Electrelane

St Malo [Route Du Rock] - vendredi 17 août 2007

Elles ont pris du galon les petites filles d'Electrelane depuis leur passage à Rock en Seine en 2004, année de leur découverte en France.
Fières, déterminées, fascinantes, elles savent employer des trésors de séduction pour conquérir un public, et pas forcément ceux qu'on attend : pirouettes électriques, saturations à tous les étages, répétitions de riffs jusqu'à hypnose complète, martèlement musical à la batterie ou au clavier, ambiance envoûtante, le tout pour un déluge sonore et instrumental à donner le tournis.
Pourtant bien campées sur leur position, les quatre têtes brûlées font vriller les esprits et font décoller tout une scène avec un son qui décolle vite, tourbillonne parfois et vire vite au psychédélisme noisy, avec une certaine teinte de krautrock. Impossible de décrocher tant on est sous le charme. Ce sont pourtant les mêmes accords qui montent, qui montent crescendo, qui s'accélèrent, mais le pouvoir d'attraction est aussi infaillible qu'un aimant.
Par-dessus ces nappes hypnotiques, se dresse le chant éthéré, qui évoque tant celui de la divine Laetitia Sadier. Et c'est vrai que Electrelane se positionne en digne réincarnation des débuts de Stereolab, avec ses boucles de guitares et ses claviers cheap, mais jamais envahissants, voire même en apparition fantomatique des Shop Assistants ou des Fizzbombs. Avec elles, c'est toute une idée du rock, et de la féminité surtout, qui se redéfinit, autour d'un concept revival shoegaze-noise-pysché-indie-no-wave. Alors qu'on a toujours connu les femmes dans le monde rock dans des rôles caricaturaux de grandes gueules (Janis Joplin, Joan Bez), de filles délurées (Poly Styrene, Debbie Harrie), de divinités païennes (Elisabeth Frazer), les filles d'Electrelane redonnent une image plus authentique de la femme : une simple passionnée de musique, sans que cela ne travestisse sa personnalité.
Des nanas qui balancent sévère, ça en jette pas mal, et derrière leurs airs de sainte nitouche, elles n'en sont pas moins adeptes des éclairs furibonds les plus fous. Elles transformeront alors à elles seules tout le spectacle en déflagration supersonique et tapageur. Nul doute que beaucoup sont tombés amoureux instantanément.
Grâce à elles, la Route du Rock confirme sa réputation de "plus grand des petits festivals" et sort là, en fin d'après-midi, une prestation qui époustoufla son monde, excellent prélude à la tornade Sonic Youth à suivre. A la fin du set, on en redemandait encore et encore, tant on ne pourrait jamais se lasser.


Parfait   17/20
par Vic


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