même démo qui va servir de base à Something About Airplanes car, sur les dix morceaux que compte l'album, cinq y étaient déjà. Ils ont bien entendu été réenregistrés pour l'occasion et si ces nouvelles moutures ne présentent pas tant de différences que ça avec leurs devancières, on ne peut que constater les rapides progrès effectués par la formation en à peine une année.

On distingue notamment une volonté d'épurer l'ensemble, la voix de Gibbard s'en trouve ainsi légèrement moins enfouie dans le mix et ce dernier chante de façon plus relâchée. Le côté pop des morceaux est accentué par la production de Walla, tout en sonnant toujours assez lo-fi, l'aspect un peu boueux de la démo ayant été conservé. L'ambiance est assez singulière, tout aussi rêveuse et mélancolique (le violoncelle de l'excellente ouverture "Bend to Squares") qu'énergique et mélodique, tout cela pouvant se retrouver dans une seule et même chanson. Détail qui n'en est peut-être pas un, l'ordre des morceaux repris de You Can Play These Songs With Chords est le même ici, les nouveaux s'intercalant avant ou après eux. Les titres réenregistrés conservent les qualités des originaux et se voient même améliorés, du moins un peu dépoussiérés ("President of What", "Champagne From a Paper Cup", "Pictures in an Exhibition") et les mélodies vénéneuses sont toujours de la partie ("Amputations"). Les nouvelles compos ne dépareillent pas à côté des anciennes à ce niveau-là ("Your Bruise") et alternent pour le reste entre moments contemplatifs ("Sleep Spent") et plus vifs ("Fake Frowns"). "The Face That Launched 1000 Shits" est quant à elle une reprise, plutôt fidèle et qui s'intègre bien au reste avec son côté pop méditative et bruitiste, de The Revolutionary Hydra, autre groupe indé de Seattle (Walla, Gibbard et Good ont joué ou joueront avec eux) et compagnon de label chez Elsinor (son leader Joe Chilcote en était alors le boss, le monde est petit). "Line of Best Fit" termine l'album par une longue progression où se mêlent fureur et contemplation, soit un bon résumé de tout ce que l'on vient d'entendre.

Si Something About Airplanes n'est pas le disque le plus accessible de Death Cab for Cutie ou celui qui convaincrait d'emblée la personne qui écouterait le groupe pour la première fois de poursuivre l'aventure, il n'en demeure pas moins un bon album d'indie rock, bien ancré dans son époque et sa région et qui mérite vraiment que l'on s'y attarde. En raison d'un son flirtant avec le lo-fi, il ne se dévoile pas de prime abord, il faut un peu de temps pour en saisir toutes les subtilités, ressentir toute l'émotion qu'il contient. Les quatre musiciens, et Gibbard en premier lieu, font pourtant déjà preuve d'une vraie maturité d'écriture et savent construire des morceaux qui captent l'attention. Death Cab était lancé et le meilleur était à venir !


Bon   15/20
par Poukram


  En écoute : https://deathcabforcutie.bandcamp.com/album/something-about-airplanes


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
380 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
En concert, tu n'aimes pas :