Thurston Moore
Brest [Festival Invisible [Le Club, La Carène]] - dimanche 18 novembre 2018 |
Parfois, dans la vie, il se passe des événements hautement improbables, totalement inattendus, impossibles à concevoir ou imaginer. Et par la grâce d'un alignement des planètes tout aussi imprévu, que rien ne laissait présager, l'événement en question a lieu. L'événement dont je vous parle est la venue de Thurston Moore à Brest, le dimanche 18 novembre 2018.
Thurston Moore à Brest ! Rendez-vous compte.
Même après avoir assisté au concert, il m'est encore difficile d'associer dans une même phrase le nom de l'ex-Sonic Youth à la cité du Ponant. Jamais je ne m'étais allé à rêver pareille chose. Voir un jour un membre du top 5 de mes idoles absolues, de celles qui m'ont fait aimer la musique et ont largement orienté mes goûts en cette matière, se produire si près de chez moi était tout bonnement impensable. Et pourtant l'inconcevable est advenu, puisque le grand échalas, sexagénaire depuis le mois de juillet (mais toujours aussi jeune d'esprit), a joué dans le cadre de la treizième édition du Festival Invisible, spécialisé dans le défrichage et la mise en valeur de musiques bizarres et obscures. Et son concert au Club de la Carène, sise au port de commerce de la ville, qui affichait évidemment complet, constituait bien entendu le clou du rassemblement, le moment à ne manquer sous aucun prétexte.
L'organisation de ce festival, aux choix musicaux éclectiques et audacieux, a réussi à l'attirer dans ses filets contre la promesse d'une rencontre avec l'un des membres du collectif de black metal français Les Légions Noires, notamment basé à Brest et actif dans les années 90, que le floridien de naissance vénère depuis longtemps. La rencontre a donc eu lieu et s'est bien passée, mais nous n'en savons guère plus (et surtout, nous n'avons pas à en savoir plus, parce que ce n'est pas nos oignons).
Mais revenons au concert. Avant de pouvoir contempler l'un des dieux du noise-rock à l'œuvre, ce fut Chris Brokaw qui se présenta pour la première partie. Je ne connaissais pas du tout le monsieur, une espèce de road warrior infatigable du circuit indé, ancien membre, notamment, des groupes Come et Codeine, compositeur de musiques de films, auteur d'une œuvre en solo très fournie et d'un nombre de collaborations qui l'est tout autant et dont le style oscille entre le noise, la folk et l'experimental. Un vrai de vrai en somme. Et son heure de concert fut une très bonne surprise pour ma part, le bonhomme, seul sur scène, distillant ses morceaux avec une grande classe et un vrai talent pour développer des atmosphères immersives et singulières. Jouant principalement de la guitare électrique, au son tantôt clair, tantôt plus saturé, il gratifia aussi le public d'un superbe intermède acoustique qu'il consacra à des reprises instrumentales de Prince et David Bowie (il en a même fait tout un album, que j'ai depuis écouté, le magnifique The Hand That Wrote This Letter, sorti en 2017). Son interprétation de "Ashes To Ashes" fut l'un des moments forts du concert, et de la soirée, qu'il termina sous les applaudissements nourris de la foule.
Après une demi-heure de pause, le temps de préparer la scène pour la suite, le grand blond débarque, accompagné du guitariste James Sedwards et de Debbie Googe, bassiste de My Bloody Valentine, avec qui il collabore depuis 2014 et l'album The Best Day. Je n'aurais pas été contre un Steve Shelley à la batterie pour compléter ce trio de choc, mais la soirée était placée sous le signe de la guitare. Et de la guitare, nous en avons eue durant ce set en fait constitué d'une seule et unique longue pièce d'une heure environ (et dont je ne me souviens plus du nom). Décrire ce que j'ai entendu, essayer de mettre des mots sur le son développé par le groupe m'est assez ardu, tant ce fut intense, vibrant, puissant, brillant souvent, assourdissant parfois, passionné tout le long. Une habile démonstration habitée de l'art sonique de Thurston Moore en quelque sorte. On y retrouvait tous les éléments qui ont nourri et irrigué sa carrière légendaire débutée il y a plus de quarante ans maintenant. Cette pièce, inspirée et dédiée à trois femmes (dont je ne me rappelle pas non plus les noms, mais qui étaient, selon ses propres mots, des artistes visionnaires, des poétesses) était pleine de variations, traversée de dissonances, d'accélérations et de ralentissements, d'atmosphères et de mouvements différents, certains tempétueux, d'autres plus sereins, et dépourvue de toute parole. C'était juste la guitare électrique et ses innombrables possibilités sonores et techniques embarquées sur le bateau ivre de la liberté musicale pour un résultat assez fou, très prenant et immersif. Les musiciens communiquaient par de simples regards, Thurston, souvent les yeux clos, totalement plongé dans sa création, donnant les impulsions nécessaires lors des changements de rythmes et autres variations. Ce fut personnellement très émouvant d'observer ce gars que j'écoute depuis si longtemps et qui se trouvait alors à seulement quelques mètres de moi...
Après cet incroyable moment, les trois musiciens quittèrent la scène et Thurston y revint seul pour le rappel, s'arma d'une autre guitare et nous gratifia d'un "Cease Fire" dépouillé bien comme il faut (excellent morceau bonus de Rock n Roll Consciousness, son dernier album en date, paru en 2017). Et il nous fit enfin profiter de sa voix que j'adore (et ça m'aurait bien ennuyé de ne pas l'entendre !), concluant ainsi une soirée parfaite en tout point.
