The Warlocks

Paris [Garage Austerlitz] - lundi 03 juillet 2017

The Warlocks
Le Supersonic est devenu en un peu plus d'un an l'une des petites salles de concert les plus réputées de Paris. Comme ça ne leur suffisait pas, ils ont décidé de bouger les murs, ou plus exactement de s'exporter provisoirement dans un endroit où les murs les gêneraient moins : le soubassement de la Cité de la mode, sur le quai d'Austerlitz. Un endroit dont l'acoustique n'est pas irréprochable, mais dont l'atmosphère entre Paris-plage et friche industrielle est parfaite pour un concert des Warlocks. Ceux-ci sont d'ailleurs en terrain conquis, puisque leurs deux derniers concerts parisiens, espacés de quelques jours seulement, s'étaient déroulés pour le premier un peu plus loin sur ce même quai, au Petit Bain, et pour le second au Supersonic (déjà). J'avais raté cette deuxième date par paresse et je m'en étais voulu. Pas question donc de rater leur retour, d'autant que des rumeurs de séparation circulent, et que l'affiche dans son ensemble est alléchante : les Français de Marietta pour ouvrir, suivis des prometteurs Américains de The Orwells.

La prestation des premiers confirme les craintes que m'avaient provoquées leur passage au festival MOFO : leur prochain album devrait être plus pop et plus francophone. Et autant je continue de me régaler du premier album (et de ceux de The Feeling of Love, l'ancien groupe de Guillaume Marietta, actuellement dans mes écouteurs), autant ces morceaux en français me refroidissent direct. Je finis donc par aller me caser avec une pinte sur la terrasse bondée mais agréable, à deviser joyeusement avec quelques hurluberlus de mes connaissances, tout en écoutant d'une oreille l'enchaînement des nouveaux morceaux entrecoupés de quelques anciens.

Les seconds se font attendre pendant un bon moment : ils nous gratifient de la balance en direct, alors même que nous avions entendu - et attendu - la fin de celle de Marietta devant l'entrée. Le timing dérape mais The Orwells finissent par se lancer, et sans aucune espèce de retenue. Ce mélange de Pixies, d'Oasis et de Dandy Warhols (les gens qui me connaissent savent pourtant que je ne porte pas les deux derniers dans mon coeur, mais pour une fois c'est plutôt un compliment) est balancé par un sacré quintet de poseurs (je subodore d'après leur fiche Wikipédia que les imposantes enceintes m'en ont masqué un) à l'énergie communicative. Ça n'est pas le concert du siècle, notamment en raison de l'acoustique bétonnière du lieu qui me contraint à dégainer mes bouchons d'oreilles, mais c'est beaucoup plus qu'une deuxième première partie (Marietta étant déjà au-dessus de la moyenne dans sa catégorie, malgré ma déception).

Les stars du jour mettent moins de temps à s'installer, et leur prestation épouse le lieu avec un naturel déconcertant. Bobby est aussi peu démonstratif qu'à l'accoutumée ; on ne comprend pas grand chose à ce qu'il marmonne entre les morceaux, mais cette rangée de trois guitaristes entrecoupée d'un bassiste a vite fait de mettre en place ce mur de son cotonneux qui fait le charme du groupe, quelle qu'en soit la composition. Ramones shoegaze au ralenti, Jesus & Mary Chain sous morphine, ce groupe est peut-être ce qui m'approche le plus de ce que peuvent ressentir les héroïnomanes à leurs premiers shoots. Leurs morceaux ont beau être bâtis sur des riffs de deux ou trois accords, la voix, les guitares et les arrangements en font des merveilles de tapis volants pour planer au-dessus de la foule. Tous ces gens que j'aurais maudit parce qu'ils m'ont sorti de mon trip d'un coup d'épaule ou d'un coup de coude dans n'importe quel autre concert, j'ai envie de les prendre dans mes bras. The Warlocks, c'est tout simplement le plus puissant des anxiolytiques.

Ils ne m'ont pourtant pas enlevé mon sixième sens : à 0h29 tapantes, un réflexe me ramène à Citymapper. On est lundi, et les métros s'arrêtent une heure plus tôt (ou plus exactement ne s'arrêtent pas une heure plus tard). Je pars donc au milieu du troisième morceau du rappel, dont j'espère secrètement qu'il est le dernier, sachant que ce rappel était déjà inespéré vue l'heure tardive. Adieu donc Bobby Hecksher. J'espère qu'un jour tu parviendras à recomposer pour la énième fois un groupe pour revenir jouer à Paris des hymnes junkie comme "Shake Shake Shake The Dope Out" ou "We Took All The Acid" (que tu n'as pas joué ce soir, bien qu'il soit sur le dernier album, petit coquin). Come Save Us, Bobby.


Excellent !   18/20
par Myfriendgoo


  Setlist :

Red Camera
Isolation
We Need Starpower
The Midnight Sun
Shake the Dope Out
The Dope Feels Good
Baby Blue
Lonesome Bulldog
Dead Generation
Chameleon
It's Just Like Surgery
Come Save Us
Hurricane Heart Attack
Caveman Rock
Angry Demons
Zombie Like Lovers

>>>>
Song for Nico
Bleed Without You Babe
Inside Outside


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