L'esthétique "verdâtre" de Jeunet date de Delicatessen. Elle n'a pas été reprise avant parce qu'elle n'avait pas le même succès.

AP n'est peut être pas poétique au sens pur, ça touche peut être plus au domaine du rêve, effectivement.

Et sinon, "L'Aurore" ou "Metropolis", ce sont des films de pimbêches, mais c'est vraiment super cool quand même. Dommage d'ailleurs que cette esthétique N&B et muette ne revienne pas à la mode, on pourrait enfin dormir dans les salles de cinéma...

Pour Jacky, ça serait plutôt "Tata Yoyo : de Morrissey à Bilal"

Francis, cet après-midi tu donnes tout son sens à l´expression l´état de grâce

Oh putain...

T'es indé quand tu dis ça et tu t'en rends même pas compte.

Je pense que pas mal d'entre vous confondent distance critique et cynisme.
Amélie Poulain est un film idéaliste et populiste mais je n'y vois aucune dangerosité, bien au contraire : il encourage à mettre l'imagination au centre de notre quotidien. Ses personnages sont soit caricaturaux soit en complet décalage (à l'image de la manière dont est représentée la ville de Paris dans le film...), mais dès le départ Jeunet nous fait bien comprendre que l'on est dans une fable... Et je ne pourrais pas qualifier de film démago, bien que Jeunet a cherche à toucher un large public. Ou alors c'est une démagogie vertueuse (si on peut associer ces termes sans faire hurler), car ce que ce film prône c'est l'émancipation et la fantaisie.

Amélie Poulain est un "film-univers", une fable simple sur l'amour et l'art, ou l'art de l'amour, qui manipule le spectateur mais s'arrête bien vite avant de tomber dans une morale dangereuse, comme le font les films de Disney.
Le mec de Libération argumente bien mais voie totalement midi à sa porte et m'énerve profondément. Ce film là de Jeunet fait le pari de faire le grand écart entre cinéma expérimental et cinéma populaire, pour montrer que les deux ne s'opposent pas. C'est une démarche anti-ellitiste. Rejeter ces deux aspects en bloc c'est être peut-être plus ellitiste qu'ellitiste. Tout ça sent l'aigreur et le rejet d'une forme de fantaisie "accessible" et très fouillée en matière de travail technique et de recherche d'originalité, de nouveauté.

La conclusion que tu fais Jekyll me semble hâtive et désagréable. J'adore les deux films de Jeunet et Caro, beaucoup moins "Amélie Poulain", et ce n'est pas pour autant que je suis un indé-intégriste-élitiste-qui-veut-se-démarque
r-à-tout-prix (il aurait fait peu d'entrées en salles, ça aurait été pareil). J'aime la poésie qui naît de l'univers enfantin et vieille France et Jeunet percuté par les atmosphères glauques de Caro. Le côté paradoxal me fait bien plus frissoner qu'Amélie Poulain, même si j'y reconnais objectivement ses qualités... Delicatessen et La Cité des Enfants Perdus me semblent bien plus ambigus et donc fascinants. Amélie Poulain ressemble beaucoup à Delicatessen et c'est ce qui me plait : les trouvailles visuelles fusent dans tous les sens, mais sa portée est plus limitée, plus simple... Et puis j'ai souvent été attiré par le glauque

Autre chose :
Dire qu'on méprise la misère parce qu'on a décidé de ne pas en parler relève d'une connerie pure et simple. Ca me rapelle Jésus repris par Staline : "Tout ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi"

Sans commentaire

C'est bien toute la différence entre toi et ceux que je vise, c'est que tu as un discours tempéré et pas réducteur.

MrNovember :
>J'avais juste envie de dire que les hommes sont souvent
>irrespectueux quant aux goûts culturels/artistiques des
>femmes. Quand une femme apprécie une oeuvre dont la
>thématique est jugée "féminine" (un film sur la maternité, un
>livre à l'eau de rose, etc), elle est souvent critiquée pour ses
>goûts "bas de gamme". Ce qui induit un problème plus profond
>les thématiques dites "féminines" et notamment le
>sentimentalisme sont considérés comme des sujets bas, ne
>relevant rarement de l'art et ne bénéficiant presque jamais
>d'une estime intellectuelle.

A mon humble avis tu te trompes... le schisme que tu évoques ici ne relève pas de différenciations sexuelles mais bel et bien de différences culturelles, ou plutôt de différences de "foi" que chacun place ou non dans la culture "légitime" ou dite "d'élite" (un film de Godard ou Rohmer étant jugé implicitement par tous comme plus "légitime" - et donc moins "honteux" - qu'un film de Besson ou qu'une comédie genre "Les gendarmes" ou "Camping", de même que Joyce ou Proust seront plus "légitimes" qu'un roman Harlequin - tout ce mécanisme étant implicite car non perçu directement par les individus, y compris des gens très cultivés qui rejettent avec violence - et à tort - le moindre déterminisme social).

