Plaid
Tekkon Kinkreet |
Label :
Aniplex |
||||
2006. En parallèle de "Greedy Baby", ambitieux projet d'exploration du lien musique / images réalisé avec Bob Jaroc et passé complètement inaperçu, Andy Turner et Ed Handley, nos virtuoses de l'électronique issus du label Warp, travaillaient pour la première fois sur la B.O. d'un long métrage...
Pour son premier film, Michael Arias, américain amoureux du Japon, décide d'adapter en film d'animation le manga de Taiyo Matsumoto, Tekkon Kinkreet, que l'on connait ici sous le nom d'"Amer Béton".
C'est l'histoire de deux petits morveux sanguinaires et attachants, Blanc et Noir, font la loi sans états d'âme sur la ville de Takara. Jusqu'à ce qu'un yakusa particulièrement arriviste décide de mettre la main sur les lieux et de la reconstruire pour en faire un gigantesque parc d'attractions (corrompu jusqu'à la moelle bien sûr). Ainsi un affrontement violent entre les gamins redoutés - surnommés "les chats" - et les yakusas commence...
Ce dessin animé pour adultes, lointain cousin d'Akira, développe un univers ultra coloré, cruel et saturé de détails. Le film matérialise les rêves pastels et les délires d'enfants livrés à eux mêmes tout en les confrontant à une réalité crue, celle de cette ville tentaculaire où la loi du plus fort règne. Pour illustrer cette innocence vacillante, faire appel au duo électro Plaid fut plus que judicieux. Le réalisateur Michael Arias n'a cessé d'écouter Plaid pendant les dix années de préparation du film, les entendre accepter de composer la BO fut pour lui la concrétisation d'un grand rêve. En effet, tout au long de leur discographie, les deux écossais n'ont cessé d'explorer avec justesse cet univers à double tranchant, à la fois aérien et métallique, retour aux sources (ressourcement) et flip technologique, contes pour enfants parsemés de visions terrifiantes. En somme, du "Amer Béton" avant l'heure.
Le son de Plaid, reconnaissable entre milles, explose ici vertigineux à l'unisson dès les sidérants travellings qui nous présentent Takara. N'ayons pas peur des mots, ce "This City" inaugural est l'un des sommets du duo. Long (plus de 7 minutes), le morceau est divisé en deux parties : l'une aventureuse, tout à la fois violente et planante, nous fait entrer de plein fouet dans la jungle urbaine, la deuxième nous cueille et nous berce à la tombée de la nuit, alors que ces milliers d'âmes passent les portes du sommeil... Difficile de succéder à un morceau pareil.
La suite sera légèrement moins bonne, sans rien de mauvais, et ne prendra son ampleur parfois qu'à travers le visionnage du film. Ce n'est pas étonnant : les deux artistes ont composé la majeure partie des morceaux à partir de rushes que le réalisateur leur envoyait au fur et à mesure. Mais dans l'ensemble, la musique de Plaid a elle seule est si colorée, si visuelle, que l'absence d'images n'empêchent pas l'immersion dans l'oeuvre, d'où l'impression d'écouter un nouvel album. Lorsque le duo s'aventure dans des terres inédites proches d'un jazz hybride (on peut penser parfois au label Ninja Tune avec le Cinematic Orchestra et surtout Jaga Jazzist), on ne peut que souhaiter que ce soit là la nouvelle voie du duo, ayant sans doute fait le tour de leur univers "électronica mouillée". "Brother's Chase" place des percussions profondes et saccadées à l'honneur, tant et si bien que lorsque je ferme les yeux, je vois une armada de mains qui s'abattent sur le cuir, dans une danse tribale implacable.
Souvent organique, cinématique par l'emploi de nappes de cordes jamais trop grandiloquentes, Plaid semble trouver l'air de nouveauté qui faisait défaut à mon sens au ramassé et chiant "Spokes". Même si le disque souffre de quelques longueurs, il est imprévisible et peut s'écouter avec un plaisir renouvellé. Il se termine sur "White's Dream", note optimiste qui donne l'impression de nager au fond d'une eau bienveillante...
Mais non, je ne raconterai pas la fin du film.
Un petit mot sur le tout dernier morceau, le seul qui ne soit pas de Plaid, mais de Asia Kung Fu Generation. Du teen rock japonais assez dispensable, placé en générique de fin dans le film.
Cette BO parfaite dévoile ce que l'on pouvait attendre de l'électro si humaine et visuelle de Plaid, qu'elle illustre enfin un film (et un bon). Une aventure qui semble avoir tellement bien fonctionné pour Michael Arias que le réalisateur a fait appel une nouvelle foi au duo pour son deuxième long-métrage, "Heaven's Door", sorti fin 2008 au Japon.
