Jeanfoutre
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 Age :  21 ans 
 Résidant à :  Paris 
 Inscrit depuis : le mardi 24 mars 2009 


Parce que le rock'nroll est un cliché :

La veille avait été une soirée épique. Il se voyait encore tournoyer frénétiquement et batte le sol de ses boots entouré de ces minettes à frange. Ces corps qui ondulaient autour de lui, l'odeur de sueur de cigarette et le coup de son sang contre ses tempes, comme en rythme, lui donnaient une étrange impression de vie. Il avait un peu bu –un peu trop- mais il devait se lever pour aller en cours le lendemain. Le claquement sec de la caisse claire de cette chanson de Primal Scream lui animait l'échine d'une fureur licencieuse. Il y en avait une qui le dévisageait sous une impétueuse mèche. Elle avait ce look caricatural de rockabilly queen, tout de danger et de délicieuses extravagances. Putain, il lui fallait ce soir. Ça en devenait obsessif. Il eut une seconde un peu inquiète. Et si elle te dit non ? C'est con, dernièrement tu ne peux pas considérer qu'une soirée soit bonne si tu rentres seul chez toi !
Peu après, il titubait le long de cet alignement de voitures comme au trépas. Les rues étaient silencieuses sauf pour le bruit lointain d'une sirène que sa musique ne parvint pas à camoufler. Probablement encore un coma éthylique. Il écoutait "Romeo had Juliet" de Lou Reed. C'était un peu ironique, et le fit sourire, puisqu'il était seul, bien sûr. Ça ne marche pas à tous les coups. Il avait réussi à l'embrasser, mais elle avait refusé de le suivre chez lui. C'était con, il y avait pourtant quelque chose de romantique dans ce baiser, sous les fenêtres de cet improbable appartement à côté de la rue des boulets, dans la promiscuité d'un petit hall un peu crasseux, aux murs serpentés de fissures dues à l'humidité. Il y faisait noir comme dans un four, et le reflet des lumières municipales au bout de l'étroite impasse dans laquelle se trouvait l'immeuble se reflétaient à l'infini dans les deux larges glaces qui bordaient la pièce. Il l'avait trainé là "pour parler." Le volume excessif de la musique et cette étrange conversation sur la bisexualité des rock stars avaient suffit à rendre la proposition plausible. Après il ne savait plus trop comment, mais elle s'était retrouvée dans ses bras. Il avait lancé sa cigarette avec une nonchalance sur jouée par la porte encore entr'ouverte qui menait à la cour, et s'était lancé vers elle le cœur battant. En y repensant c'était assez ridicule, mais il avait su deviner, au goût de whisky qu'avaient ses baisers, qu'elle était au moins aussi ivre que lui, et ne faisait plus attention à ces détails. Il marchait, donc, et était encore loin de son lit.




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