Pour te donner 2 exemples féminins quasi ideal-typiques : ma femme adore les films et romans à l'eau de rose : musicienne élevée par des parents d'origine relativement modeste, elle a obtenu difficilement le Bac et connaît bien mieux la musique classique que la "Grande littérature" aristocratique, ce qui est logique au vu de son "habitus" et de sa formation.

Exemple inverse chez mon ex : bourgeoise élevée dans un milieu cultivé, elle terminait son CAPES de lettres modernes quand je l'ai connu. Avec elle, il n'y avait pas photo : jamais je ne l'ai vu lire des romans roses ou cucul la praline, elle ne prisait que Racine, Barthes, Perec et co, idem pour les films : pratiquement que des "Arts et essai", à part quelques comédies, elle rejetait la plupart des films dit "commerciaux"... Et je pourrais citer bien d'autres exemples...

Si si, je maintiens ce que j'ai dit.
Quand tu vois qu'à la fin du 18ème siècle et même au 19ème, le roman "sentimental" était un genre littéraire bas et réservé à un public principalement féminin et que par la suite, c'est devenu un genre noble grâce au Romantisme, tu comprends que les thématiques féminines sont souvent jugées peu "élevées" en général.
Bien sûr, je n'irai jusqu'à dire que les romans harlequin sont de la grande littérature. Mais prenons juste l'exemple d'une nana comme Jane Austen. Elle n'était pas beaucoup estimée par ses contemporains. Elle faisait du roman sentimental. Mais de nos jours, qui dira que c'est de la sous-littérature?
Il en est peut-être de même aujourd'hui. Des femmes artistes sont peut-être mal entendues car victimes du machisme des hommes!!!

Je suis un peu hors sujet mais tant pis.
@Jekyll :

Je disais tout à l'heure :
"A mon sens Jeunet a pondu deux chef d'oeuvre parce qu'il bossait en compagnie d'un artiste génial : Marc Caro...
Leur association a donné "Delicatessen" et "La Cité des enfants perdus"... Quand Jeunet est parti faire des films seul c'est devenu nettement plus terne..."


Un peu plus loin tu écris...
"Je ne pense pas faire de trop gros raccourcis en prétendant qu'il est de bon ton pour certains d'aimer les films à petite audience de Jeunet et de détruire ceux qui en ont eu une plus grande, pour revendiquer son statut de mec plus indé que moi tu meurs..."

Je me suis senti inclus à la va-vite dans la catégorie que tu décris et ça m'a fait réagir...

Le problème de ces débats c'est qu'on se met vite à parler d'être indé ou pas et blablabla alors qu'en fait un "indé" quand je lis certains post, je vois juste que c'est un intellectuel qui souhaite revenir à la simplicité à travers le rock ou l'art plus généralement. Mais sans y parvenir. Alors il devient aigri et s'en prend à Amélie qui n'a rien demandé.

Je vois pas vraiment où tu veux en en venir avec ton histoire de recherche de simplicité, etc., mais je me méfie des arguments de type "les aigris cherchent à se distinguer à tout prix" ça me semble être une manière quelque peu facile et malhonnête d'éluder le problème.

Résumer toute critique négative à de l'aigreur c'est un peu comme quand Sefyu dit que les gens "qui parlent mal sur [lui]" sont "juste des gouaires rageux moches et jaloux".

Quant à l'équivalence indé = intellectuel je ne suis pas convaincu de sa pertinence non plus.

"Quant à l'équivalence indé = intellectuel je ne suis pas convaincu de sa pertinence non plus."

+1


SUPERCOINCOIN
Posté le 03 décembre 2008 à 15 h 07m 25s

L'elitisme, ça se cutlive !
commence, par t'entrainer à être méprisante, et à rester sérieuse, quand, dans le métro, à la sortie d'un concert au zénith de MBV "foutage de gueule", tu arrives à dire de façon convaincante :" c'était du pur génie, il n'y a qu'eux pour faire ça" en parlant de 15 longues et douloureuses minutes de bourdonnement monotone


J'espère ne jamais en arriver à ce stade-là

Certaines personnes se reconnaitront peut être dans ce que je dis, et je ne fais en aucun cas une généralité Ismael. Et je parlais en m'appuyant sur Amélie Poulain qui me semble particulièrement inattaquable au niveau de sa morale (toute humaine et simple).

Après quand je dis "les indés sont en recherche de simplicité mais n'y arrivent pas" ça vient de l'attitude que je vois souvent qui consiste à chier un peu sur tout ce qui est populaire tout en chiant sur tout ce qui est intello. Du coup on se retrouve un peu à l'étroit. Du coup on finit par chier sur tout.
Constructif

Ah d'accord j'avais pas du tout compris alors.
Je suis d'accord en fait

Est-ce que juste on a le droit de trouver l'esthétique d'Amélie Poulain hideuse ?
ça ressemble vraiment trop à une pub pour un yaourt à l'ancienne.

Après les gens aiment ce qu'ils veulent, peu me chaut, si j'ose dire.