Jay Jay Johanson

Paris [Maison De La Radio (Session FIP)] - jeudi 01 octobre 2015

Jay Jay Johanson
La Maison de la Radio. Rien que depuis l'extérieur, ça en jette, comme un grand stade clos, impénétrable. Tellement grand, ce machin rond, qu'il est facile de se gourer d'entrée et de faire la queue pour le mauvais concert. C'est ainsi qu'au péril de sa vie, votre estimé serviteur a manqué de se retrouver aux derniers rangs d'un concert exclusif de Francis Cabrel. Une fois le malentendu dissipé, voilà qu'on m'entraine dans les entrailles labyrinthiques du bâtiment, qui partage avec le TARDIS la perplexité de celui qui en parcours les couloirs et qui pense à voix haute "It's bigger on the inside !" On me mène donc dans l'antre de la radio FIP, qui se fait l'hôte ce soir d'un Suédois francophile aux cheveux de blé : Jay-Jay Johanson. Pour ceux qui auront grandi avec des émissions à la Nulle Part Ailleurs, avec un studio transparent et le public derrière dans les gradins, rentrer dans cette salle pourra procurer un intense effet madeleine de Proust. Alors voilà, on s'installe dans les gradins, baignés d'un doux éclairage mauve, on se délecte d'assister en live et de visu à ce qu'on s'imaginait en ne disposant que du son des émissions radio d'alors.

Sur ces entrefaites, Jay-Jay arrive, accompagné de ses trois musiciens – un pianiste claviériste, un batteur et un sampler-man qui trifouille dans l'ombre. Lui-même a une drôle d'allure dans son ample chemise kaki aux manches retroussées, dans laquelle il flotte comme un arbuste enroulé d'une bâche ('scusez, c'est le scout qui parle). Éternel androgyne, le chanteur svelte s'accroche à son pied de micro, avec une allure rappelant moins le crooner que la diva – sans les manières bien sûr, et la sobriété et l'humilité en plus. Une sobriété qu'on retrouve dans tout ce set du Jay², ne serait-e que par le petit nombre de musiciens. L'habillage des morceaux est toujours simple, réduit à l'essentiel pour mieux en souligner la structure nue.

Du moins dans l'idée... car s'il est vrai que le piano et la voix complimentent parfaitement la plainte plombée de "Dilemma" qui se déroule au rythme de la célèbre suite d'accords de "Hit the Road Jack" ou encore la poignante "On the Other Side" qui clos le set en nous laissant les joues humides ; en revanche dans les conditions présentes l'apport de la batterie a pu s'avérer trop bruyant. Le jeune frenchy qui battait la mesure ce soir frappait parfois trop puissamment, éclipsant ce qui devrait être le centre de l'attention : l'organe du sieur Johanson, qui n'est du genre à crier pour se faire entendre. Là encore, une partie de la playlist fonctionnait avec cette frappe, comme le puissant "Moonshine", tandis que d'autres en pâtissent, comme la délicate "She Doesn't Live Here Anymore" qui n'en demandait pas tant.

Mais ne prêtez pas trop attention à mes remarques de fan tatillon, la prestation du Jay-double était touchante, impeccable, propre. Presque trop propre, au fond ; on aurait pu souhaiter un peu plus de folie, d'imprévus, de débordements... Mais là encore, le lieu n'y prêtait pas vraiment, extrêmement classieux, invitant à un spectacle taillé sur mesure. Et c'est ce qu'on aura eu au cours de cette belle soirée : de l'émotion tranquille et une classe d'un autre monde. Et comme dirait l'artiste, sur un couplet de "NDE" : "Was it real, or an endless lucid dreaming ?"


Bon   15/20
par X_Wazoo


  Setlist :

I Love Him So
It Hurts Me So
Dilemma
She Doesn't Live Here Anymore
I Don't Know Much About Love
I Miss You Most Of All
Tomorrow
NDE
Believe In Us
Far Away
Moonshine
On The Other Side

Photo prise par Christophe Abramowitz

Cette FIP Session est disponible jusqu'au 30/09/16 :
http://www.fipradio.fr/emissions/live-fip/2015/liv ... 2015-20-00


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