Sunn O)))
00 Void |
Label :
Hydra Head |
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2 zéros et du vide. En d'autre terme: le Néant. Mais s'agit-il de celui précédant l'arrivée d'une quelconque création ou bien de celui suivant l'anéantissement de cette dernière? Trêve de philosophie de comptoir, cet album de Sunn O))) laisse chacun libre d'interpréter comme bon lui semble ce voyage à travers les infra-basses et les feedbacks assénés de façon quasi-cataleptique par Stephen O'Malley (Lotus Eater, Thorr's Hammer, Khanate, Teeth of Lions Rule The Divine) et Greg Anderson (Goatsnake, Thorr's Hammer, Teeth Of Lions Rule The Divine, chef du label Southern Lord). Alliant la lenteur désespérée (d'aucun diront désespérante) des productions doom au côté hypnotique des drones, 00 Void est le deuxième album de Sunn O))). Le premier, "The Grimmrobe Demos", tiré à 500 exemplaires, propose un trip similaire tout en étant moins bien produit. Allant nettement plus loin que son ancêtre le plus direct, l'album 2 de Earth sorti chez SubPop en 1993, 00 Void propose une ballade d'une heure dans un paysage sonore monolithique où rien ne vient perturber l'auditeur. Les éventuelles craintes de voir les murs de sa maison s'effondrer passées, il n'y a plus qu'à se laisser transporter par ce torrent déversé par les 2 musiciens. Si 00 Void comblera tous les amateurs de plongées en eaux (trés) profondes, il enchantera aussi tous les fans de trains fantômes.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Boub |
Posté le 14 octobre 2022 à 07 h 49 |
sunn O))) n'a rien inventé. Et l'existence même du groupe fait foi. Projet hommage assumé au groupe Earth, les anciens du génialissime Khanate et du culte Burning Witch s'allient pour former un projet de ce que personne n'appelait encore Drone Metal. La hype viendra vite, contre toute attente, à grand coup de concerts jusqu'en boutistes au sons sur-saturés, visages encapuchonnés et puissance sonore proche du viol. Du mystère, une plastique obtuse, un parti pris arty, LE truc que tout les gens un tant soit peu cool connaissent mais trouvent vachement underground.
Donc, ils n'ont rien inventé mais serait-ce une simple occasion de mettre en lumière l'obscur mentor sus-cité ? Le groupe chipe le nom d'une célèbre marque d'ampli pour devenir l'étoile dans le ciel noire des guitares lentes ? Car s'ils rendent hommage, ils poussent la formule encore plus loin, en un monolithe d'échos, de feedbacks et de modulations, totalement dépourvu de percussion ou de rythme, au-delà du raisonnable, au-delà du mur du son. Rock'n'roll. Le volume sonore, outre la puissance que l'on est libre d'y appliquer (Maximum Volume Yields Maximum Results indique très justement le livret), est proprement hallucinant. Un véritable monolithe de sons et de saturations s'abat sur l'auditeur. Un mur des lamentations, ponctué, dans le paysage lointain, de dissonances industrielles, lancinant. Il ne s'agit pas d'un simple exercice d'échantillonnage de bruits blancs, on parle bien de compositions à part entières, intrinsèquement menaçantes, inquiétantes, abasourdissantes... heavy. Les couches de matières noires se superposent, se complètent ou s'annulent et grouillent sur cette charogne nommée "Richard".
Tantôt épique comme la nique, un morceau comme "NN O)))" s'écoute comme un hymne à la gloire de l'apesanteur. Des chants incantatoires compriment tous les péchés du monde en un bloc et le laissent s'écrouler sur l'humanité. Ou serait-ce quelques prières pour sauver nos pauvres âmes ? Peut-être dans le morbide vent purificateur de "Ra At Dusk", tellement heavy, avec ce gros riff immensément pondéreux, qui évoque les Melvins quand ils collaborent avec Lustmord. Bref, que de l'amour.
Pour faire de l'improbable avec du curieux, le duo glisse une reprise (oui, une reprise) des Melvins (encore eux), "Rabbit's Revenge", un titre parfaitement inconnu que le trio de Washington jouait live à ses tout débuts. D'où les deux en toges ont sorti ce titre reste un mystère mais le résultat (de 14 min) se veut au final le plus étrange de la galette, dans lequel on reconnaît cependant les riffs griffés King Buzzo, passé au rouleau compresseur avec un groupe propulseur Red Bull Power Train (foutez-moi le copyright où vous voulez) et durant lequel on peut même brièvement entendre l'original samplé en surimpression. D'accord.
Un premier effort clairement réussi. Un feeling incroyable et une vraie volonté de composition. Une approche à la fois relativement intègre et relativement accessible (on reste loin du drone d'un Charlemagne Palestine) mais qui peut sembler redondant par manque de variété. Le projet creuse le lit dans lequel il va dorénavant se coucher et y faire des cauchemars variés.
Donc, ils n'ont rien inventé mais serait-ce une simple occasion de mettre en lumière l'obscur mentor sus-cité ? Le groupe chipe le nom d'une célèbre marque d'ampli pour devenir l'étoile dans le ciel noire des guitares lentes ? Car s'ils rendent hommage, ils poussent la formule encore plus loin, en un monolithe d'échos, de feedbacks et de modulations, totalement dépourvu de percussion ou de rythme, au-delà du raisonnable, au-delà du mur du son. Rock'n'roll. Le volume sonore, outre la puissance que l'on est libre d'y appliquer (Maximum Volume Yields Maximum Results indique très justement le livret), est proprement hallucinant. Un véritable monolithe de sons et de saturations s'abat sur l'auditeur. Un mur des lamentations, ponctué, dans le paysage lointain, de dissonances industrielles, lancinant. Il ne s'agit pas d'un simple exercice d'échantillonnage de bruits blancs, on parle bien de compositions à part entières, intrinsèquement menaçantes, inquiétantes, abasourdissantes... heavy. Les couches de matières noires se superposent, se complètent ou s'annulent et grouillent sur cette charogne nommée "Richard".
Tantôt épique comme la nique, un morceau comme "NN O)))" s'écoute comme un hymne à la gloire de l'apesanteur. Des chants incantatoires compriment tous les péchés du monde en un bloc et le laissent s'écrouler sur l'humanité. Ou serait-ce quelques prières pour sauver nos pauvres âmes ? Peut-être dans le morbide vent purificateur de "Ra At Dusk", tellement heavy, avec ce gros riff immensément pondéreux, qui évoque les Melvins quand ils collaborent avec Lustmord. Bref, que de l'amour.
Pour faire de l'improbable avec du curieux, le duo glisse une reprise (oui, une reprise) des Melvins (encore eux), "Rabbit's Revenge", un titre parfaitement inconnu que le trio de Washington jouait live à ses tout débuts. D'où les deux en toges ont sorti ce titre reste un mystère mais le résultat (de 14 min) se veut au final le plus étrange de la galette, dans lequel on reconnaît cependant les riffs griffés King Buzzo, passé au rouleau compresseur avec un groupe propulseur Red Bull Power Train (foutez-moi le copyright où vous voulez) et durant lequel on peut même brièvement entendre l'original samplé en surimpression. D'accord.
Un premier effort clairement réussi. Un feeling incroyable et une vraie volonté de composition. Une approche à la fois relativement intègre et relativement accessible (on reste loin du drone d'un Charlemagne Palestine) mais qui peut sembler redondant par manque de variété. Le projet creuse le lit dans lequel il va dorénavant se coucher et y faire des cauchemars variés.
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