Flying Lotus

Cosmogramma

Cosmogramma

 Label :     Warp 
 Sortie :    mardi 20 avril 2010 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Retenez bien, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, le nom de Steven Ellison alias Flying Lotus. Producteur récent mais déjà émérite (Gonjasufi, José James, Declaime et plus récemment Thundercat), FlyLo prend son envol et il le sait bien. Il confiait dans une interview pour la promotion du présent Cosmogramma qu'il pensait être enfin parvenu à produire et composer des albums comme il rêvait d'en faire étant plus jeune. Il faut préciser qu'il a de qui tenir, en qualité de neveu de Alice Coltrane, à qui il dédie cet album. Cette ascendance familiale, il l'exprime dans son art sous la forme d'un jazz électronique très particulier, qu'il laisse éclater dans "Recoiled" avec la participation au saxo de son cousin Ravi Coltrane. Sa musique, il l'a révolutionnée, la projetant dans un espace rien qu'à lui où ses influences se fondent en une seule matière, qu'il pétrit à l'envie au long de Cosmogramma.

Ce nouveau son fait sa nouvelle identité. Et de ce son il tire un album au sens noble du terme. Une pièce de musique dont les 17 fragments n'en forment au final qu'un seul composé plusieurs mouvements. Et aucun de ces mouvements n'en éclipse un autre, de même que chaque morceau semble perdre son sens une fois détaché des autres. C'est ce qui fait aussi la difficulté d'écoute du disque. Difficile de comprendre la vision d'Ellison de premier coup, de ne pas se sentir agressé par ce qui paraît être un gloubiboulga électro frappé d'un désordre sans nom. Pas facile d'accepter à mesure des écoutes que ce joyeux bordel est en réalité monstrueusement organisé, que la jungle n'est pas plantes et insectes en pagaille mais plutôt écosystèmes foisonnants et aussi bien réglés qu'une montre suisse.
Les textures uniques de Flying Lotus prennent leur source un peu partout, on se retrouve souvent (notamment avec le déroutant "Clock Catcher" qui ouvre l'album) avec des couplages astucieux de son polis à l'extrême et de bon vieux 8-bits façon Game Boy. Cet équilibre mystérieux, cette alchimie impossible, FlyLo parvient à la conserver seul aussi bien qu'accompagné ! Lorsque Thom Yorke, en bon passionné d'éléctro, s'invite à la fête, on pourrait craindre que le guest envahisse la chanson et que notre Steven se retrouve contraint d'accompagner passivement les vocalises du chanteur haut-perché. Mais c'est bien l'inverse qui se produit ; conservant à tout moment son intégrité, Ellison utilise la voix de Yorke comme un simple instrument parmi son panel de textures. N'eut-été le nom crédité sur la pochette, l'apparition du leader de Radiohead serait passée presque inaperçue. Il s'offre également les services de son ami Thundercat, grand bassiste devant l'Éternel, ainsi que la voix planante de Laura Darlington sur l'étonnant "Table Tennis", qui met en scène en plus des beats délicats de FlyLo une partie de ping-pong qui se joue en arrière-plan. La voix du monsieur, on ne l'entendra que sur l'excellent "Do The Astral Plane", sorte de disco planant rythmé par un scat amusé ("Choubapapaba Choubapapa") qui vire rapidement à un électro dansant derrière lequel se déroule un motif de cordes enivrant à l'égyptienne.

Au final, après de nombreuses écoutes de plus en plus agréables, on assiste au résultat d'une œuvre maitrisée, extrêmement travaillée, mais aussi tellement fluide qu'elle diffuse une impression de simplicité et de détente contagieuse. Flying Lotus, avec Cosmogramma le bien-nommé, est sur la pente ascendante. Et le meilleur dans tout ça ? La suite est pour 2012.


Excellent !   18/20
par X_Wazoo


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
367 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
Les Pochettes de disques, elles vous font quel effet ?