Sébastien Tellier

Saint-lô [Normandy] - vendredi 22 décembre 2006

A l'heure ou une énième finale de la Star Academy rassasie l'appétit culturel des français, il y a ce concert de Sébastien Tellier au Normandy, chouette salle à la programmation pertinente. Une occasion à ne pas rater pour les amateurs de ce trublion parisien pour le moins insaisissable. Le public est venu en nombre suffisant, on était loin de la cohue quand même.

Le temps de boire un gobelet d'eau coupé à la bière, et voici les normands de Porcelain qui prennent possession de la scène. D'après quelques échos, on était censé tenir là un groupe pop-rock aérien influencé par Radiohead et Sigur Ros, ou encore Air. Effectivement, les accents post-rock de leur musique, mêlés à une dynamique assez pop, rappellent les références citées. Basse saturée qui pourrait combler une absence de sa cousine à 6 cordes, guitare aux effets célestes, jeu de batterie subtil (pas qu'avec des baguettes), on sent que les quatre membres maîtrisent leur sujet sans plagiat scandaleux. Certains passages, lourds et hypnotiques, me feront même penser aux formations métal de la nébuleuse Isis, tandis que le chanteur, dans sa manière de poser son chant, rappelle inévitablement Thom Yorke. Ceci dit, pour une découverte, je n'ai pas été renversé par la prestation du quatuor, à l'exception d'un titre dont le riff et les vocaux, répétitifs mais d'une mélancolie lancinante, m'auront arraché quelques frissons. C'est déjà ça.

L'attente du parigot à la dégaine de hippie se fait tranquillement, une autre bière fadasse à la main, et quand les lumières s'éteignent, on croit halluciner. Tellier arrive, l'air flegmatique, une cigarette dans le nez ! On se dit que ça va bien se passer, l'énergumène doit être le plus gros déconneur de la planète ! En tout cas, son immense sens de l'humour est aussi imprévisible que ses chansons ! On se délecte à l'avance de chacune de ses interventions, apprenant au passage que 'Le blues, c'est Johnny Cash, c'est Johnny Hallyday', que Muriel Robin ainsi que Kad et Olivier l'ont beaucoup aidé pour le spectacle, ou qu'il compose des chansons depuis l'âge de 3 ans et demi, c'est à dire 6 mois avant de rentrer aux Beaux-Arts. Voilà, le gaillard ne se prend pas au sérieux une seule seconde, et chambre sans arrêt ses trois musiciens au look ultra-classique mais extrêmement professionnels. Ca joue bien, avec conviction, la relecture du répertoire farfelu de l'artiste est un vrai bonheur. Un plaisir tour à tour ensoleillé ("League Chicanos"), intimiste, rock'n'roll. "La Ritournelle", le tube imparable attendu par tous, est interprété avec brio lors de la seconde moitié du concert. Tellier brille par ce côté je-m'en-foutiste à la hauteur de son talent, faisant mine de saborder le show, alors qu'au contraire, il le rend si vivant, hors des normes. Dans un monde musical souvent maniéré, ça fait office de bouffée d'air frais.

Je regretterai ceci dit l'ambiance inégale du concert. Le public bavarde, et fort, entre les morceaux, chose particulièrement insupportable, surtout lorsque quatre bourrins à votre gauche beuglent assez pour pouvoir gêner l'écoute du concert. Tout le monde ne semble d'ailleurs pas très attentif en cette fin décembre, chose d'autant plus vraie à la fin du show, qui sera certes applaudi, mais sans enthousiasme général. Il n'empêche que Sébastien Tellier et ses acolytes restent incontournables sur scène, un cran au dessus d'un finaliste de la Star Ac'...


Sympa   14/20
par Head


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