Ça y est, j'ai vu Thurston Moore en action (à Brest nom d'un boulon !), je m'en souviendrai pendant longtemps et je n'espère qu'une chose : le revoir au plus vite ! Et l'endroit importera peu.
Thurston Moore à Brest ! Rendez-vous compte.
Même après avoir assisté au concert, il m'est encore difficile d'associer dans une même phrase le nom de l'ex-Sonic Youth à la cité du Ponant. Jamais je ne m'étais allé à rêver pareille chose. Voir un jour un membre du top 5 de mes idoles absolues, de celles qui m'ont fait aimer la musique et ont largement orienté mes goûts en cette matière, se produire si près de chez moi était tout bonnement impensable. Et pourtant l'inconcevable est advenu, puisque le grand échalas, sexagénaire depuis le mois de juillet (mais toujours aussi jeune d'esprit), a joué dans le cadre de la treizième édition du Festival Invisible, spécialisé dans le défrichage et la mise en valeur de musiques bizarres et obscures. Et son concert au Club de la Carène, sise au port de commerce de la ville, qui affichait évidemment complet, constituait bien entendu le clou du rassemblement, le moment à ne manquer sous aucun prétexte.
L'organisation de ce festival, aux choix musicaux éclectiques et audacieux, a réussi à l'attirer dans ses filets contre la promesse d'une rencontre avec l'un des membres du collectif de black metal français Les Légions Noires, notamment basé à Brest et actif dans les années 90, que le floridien de naissance vénère depuis longtemps. La rencontre a donc eu lieu et s'est bien passée, mais nous n'en savons guère plus (et surtout, nous n'avons pas à en savoir plus, parce que ce n'est pas nos oignons).
Mais revenons au concert. Avant de pouvoir contempler l'un des dieux du noise-rock à l'œuvre, ce fut Chris Brokaw qui se présenta pour la première partie. Je ne connaissais pas du tout le monsieur, une espèce de road warrior infatigable du circuit indé, ancien membre, notamment, des groupes Come et Codeine, compositeur de musiques de films, auteur d'une œuvre en solo très fournie et d'un nombre de collaborations qui l'est tout autant et dont le style oscille entre le noise, la folk et l'experimental. Un vrai de vrai en somme. Et son heure de concert fut une très bonne surprise pour ma part, le bonhomme, seul sur scène, distillant ses morceaux avec une grande classe et un vrai talent pour développer des atmosphères immersives et singulières. Jouant principalement de la guitare électrique, au son tantôt clair, tantôt plus saturé, il gratifia aussi le public d'un superbe intermède acoustique qu'il consacra à des reprises instrumentales de Prince et David Bowie (il en a même fait tout un album, que j'ai depuis écouté, le magnifique The Hand That Wrote This Letter, sorti en 2017). Son interprétation de "Ashes To Ashes" fut l'un des moments forts du concert, et de la soirée, qu'il termina sous les applaudissements nourris de la foule.
Après une demi-heure de pause, le temps de préparer la scène pour la suite, le grand blond débarque, accompagné du guitariste James Sedwards et de Debbie Googe, bassiste de My Bloody Valentine, avec qui il collabore depuis 2014 et l'album The Best Day. Je n'aurais pas été contre un Steve Shelley à la batterie pour compléter ce trio de choc, mais la soirée était placée sous le signe de la guitare. Et de la guitare, nous en avons eue durant ce set en fait constitué d'une seule et unique longue pièce d'une heure environ (et dont je ne me souviens plus du nom). Décrire ce que j'ai entendu, essayer de mettre des mots sur le son développé par le groupe m'est assez ardu, tant ce fut intense, vibrant, puissant, brillant souvent, assourdissant parfois, passionné tout le long. Une habile démonstration habitée de l'art sonique de Thurston Moore en quelque sorte. On y retrouvait tous les éléments qui ont nourri et irrigué sa carrière légendaire débutée il y a plus de quarante ans maintenant. Cette pièce, inspirée et dédiée à trois femmes (dont je ne me rappelle pas non plus les noms, mais qui étaient, selon ses propres mots, des artistes visionnaires, des poétesses) était pleine de variations, traversée de dissonances, d'accélérations et de ralentissements, d'atmosphères et de mouvements différents, certains tempétueux, d'autres plus sereins, et dépourvue de toute parole. C'était juste la guitare électrique et ses innombrables possibilités sonores et techniques embarquées sur le bateau ivre de la liberté musicale pour un résultat assez fou, très prenant et immersif. Les musiciens communiquaient par de simples regards, Thurston, souvent les yeux clos, totalement plongé dans sa création, donnant les impulsions nécessaires lors des changements de rythmes et autres variations. Ce fut personnellement très émouvant d'observer ce gars que j'écoute depuis si longtemps et qui se trouvait alors à seulement quelques mètres de moi...
Après cet incroyable moment, les trois musiciens quittèrent la scène et Thurston y revint seul pour le rappel, s'arma d'une autre guitare et nous gratifia d'un "Cease Fire" dépouillé bien comme il faut (excellent morceau bonus de Rock n Roll Consciousness, son dernier album en date, paru en 2017). Et il nous fit enfin profiter de sa voix que j'adore (et ça m'aurait bien ennuyé de ne pas l'entendre !), concluant ainsi une soirée parfaite en tout point.
Ça y est, j'ai vu Thurston Moore en action (à Brest nom d'un boulon !), je m'en souviendrai pendant longtemps et je n'espère qu'une chose : le revoir au plus vite ! Et l'endroit importera peu.
Excellent ! 18/20 | par Poukram |
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