Pour son premier film, Michael Arias, américain amoureux du Japon, décide d'adapter en film d'animation le manga de Taiyo Matsumoto, Tekkon Kinkreet, que l'on connait ici sous le nom d'"Amer Béton".
C'est l'histoire de deux petits morveux sanguinaires et attachants, Blanc et Noir, font la loi sans états d'âme sur la ville de Takara. Jusqu'à ce qu'un yakusa particulièrement arriviste décide de mettre la main sur les lieux et de la reconstruire pour en faire un gigantesque parc d'attractions (corrompu jusqu'à la moelle bien sûr). Ainsi un affrontement violent entre les gamins redoutés - surnommés "les chats" - et les yakusas commence...
Ce dessin animé pour adultes, lointain cousin d'Akira, développe un univers ultra coloré, cruel et saturé de détails. Le film matérialise les rêves pastels et les délires d'enfants livrés à eux mêmes tout en les confrontant à une réalité crue, celle de cette ville tentaculaire où la loi du plus fort règne. Pour illustrer cette innocence vacillante, faire appel au duo électro Plaid fut plus que judicieux. Le réalisateur Michael Arias n'a cessé d'écouter Plaid pendant les dix années de préparation du film, les entendre accepter de composer la BO fut pour lui la concrétisation d'un grand rêve. En effet, tout au long de leur discographie, les deux écossais n'ont cessé d'explorer avec justesse cet univers à double tranchant, à la fois aérien et métallique, retour aux sources (ressourcement) et flip technologique, contes pour enfants parsemés de visions terrifiantes. En somme, du "Amer Béton" avant l'heure.
Le son de Plaid, reconnaissable entre milles, explose ici vertigineux à l'unisson dès les sidérants travellings qui nous présentent Takara. N'ayons pas peur des mots, ce "This City" inaugural est l'un des sommets du duo. Long (plus de 7 minutes), le morceau est divisé en deux parties : l'une aventureuse, tout à la fois violente et planante, nous fait entrer de plein fouet dans la jungle urbaine, la deuxième nous cueille et nous berce à la tombée de la nuit, alors que ces milliers d'âmes passent les portes du sommeil... Difficile de succéder à un morceau pareil.
La suite sera légèrement moins bonne, sans rien de mauvais, et ne prendra son ampleur parfois qu'à travers le visionnage du film. Ce n'est pas étonnant : les deux artistes ont composé la majeure partie des morceaux à partir de rushes que le réalisateur leur envoyait au fur et à mesure. Mais dans l'ensemble, la musique de Plaid a elle seule est si colorée, si visuelle, que l'absence d'images n'empêchent pas l'immersion dans l'oeuvre, d'où l'impression d'écouter un nouvel album. Lorsque le duo s'aventure dans des terres inédites proches d'un jazz hybride (on peut penser parfois au label Ninja Tune avec le Cinematic Orchestra et surtout Jaga Jazzist), on ne peut que souhaiter que ce soit là la nouvelle voie du duo, ayant sans doute fait le tour de leur univers "électronica mouillée". "Brother's Chase" place des percussions profondes et saccadées à l'honneur, tant et si bien que lorsque je ferme les yeux, je vois une armada de mains qui s'abattent sur le cuir, dans une danse tribale implacable.
Souvent organique, cinématique par l'emploi de nappes de cordes jamais trop grandiloquentes, Plaid semble trouver l'air de nouveauté qui faisait défaut à mon sens au ramassé et chiant "Spokes". Même si le disque souffre de quelques longueurs, il est imprévisible et peut s'écouter avec un plaisir renouvellé. Il se termine sur "White's Dream", note optimiste qui donne l'impression de nager au fond d'une eau bienveillante...
Mais non, je ne raconterai pas la fin du film.
Un petit mot sur le tout dernier morceau, le seul qui ne soit pas de Plaid, mais de Asia Kung Fu Generation. Du teen rock japonais assez dispensable, placé en générique de fin dans le film.
Cette BO parfaite dévoile ce que l'on pouvait attendre de l'électro si humaine et visuelle de Plaid, qu'elle illustre enfin un film (et un bon). Une aventure qui semble avoir tellement bien fonctionné pour Michael Arias que le réalisateur a fait appel une nouvelle foi au duo pour son deuxième long-métrage, "Heaven's Door", sorti fin 2008 au Japon.
Parfait 17/20 | par Sam lowry |
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