Daniel Johnston

The Early Recordings Volume 1

The Early Recordings Volume 1

 Label :     Dualtone 
 Sortie :    mardi 15 avril 2003 
 Format :  Compilation / CD   

The Early Recordings Volume 1. Le premier et le quatrième album de Daniel Johnston, 'sortis' respectivement en 1981 et 1983. Soit près de 40 morceaux qualité bootleg endommagé, chantés par une chèvre souffretante en mal d'affection. Dis comme ça, ça fait pas rêver. Et ça pourrait même faire cauchemarder certains.
Mais pourtant c'est bien la vérité vraie. À ceci près que l'on devrait ajouter pour être complet, que la chèvre souffretante est aussi un songwriter formidable élevé à l'école scarabée section McCartney (reprise de "I Will"). Un McCartney du genre candide anxieux. Car Daniel Johnston est le prototype du garçon lunaire enfermé dans sa chambre. Ou plûtot dans son salon. Là où il chante sa vie et ses rêves étranges en martelant son piano tel un Jerry Lee Lewis qui aurait viré cabaret, enregistrant le tout sur un magnéto pourri. Et pourquoi souffre-t-il au juste ? Pour une fille pardi.
Ça fait mal non pas parce qu'elle est partie mais parce qu'elle veut pas de moi. C'est pire. Alors le Daniel il en bave trop du coeur et peut pas s'empêcher de larmoyer sur ce triste sort que lui réserve la cruelle gente féminine ("Grievances","I Save Cigarette Butts", "Since I Lost My Tooth", "Urge", "My Baby Cares For The Dead"...). Il parle de Dieu aussi. Du bien, du mal... Tous ces concepts fumeux insufflés par une famille de chrétiens fondamentalistes. Oui pas vraiment gâté par la vie le garçon.
Mais qu'elles soient drôles, mièvres ou surréalistes, à vrai dire les paroles on s'en fout un peu. Ou plutôt on n'a pas besoin de les comprendre. Car ce qui frappe chez Daniel Johnston c'est cette immense tendresse tourmentée qui se pâme dans ce lo-fi hardcore (parents, télé, chasse d'eau... beaucoup d'intervenants folklo de ce style) et dans cette voix toujours magnifiquement geignarde, comme un gosse privé de dessert à vie. Assurément l'une des voix les plus émouvantes de la pop. Pathétique et attendrissant. On a vraiment de la peine pour lui.
La légende raconte que Daniel Johnston n'étant pas muni du matériel adéquat pour copier ses cassettes, il devait à chaque fois réenregistrer chansons par chansons ses albums comme autant d'exemplaires qu'il distribuait à qui mieux-mieux. Do It Yourself sans myspace. Dur labeur. Ce qui n'empêchera pas le dit homme de devenir légende post-Syd Barrett au cours des années 80, voyant son répertoire repris par tout le gratin indé. Au vu de ce si souvent génial premier volume des Early Recordings, une reconnaissance somme toute très logique même si inespérée.


Parfait   17/20
par Sirius


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