The Pogues

Glasgow - Royaume-Uni [Carling Academy] - mardi 11 décembre 2007

De toutes les reformations actuelles, je dois bien avouer que celle des Pogues était une que j'espérais et redoutais le plus. Petit rappel : les Pogues, c'est avant tout un homme, Shane McGowan. Chanteur édenté, alcoolique, junkie, qu'on devine encore ingérable, comme à l'époque où les autres membres du groupe l'ont viré et tenté de continuer sans lui. Bien évidemment, une chose aussi insignifiante que Queen sans Freddie Mercury n'a pas duré.

Première chose à retenir : l'ambiance. Une brève mais nécessaire aparté footballisitique pour expliquer le contexte. A la question "quel est pour vous le meilleur public que vous ayiez vu ?", la plupart des joueurs évoluant dans les championnats européens répondront celui du Celtic de Glasgow, composé en majorité des catholiques et/ou anciens immigrés irlandais. Il faut croire qu'en ce 11 décembre, les supporters du Celtic s'étaient donnés rendez-vous à la Carling Academy. A peine les Holloways (honnête groupe de britpop) ont fini et que les roadies commencent à changer la matériel, le public se met à chanter les refrains de son groupe préféré, quasiment pendant toute la demi-heure qui précédera le concert, ainsi qu'un hymne du Celtic détourné pour l'occasion ("there's only one Celtic Glasgow" devenant "there's only one Shane McGowan"). Il y a ceux qui attendent avec impatience de les voir pour la 1ère fois, et les autres, qui ont déjà eu cette chance et qui en une phrase dissipent toutes nos craintes "Tu vas voir, tu vas adorer, on ne peut qu'adorer ces types". Même les gars de la sécurité sont tranquilles, sans doute savent-ils qu'à part quelques types ivres morts, ils n'ont pas grand-chose à craindre de ce soir.
Il faut dire qu'un concert des Pogues, on n'y va pas comme ça : on a son t-shirt Pogues, on a pris 2 pintes avant, on regarde la scène, rien que la scène et surtout on prépare sa voix pour accompagner le groupe pendant les chansons et hurler gloire aux musiciens entre 2. L'inverse d'un concert parisien.

Les lumières s'éteignent, les membres arrivent un à un au son du "Straight To Hell" des Clash, hommage à Joe Strummer qui partagea la vie du groupe il y a quelques années. McGowan en dernier, comme il se doit, un verre et une bouteille à la main, mais surtout tremblant de partout, à faire passer Gainsbarre pour Billy Crawford. Le pire est à craindre, nous aurons droit au meilleur ! Le best of d'un groupe qui semble plus que jamais heureux d'être là, de pouvoir encore jouer ses hymnes, et de voir le bonheur qu'ils peuvent apporter. 24 chansons d'alcool, d'amour, de haine, de guerre, de pirates, d'immigrés en quête d'un monde meilleur, d'histoire de l'Irlande. Tout le monde sourit, chaque membre y va de son merci de temps en temps, et notre brave Shane tentera plusieurs fois de communiquer avec le public, remerciant et embrassant la foule au loin.
On ne parlera pas de technique (les chansons sont simples, jouées sans surprise, mais juste avec l'allant nécessaire, et les musiciens doivent rester très attentifs par rapport à leur imprévisible chanteur), ni de justesse de chant (parfois juste, souvent faux, quelques plantages dans les paroles, mais vu le rythme et l'abondance, même à jeun, il serait très facile de se tromper à ce niveau), mais de l'atmosphère que ces irlandais de sang ou d'adoption ont réussi à créer, à travers ses perles cachées réapparues au grand jour grâce aux rééditions des albums ("Body Of An American", "Rainy Night In Soho") et ses standards (à peu près toutes les autres). Mais le fait d'être plus indulgent ne les empêchera pas de délivrer de très grands moments de musique, comme "Thousands Are Sailing", ces célestes "Broad Majestic Shannon" et "Rainy Night In Soho" ou ces bouillonnants "If I Should Fall From Grace With God", "Boat Train" et "Bottle Of Smoke".

Que retenir d'autre ? Que "A Pair Of Brown Eyes" est toujours aussi belle, qu'on est agréablement surpris d'entendre "Summer In Siam" ou "Sunnyside Of Street" et qu'on a beau se préparer depuis des mois, des années, à "Dirty Old Town", la voir jouée par ceux qui ont le plus popularisé cette chanson reste quelque chose d'indéfinissable.

1er rappel, où le groupe jouera enfin "Streams Of Whiskey", qui d'habitude entame les concerts, suivi de "Poor Paddy" où McGowan se plantera plusieurs fois dans les paroles et enfin de "Sally McLennane", qui devrait faire l'objet d'un décret pour être passée dans chaque bar au moins une fois par jour.

2ème rappel, qui commence avec "Star Of County Down" (le moins bon morceau de la soirée), et puis, et puis... "Fairytale Of New York". Probablement leur plus belle chanson. Comme si ça ne suffisait pas, c'est une pluie de confetti qui s'abattra sur nous alors que McGowan se fendra de sa traditionnelle valse avec la choriste. Le set se terminera avec "Fiesta", bordélique à souhait, devant un public pour qui l'air évoque tout sauf le générique d'une émission de Patrick Sébastien. 2ème tournée de confetti et pour terminer, McGowan et Spider Stacy se frapperont la tête avec un plateau, avant de s'en aller.

Après 2h de concert, tout le monde (Ecossais, Irlandais, Anglais, Français, Canadiens et sûrement bien d'autres nationalités) se pose les 2 mêmes questions : Combien de temps reste-t-il à ce pauvre Shane ? Quand est-ce que j'y retourne ?


Intemporel ! ! !   20/20
par Francislalanne


  Setlist:

Transmetropolitan
If I Should Fall From Grace With God
Broad Majestic Shannon
Turkish Song Of The Dead
A Pair Of Brown Eyes
Dark Streets Of London
Tuesday Morning
Summer In Siam
Medley
Repeal Of The Licensing Laws
Thousands Are Sailing
Sunnyside Of The Street
Body Of An American
Rainy Night In Soho
Boat Train
Dirty Old Town
Bottle Of Smoke
Sickbed Of Cuchulainn

Streams Of Whiskey
Poor Paddy
Saly McLennane

Star Of The County Down
Fairytale Of New York
Fiesta


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