Gojira

Strasbourg [Arte Studio] - jeudi 09 juin 2016

Gojira en Live au Petit Journal puis dans les studios d'Arte, on l'a compris, la sortie de Magma est en train de forcer les dernières portes médiatiques encore fermées au groupe. Ces initiatives audiovisuelles sont bien sûr louables mais l'on peut tout de même déplorer qu'en France, ils faillent attendre qu'un groupe tourne depuis plus de dix ans dans le monde entier et soit en première partie de Metallica pour qu'on commence à s'intéresser à lui dans les médias de masse. Bref, je ne ferai pas un procès culturel, tout le monde a bien compris depuis longtemps que la merde qu'on nous inflige systématiquement n'entretient aucun rapport avec une quelconque qualité musicale et encore moins avec les chiffres de vente.
Concert télévisé oblige, Gojira propose une setlist visant à l'équilibre entre chacun de ses albums, l'accent étant tout de même mis sur les quatre derniers : Magma bien sûr (trois titres), L'enfant sauvage (deux titres), The Way of all Flesh (deux titres) et From Mars to Sirius (quatre titres). Concernant Terra Incognita et The Link, on se la met derrière l'oreille pour plus tard puisqu'on doit se contenter de l'interlude "Terra Inc.", du brutal "Wisdom Comes" et du final de "Remembrace". Pas de "Love", dommage...
Tout d'abord les bons points : images superbes en noir et blanc, les zooms sur les musiciens sont magnifiques et même si je regrette l'absence de davantage de plans larges ou de focus sur les mains des musiciens, je reconnais que le montage est excellent, dynamique, mettant parfaitement en valeur toute la puissance scénique de Gojira. Ensuite, pour ces derniers, on appréciera la variété des choix de compositions sans pour autant perdre de vue que c'est un concert de Métal : pas de concessions particulières pour s'attirer les faveurs d'un plus large public. Et bien sûr, l'impressionnante qualité de jeu de chaque musicien. On a peut-être tendance à l'oublier trop souvent mais Christian Andreu est hallucinant de précision rythmique, quant à Jean-Michel Labadie, si les morceaux ne lui laissent que peu de place pour s'exprimer, il est le moteur scénique du groupe tant il dégage d'énergie et de plaisir. La prestation de Mario est également parfaite, comme d'habitude ai-je envie d'ajouter mais, si on ne s'en rend pas forcément compte en studio, son aisance est flagrante en concert. Il botte des culs.
Cela dit, en dépit de ces qualités que nous connaissons tous, il y a des trucs qui me chiffonnent. Tout d'abord l'impression que les nouveaux titres ne passent pas très bien sur scène. "Silvera" ça va encore car on est sur des gros riffs mais "Stranded", avec son refrain mélodique, il fait un peu tache... J'ai peur de ce que pourraient donner "Magma" ou "Low Lands". Mais passons, j'imagine qu'il faut encore roder tout ça bien que le comparatif avec un "The Art of Dying" fasse mal.
En fait, le vrai et seul truc qui me chagrine, c'est d'avoir l'impression que Joe Duplantier n'arrive pas à tenir ses lignes vocales, notamment celles des trois derniers disques, de plus en plus haut perchés dans le hurlé mais également mélodiquement riches. Du coup, il est systématiquement en train de les adapter, mettant du growl là où il n'y en a pas ou descendant le tout de quelques octaves, ce qui a tendance à dénaturer l'esprit du titre. Parfois c'est très bien vu, sur "The Art of Dying" encore une fois, mais le plus souvent ça fait mal car, sur album, la voix influe énormément sur l'intensité des titres. Alors que sur scène, l'énergie mise se fait au détriment de la rigueur. J'entends par là que la gorge est serrée, cela manque de coffre, ce qui explique en partie ces ajustements plus subis que voulus.
Je vous entends déjà me mettre dans les dents "on voudrait t'y voir tiens, c'est normal qu'il n'arrive pas à chanter de la même façon sur scène qu'en studio, c'est le cas pour tout le monde, blablabla". Je sais que les conditions ne sont pas les mêmes mais il existe plein de chanteur, quel que soit le style de Métal pratiqué, du Brutal Death au Heavy, qui retranscrivent leurs lignes vocales à la perfection. Alors peut-être que c'était un jour sans, cela arrive. Peut-être aussi qu'un chanteur à part entière serait une solution, aussi con que cette idée puisse sembler : j'ai toujours voulu voir le chanteur d'Empalot dans Gojira, c'est aussi simple que cela, même si ça n'arrivera jamais. Gojira est énorme, avec peu de choses il pourrait devenir monstrueux.
Allez, une fois n'est pas coutume, je vais remercier la télévision d'avoir organisé et diffusé ce concert. À quand une vraie chaîne musicale en France ?


Bon   15/20
par Arno Vice


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