Ash

L'année où est sorti cet incroyable album, avec son avalanche de tubes ("Girl From Mars", "Goldfinger"), Ash incarnait à merveilles les fantasmes du rock : avec leur frimousse de lycéens propre sur eux, mais qui n'hésitent pas à piquer quelques billets à papa pour filer au pub du coin le samedi soir, leur baggy recouvert par des polos out of fashion mais ultra cool, et leur frange de pseudo rebelles, la correspondance avec les gamins irlandais de leur age était flagrante.
A tel point que leur succès cristallise toutes les envies. Avec une moyenne d'age défiant toute imagination (17 ans environ, avec un premier single à 14 ans !), les voilà propulsés sur le devant de la scène, prenant le train de la brit-pop en marche, et sans ticket bien sûr ! Leur destin de gamins surdoués, fabriquant des bombes mélodiques comme on construit des maisonnettes en Lego, faisant l'attraction des premières parties de Suede, Elastica et consort, aurait pu être l'objet de toutes les railleries, soutenu en cela par des textes fleurant bon la niaiserie adolescente et les amours pour les films de kung-fu.
Seulement, 1977, est une claque. En deux coup de cuillères à pot, le tour est joué : voici une ribambelle de titres ravageurs, petites perles soniques, puissantes et très mélodiques. Sans se poser de question, avec une insouciance rare et bon enfant, qui collera idéalement avec l'air du temps de la brit-pop, où il fallait être plus poseur que spirituel, Ash livrera la déposition ultime de la simplicité retrouvée. Une douceur adolescente maquillée sous un énorme déluge de guitares dans une enivrante envie de foutre le bordel.
Et surtout de ne pas se prendre au sérieux. Cf. : le titre caché...